Fast 'N'Bulbous - Waxed Oop

Sorti le: 03/04/2009

Par Mathieu Carré

Label: Cuneiform Records / Orkhestra

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L’album hommage de reprises d’un artiste apprécié reste un exercice de haute-voltige, qu’il soit objectivement réussi ou non importe peu, il y aura toujours des gardiens du temple auto proclamés pour hurler au scandale et à la trahison suprême. Les courageux qui s’attaquent à de tels défis se doivent donc de privilégier le fond plutôt que la forme, d’aimer sincèrement la musique de leur idole et de n’avoir pas peur de décevoir quelques passionnés. Et quand ces mêmes téméraires, le guitariste Gary Lucas et le saxophoniste Philip Johnston se sont retrouvés face à face avec le véritable animal musical qu’est Don Van Vliet alias Captain Beefheart, sans doute ont-il eu aussi quelques interrogations sur la façon d’aborder une œuvre aussi importante.

Les horizons différents d’où viennent les six musiciens (guitare / basse / batterie et saxophones / trombone) officiant sur Waxed Oop sont finalement bien à l’image du Capitaine Cœur-de-Bœuf, personnage atypique adulé aussi bien par les amateurs de rock que de musique savante qui s’intéressait, a priori, peu au genre de musique qu’il pouvait exercer. L’intention première prime avant tout. Toute la sophistication des arrangements et les improvisations ne peuvent dissimuler un langage, somme toute assez primitif, exubérant et adolescent. Des riffs en plomb (« Drop Out Boogie ») ou un solo de guitare énervé digne de Jimi Hendrix (« You Know You’re a Man »), et même parfois un son bien gras tirant vers le punk (« Click Clack / Ice Cream for Crow ») font de cet album un hymne au plaisir immédiat.

Et les saxophones se glissent avec une étonnante facilité dans ce foutoir magique. Parfois un morceau rappelle avec un calme étrange l’étendue du talent de Don Von Vliet (« Well » qui évoque par ses superpositions le Delta Saxophone Quartet, ou « Blabber ‘n’Smoke », mais sans troubler en rien la surprenante homogénéité de l’ensemble qui fait de Waxed Oop un album aussi bien appréciable par Philippe Manœuvre que par les auditeurs plus habitués à de vertigineuses élucubrations. L’hommage est donc plus que réussi, Captain Beefheart entretient son mythe et sa musique inclassable reste plus que jamais vivante.