Spaced Out - Evolution

Sorti le: 31/03/2009

Par Christophe Manhès

Label: Unicorn Digital

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On se demande parfois ce que certains recherchent dans la musique. De la folie technoïde abreuvée de plans complexes ou, plus humblement, du vertige lyrique ? Du simple divertissement ou un peu de cette finesse qui fait du langage musical une passerelle fascinante vers l’inconnu ? S’il en faut probablement pour tous les goûts, le trio canadien de Spaced Out, lui, semble ne pas se poser la moindre question. Son dernier rejeton discographique nous amène sans la moindre hésitation vers ce qui ressemble plus à un manifeste du riff-fusion échevelé lorgnant vers les plans vaniteux de Planet X ou CAB, que vers l’énergique sensualité du jazz-rock édifiée par de grands précurseurs comme Soft Machine, Return to Forever ou Nucleus.

Si avec cette mitraille les Spaced Out semblent prendre leur pied, c’est malheureusement sans nous. Autrement dit, chez ces Québécois, le feeling, c’est un peu comme le soleil en Bretagne, on en trouve mais seulement trois fois par jour ! De quoi se plaint-on diront certains ?! Et bien du fait que la musique mérite certainement mieux. Mieux que ces plans effrénés et froids, que ces compositions si cadrées et homogènes, que rien de subtil n’en ressort. Même si la bande à Martin Maheux est ici bien à son affaire, virtuose et très en place et que beaucoup ne pourront s’empêcher de louer cette musique de cracks, il reste difficile d’accorder à Evolution la moindre noblesse et une capacité minimum à émouvoir. D’ailleurs, l’affreuse pochette de l’album est suffisamment explicite. En la regardant, on a moins de mal à imaginer celle d’un énième clone de metal progressif que celle d’un groupe de jazz.

Pour résumer, jazz-rock, modernité et feeling ne sont pas incompatibles. Pour s’en convaincre il suffit d’écouter l’incroyable Zaebos: Book of Angels Vol.11 de Medeski, Martin & Wood, véritable tuerie sauvage et lumineuse. Quant à Evolution, il dément ce qu’il annonce crânement en s’engouffrant dans une impasse. Même s’il trouvera toujours preneur, en ce qui nous concerne, on aura plutôt envie de le décrire comme une involution et un contre-exemple.