Yves Robert - Inspirine

Sorti le: 30/03/2009

Par Mathieu Carré

Label: Chief Inspector

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Le tromboniste Yves Robert remet sur le métier l’ouvrage qu’il a entamé chez ECM il y a quelques années, avec à ses côtés déjà Cyril Atef (batterie) et Vincent Courtois (violoncelle). Mais si In touch (48’ de Tendresse), disque inclassable et sensuel s’offrait souvent au bout de la nuit, inutile d’attendre si longtemps pour profiter du singulier cachet d’Inspirine. Joyeux et intrépide, Cyril Atef emporte son ainé dans ses lubies. Il faut dire que le personnage fascine, il est de ces hommes-rythmes qui donnent l’impression d’être toujours en mouvement, de transpirer la musique, même loin de leur instrument. Invité à un apéritif, on l’imagine confectionner des maracas avec des coquilles de pistaches et frapper avec vigueur avec un gressin son verre à cocktail dès que la température commence à monter. Tirant toujours vers une sorte de dérision, cachant son talent inouï derrière ses déguisements au gré de ses collaborations et projets (M, Bumcello et plus récemment CongoPunq), il joue ici à armes égales avec Yves Robert, l’oblige à se muer en fanfare azimutée, à le suivre quand il commence à hausser le rythme (« Bien dans sa peau »). La musique du trio (où Vincent Courtois opère en alternance avec le contrebassiste Bruno Chevillon), plus instinctive, souvent basée sur une pulsation et quelques motifs mémorisables se rapproche ainsi de celle de Bumcello, (« Between the Bill and You ») accessible mais ambitieuse. Et au-dessus du joyeux barnum des titres, Yves Robert plane, plus jeune que jamais, chaleureux, toujours improvisateur fougueux et libertaire aussi (« L’air très expiré »). La sonorité rugueuse et quasi érotique de son trombone fait merveille. On croirait entendre Albert Mangelsdorff qui se laisserait entrainer dans une ronde adolescente et géniale, pouvant verser aussi bien du côté violent (« Wadda U Want ») que tribal (« Ni Dieu ni applaudimètre »). De bout en bout maîtrisé et inclassable, Inspirine est une réussite de plus à mettre au crédit d’Yves Robert et de Chief Inspector, label toujours courageux parmi les courageux, merci messieurs.