Mick Pointer

20/02/2009

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Par Jérôme Walczak

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CONCERT : MICK POINTER & FRIENDS

  Artistes : Mick Pointer, Nick Barett (Pendragon), Mike Varty (Credo), Ian Salmon (Arena), Brian Cummings (Carpet crawlers)
Lieu : Paris, La Scène Bastille
Date : 10 février 2009
Photos : Serge Llorente (ProgPix)

Curiosité, certainement, frilosité, évidemment, tant les tribute bands commencent à lasser. Là en l’occurrence, la recette est toute autre : le fondateur de ce qui s’appela il y a bien longtemps Silmarillion à la batterie accompagné de grands compagnons qui rendent honneur à l’un des plus grands albums de progressif des années quatre-vingt. Il n’en fallait pas plus pour enchanter un public acquis et débordant de bonheur.

A quoi pouvait-on s’attendre en pénétrant à la Scène Bastille ? Une copie carbone d’un des meilleurs disques des années quatre-vingt ? Un spectacle pathétique de vieilles rombières qui n’en finissent pas de ressasser un passé glorieux et à jamais oublié ? Mick Pointer, qu’on n’a guère vu depuis les débuts d’Arena, traîne une sale réputation : mauvais batteur, paraît-il. C’est souvent assené avec le petit air sec et contrit de la gent musicale forcément détentrice de la bonne et glorieuse parole. Ce soir-là, l’artiste est d’une incroyable discrétion, et quand bien même son jeu de baguettes est bien souvent saccadé, son style sied à ce disque au son très rocailleux. La formation live se veut authentique, coller à l’original, sans toutefois verser dans le pathos.

Et à la question : Brian Cumming peut-il imiter un artiste aussi inimitable que Fish ? Le chanteur fait rapidement comprendre qu’il ne fera qu’effleurer le mythe. Certes, la voix est incroyablement ressemblante, même dans les aigus un peu difficiles, le maquillage est également à l’honneur, et ce petit détail formel achève de nous transporter. Les titres archi-connus du public sont consciencieusement et respectueusement distillés, et la magie opère, sans que quiconque bronche. Les lamentations sur « Script for Jester’s Tears  », la folie douce sur « He Knows, You Know », le rire et la fête sur « Garden Party », où le public est au passage un brin timoré sur la reprise des refrains. Plus le spectacle se déroule, plus les musiciens offrent le meilleur d’eux-mêmes. Entendre Nick Barrett reprendre « Are You Following Me » sur « Market Square Heroe » représente ni plus ni moins que la plus belle réalisation d’un fantasme absolu.

A ce concert où se rencontrent près de trente ans de musique, d’albums écoutés et usés jusqu’à la corde, des relents adolescents s’emparent du public, qui chante, danse, frappe dans ses mains sur des airs entendus des milliers de fois et qu’il connaît par cœur. Quelques morceaux sortent évidemment du lot : « Grendel » et « Margaret ». Le premier, parce que cette œuvre longue n’a pas dû être jouée sur scène depuis bien des années. Immanquablement ridée car, comme on peut le suggérer, Genesis, à cette époque, était vraiment dans la pièce à côté, mais ce morceau est une des indéfectibles pierres de touche de la scène néo-progressive, et l’exhumer revient à recevoir un très beau cadeau offert par MickPointer à son public. « Margaret », pour sa puissance et ses refrains celtiques et dans lequel les improvisations font mouche (même la référence à « I Know What I Like » de Genesis).

Brian Cumming sait évidemment se mouvoir sur une scène : il bouge, chante, pleure parfois, et ajoute à ses mimiques une scénographie originale qui issue de 1984. On peut légitimement se demander à quoi sert ce genre de grand-messe, car aucune note n’est ajoutée, même les digressions semblent calquées sur l’original ! Entre concert pédagogique et mémoriel, cet événement a fait mouche, de par la musique proposée ici qui n’est finalement plus guère entendue que par une poignée de vieux briscards qui, de temps en temps, aiment se retrouver et parler du bon vieux temps, à l’âge où l’émerveillement est roi.

Jérôme Walczak

site web : ProgLaVie

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