Finnegans Wake - Blue

Sorti le: 05/02/2009

Par Jean-Philippe Haas

Label: AltrOck Productions

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Rappelons quelques faits :
Finnegans Wake est réputée pour être l’œuvre la plus absconse de James Joyce.
– Finnegans Wake, c’est également un groupe belge, installé… au Brésil.
– AltrOck n’est pas moins que le quatrième label en cinq albums de ce dernier.

C’est dans ce contexte particulièrement atypique qu’il faut replacer l’œuvre de cette formation menée par Henry Krutzen. On peut d’ores et déjà prédire sans prendre trop de risques que Blue ne s’adresse pas aux amateurs de lounge. On connaît les accointances entre le Rock in Opposition et la musique dite « contemporaine », Finnegans Wake semble être le trait d’union fort peu rectiligne entre ces deux mouvances… et d’autres. Beaucoup plus rythmé et moins soucieux de développer longuement des climats que ses pairs, cet album représente la frange « accessible » du genre si tant est qu’une telle catégorie puisse exister. Les deux premiers titres, « Honfleur la Jolie » et « Die Geste von Kreuzlingen » résument peut-être à eux seuls le contenu musical de ce disque : du rythme, des dissonances, des atmosphères tendues, quelques grosses guitares, du chant lyrique en allemand, des structures non euclidiennes, quelques bruitages électroniques, beaucoup de cordes et de vents, et d’inévitables poncifs, aussi.

En somme, toute la panoplie RIO au sens large de l’acronyme. Certaines mises en route sont laborieuses (« Magical Cave », « Vulnavia ») et on pourra reprocher à quelques titres de donner dans les clichés propres à ce style de musique (« Die Geste von Kreuzlingen », « The Battle of Novgorod »). Mais Blue reste varié, rythmé, et parfois insolemment groovy. Outre la multiplicité des influences, ce disque brasse également un grand nombre d’invités prestigieux; on retiendra la présence de quelques grandes figures du Rock in Opposition justement comme Reginald Trigaux, guitariste de Present ou le bassiste Guy Segers, ainsi que celle du batteur Morgan Ågren (Mats/Morgan, Kaipa).

Avec un peu de patience et de persévérance, tout amateur de musique un tant soit peu « savante », dans le sens noble et non-élitiste du terme, trouvera en cette nouvelle offrande de quoi le satisfaire, qu’il apprécie Satie, Univers Zéro ou simplement de promener son oreille hors des sentiers battus.