Edensong - The Fruit Fallen

Sorti le: 09/01/2009

Par Jean-Philippe Haas

Label: Autoproduction

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L’expérience prouve qu’il vaut mieux rester sur ses gardes lorsqu’un disque – a fortiori de rock progressif – est l’œuvre d’un seul homme. Bien souvent, de tels albums ont les défauts de leurs qualités : un désir de balayer une large palette de genres, de mettre en valeur de nombreuses références… au risque de se perdre en chemin et de faire dans le patchwork indigeste. Le guitariste James Byron Schoen est ainsi le cerveau unique d’Edensong dont la première œuvre s’intitule The Fruit Fallen. Pour interpréter sa musique, qui lorgne autant sur Renaissance que Jethro Tull et le Genesis des années soixante-dix, Schoen se fait accompagner par une formation électro-acoustique et une pléthore d’invités qui accomplissent leur tâche de façon fort… compétente. Et c’est là où le bât blesse. Si les compositions brassent quantités d’influences et sont jouées avec maestria, l’absence de cohérence, de personnalité, de ligne directrice, laisse souvent une fâcheuse impression d’inachevé, de collage maladroit : les huit titres défilent sans qu’un moment fort ne se distingue réellement. Quant à la voix de Schoen, dont le timbre « folk » rappelle Arjen Lucassen par moments, ses capacités restent par trop modestes pour déclencher l’enthousiasme. Il ne faut guère s’attendre à des envolées lyriques, pas plus qu’à des éructations rageuses, tout au plus à quelques énervements polis, voire même forcés. Bien sûr, tout cela est propre, varié, voire virtuose, mais on s’y ennuie ferme. The Fruit Fallen peut pourtant faire valoir une grande richesse instrumentale : on y trouve de la flûte en veux-tu en voilà, de la guitare acoustique, du piano et du violon, mais aussi ça et là de grosses guitares ou une batterie furieuse. Rien n’y fait : on ne s’émeut point, la mayonnaise reste désespérément collée au fond du bol. Dans l’ensemble, la démarche de James Byron Schoen peut être rapprochée de celle de Xavier Phideaux. Mais là où l’auteur du très réussi Doomsday Afternoon parvient à synthétiser, moderniser et personnaliser un héritage conséquent, celui de The Fruit Fallen, se laisse déborder par des influences qu’il peine à canaliser de façon convaincante. Davantage de simplicité et d’humilité seront nécessaires au prochain essai.