Opeth

12/12/2008

-

Par Djul

Photos:

Site du groupe :

CONCERT : OPETH + CYNIC

 

Artistes : Opeth + Cynic + The Ocean
Lieu : Paris, Elysée Montmartre
Date : 27 novembre 2008
Photos : V. Chassat

Difficile de trouver en cette année 2008 une affiche plus alléchante que celle de ce 27 novembre en matière de metal progressif. Chacun à leur manière, Opeth et Cynic démontrent que la finesse et la sophistication peuvent, contre toute attente, fort bien se mêler à des accès de rage pour le moins intenses. Confirmation sur scène lors de cette soirée anthologique.

Setlist Cynic: Nunc Fluens – Space for This – Evolutionary Sleeper – Adam’s Murmur – Veil of Maya – King of Those Who Know – Integral Birth

Setlist Opeth: Heir Apparent – Grand Conjuration – Godhead Lament – Lotus Eater – Hope Leaves – Deliverance – Demon of the Fall – Rappel : Drapery Falls

C’est dans un Elysée Montmartre complet pour l’occasion (fait désormais rarissime pour un concert metal) que nous arrivons… trop tard pour assister à la prestation de The Ocean, commencée très tôt. Dommage lorsque l’on connaît le buzz qui entoure le groupe depuis son album Precambrian. Le menu de choix de la soirée n’a donc démarré pour nous que par Cynic, plus proche du plat de résistance que du hors d’œuvre !

Disposant désormais d’une palette bien fournie de nouveaux titres, les Américains n’ont eu qu’à piocher l’introductif « Veil of Maya » de leur cultissime premier album Focus pour compléter un concert faisant la part belle au tout récent Traced in Air. La bonne surprise fut de pouvoir découvrir trois des quatre titres du disque jamais joués sur scène (le reste ayant été rôdé lors des tournées 2007 et 2008 de reformation du groupe). C’est ainsi que débute le concert, avec un « Nunc Fluens » tout en stridences et dissonances, avant qu’un premier riff désarticulé n’ouvre le bal. Le quatuor est toujours plus au point, à l’image de « Space for This », l’une des dernières compositions de Paul Masvidal, sur laquelle Sean Reinert fait feu de tout bois en casant des roulements de caisse claire à ne plus savoir qu’en faire.

Après quelques titres plus connus, Cynic recommence à délivrer du neuf avec le magnifique « King of Those Who Know », dont le chant féminin est samplé ; une véritable carte de visite passant par tous les états, des plus furieux aux plus atmosphériques et s’octroie sans conteste la palme du morceau le plus apprécié de l’auditoire. Malgré une balance qui trahissait l’introduction aux claviers de « How Could I », c’est sur « Integral Birth » et sa rythmique toujours aussi technique et déstabilisante que le groupe se retire. Que dire de plus que ce que nous avons ressassé depuis leur retour : Cynic est le passé, le présent et le futur du metal progressif !

Sevré de tout concert depuis deux ans, le public parisien d’Opeth se pressait déjà au stand de merchandising, où l’on trouvait de tout, y compris de quoi habiller un tout-petit en total look d’hiver… on n’arrête pas le marketing ! Malgré une relative économie de moyens (deux estrades surélevant la batterie et le clavier, un backdrop avec le fameux « O » stylisé du groupe), le charisme de chaque membre les remplace sans mal, alors qu’une introduction faite de sitars ouvre la voie à « Heir Apparent ». La rythmique martiale de ce dernier plonge immédiatement la salle dans une ambiance de feu, qui reviendra lors de l’épique final. Le groupe enchaîne sur « The Grand Conjuration », l’un des titres les plus faibles de l’avant-dernier album Ghost Reveries, et qui, parce qu’il est sorti en clip, ne risque pas de quitter les setlists de sitôt. A part pour admirer les effets stroboscopiques bleus au-dessus de la scène, on passera vite son chemin.

En parlant de setlist, notons la principale surprise du soir, à savoir « Godhead Lament », l’un des morceaux phares de Still Life et son solo cristallin. « Lotus Eater » s’enchaîne, avec ce mélange des contraires si particulier : vocaux claires/blast beats et voix death/mid tempo, sans compter cet intermède très groovy en plein cœur du morceau. Encore une réussite ! Plus généralement, quel plaisir de voir Mikael Akerfeldt si détendu sur scène, s’essayant à quelques notes d’humour, qui parodient parfois la réputation que certains lui prêtent, à savoir d’avoir une très haute opinion de lui-même ! Sur « Hope Leaves », moment de spleen nordique à son meilleur, il est en revanche à la hauteur d’une autre et plus flatteuse réputation, à savoir qu’il est un chanteur exceptionnel. « Deliverance » finira de mettre toute l’assistance d’accord, propulsé par la batterie implacable de Martin Axenrot et enluminé par les claviers stridents de Per Wiberg, qui headbangue probablement plus que tous les autres membres d’Opeth !

Nous n’y avions pas pensé, mais il est vrai que l’intitulé de « Drapery Falls » laissait augurer de sa présence en rappel. Lorsque le groupe joue l’un des meilleurs titres de ce qui constitue la pierre angulaire et le tournant de sa discographie (Blackwater Park pour ceux qui l’ignorent encore), il est inutile de vous dire que l’Elysée Montmartre tout entier affichait sa satisfaction (pas son sourire radieux : on parle de metal dépressif tout de même !), et ce malgré des choix nettement portés sur les morceaux les plus directs et brutaux du répertoire récent du groupe…et une heure trois quarts qui passe bien trop vite.

Djul

site web : http://www.opeth.com

retour au sommaire