The Musical Box

19/11/2008

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Par Jérôme Walczak

Photos:

Site du groupe :

CONCERT : THE MUSICAL BOX

 

Artiste : The Musical Box
Lieu : Paris, l’Olympia
Date : 3 novembre 2008
Photos : Fabrice Journo

Revoilà le grand barnum tant attendu ! Musical Box, c’est le Canada Dry du prog’ : ça a la couleur de Genesis, la voix de Phil Collins, mais ce n’est ni l’ambiance, ni le rêve, ni la folie, juste peut-être un peu de marketing talentueux et sans doute fort généreux, mais du marketing quand même. Petit compte-rendu politiquement incorrect…

Il est complexe de chroniquer ce concert clonesque. A quoi peut-on s’attendre lorsqu’on achète (cher au demeurant, soixante-six euros quand même) une place pour The Musical Box ? Pas à un effet de surprise, le set est une copie carbone de celui de Genesis trente ans plus tôt. A des prouesses techniques ? Que non ! Elles sont inutiles, tout le monde sait à quoi il va assister. The Musical Box, c’est Holiday on Ice, une machine titanesque parfaitement huilée, où même les couacs sont scénarisés. A de la nostalgie, alors ? Bingo ! C’est, ni plus ni moins, à notre émotion que s’adresse ce tribute band, à notre mémoire pour les plus anciens d’entre nous, et à nos regrets de ne pas avoir existé alors, pour les plus jeunes.

Une curieuse corde résonne entre chaque chanson. Nous n’applaudissons pas six artistes (il y avait deux Collins, l’un qui chante, l’autre qui fait boum boum) mais Genesis. Il n’y a strictement aucune ambiguïté, les voyages musicaux, nos saisissements esthétiques, nos rêveries sont orientés par des fantômes, des spectres, des créatures créées de toutes pièces qui, à l’image du monstre de Frankenstein, viennent nous assaillir en nous prenant à la gorge et en faisant défiler les images de notre jeunesse. Cet entrisme est presque indécent, tant la part intime qui est ici en jeu peut parfois être secouée.

Nous sortons de ce spectacle heureux, rassurés, on ne peut plus enthousiastes, mais cette joie n’est qu’une impression, elle est aussi factice que le concert auquel nous venons d’assister. Très vite, elle laisse la place au regret. Trop rapidement, une petite voix nous laisse sournoisement entendre que plus jamais ne nous sera octroyé le droit d’assister à une telle magie. Ces moments musicaux intenses, la plupart exploités à partir d’un album, A Trick of the Tail, qui n’est pas l’un des meilleurs de cette période bénie (il manque le petit souffle, la folie Gabriel, mais là n’est pas le propos) appartiennent au passé. Cependant, les voilà ressuscités. Dans quel but ? Finalement, tout cela va à l’encontre même des fondamentaux du prog : pas d’improvisation, pas d’élan, et, surtout pas d’images spontanées naissant dans nos esprits. Les seules visions sont celles d’instants passés, déjà vus. Curieux. Dérangeant.

Ce Phil Collins était plus vrai que nature (celui qui chantait) : il avait l’air balourd, sentait que le public l’attendait au tournant, lui qui, pour la première fois sur scène, remplaçait le grand Peter Gabriel. Il assume son personnage : il est un autre, pas de maquillage, de digressions, de costumes, une mise en scène squelettique (Ah si ! Il frappe dans ses mains, de temps en temps), Phil Collins ne sait pas encore qu’il va devenir une rock star encore plus connue du grand public que son prédécesseur. Là où Gabriel brillait, comme sur « Supper’s Ready » notamment, il s’en sort de façon fort satisfaisante, mettant sa petite touche (que les tee shirts étaient laids à cette époque !) mais il n’y a rien à faire, on pense à l’autre…

Voilà ce que The Musical Box a réussi à provoquer : de fausses réactions, de faux souvenirs. C’est une joyeuse falsification, fort réussie au demeurant… mais qui laisse un goût un tantinet amer.

Le spectacle fut à la hauteur du prix du billet. Sincèrement, ces musiciens dont on ne sait rien ont été grandioses, ils ont parfaitement réussi leur entourloupe. Il paraît que Peter Gabriel prépare un album en solo, il devrait s’appeler Car. Nous verrons si la rupture aura été digérée.

Jérôme Walczak

site web : http://www.themusicalbox.net/


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