Klotet - En Rak Höger

Sorti le: 29/10/2008

Par Jérôme Walczak

Label: Musea

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Un défi au rédacteur, ces Suédois de Klotet. Un peu comme Sigur Rόs, une maîtrise du « copier-coller » s’impose tant les titres en suédois sont peu compatibles avec nos petits automatismes manuels et notre cerveau embrumé. La question à ce sujet revient souvent à la charge : pourquoi diable pondre des titres si compliqués pour ce qui n’est que de la musique instrumentale ? C’est sans doute le mystère de la création… Voici donc un nouveau venu avec ce premier album sur la mystérieuse scène du… cherchons bien… Prog’ ? Jazz ? Expérimental ? Post-math-rock in opposition pin-pon ? Les étiquettes virevoltent : cela devrait plaire aux érudits, et passablement ennuyer les autres, ces dinosaures qui croient que le rock progressif, c’est encore Genesis et Marillion. Ainsi, les auditeurs familiers de King Crimson ou d’Ozric Tentacles devraient apprécier (car on n’aime pas cette musique, on l’apprécie, c’est plus chic). De ces prestigieuses influences, on reconnaît les changements de rythmes et une sonorité aujourd’hui trentenaire, tant les confrontations entre les mouvements de basses dégingandés et l’orgue Hammond fleurent bon le patchouli et d’autres substances plus illicites en trois lettres (qui commencent par un L et se termine par un D). C’est joli nonobstant. Anachronique, un peu foutraque mais facilité pour l’écoute, ce qui pour le style est déjà en soi une performance, un peu anxyogène également (la revue de presse dit « inquiétante », c’est pour laisser planer le doute). Parfois, ça se calme et ça s’ordonne, grâce à de petites incursions dynamiques à la guitare qui apportent même des soupçons, des ébauches, voire des embryons de mélodie. Il faut aimer le jazz et les moments un peu compliqués pour apprécier Klotet ; tout cela demeure bien homogène, relativement digeste, mais ce n’est pas non plus à se taper le derrière au sol. Il y en a qui aiment, alors qu’ils n’hésitent pas, il ne faut pas se priver de plaisirs faciles de nos jours.