Stéphane Desbiens – Stéphane Desbiens

ENTRETIEN : STÉPHANE DESBIENS

  Origine : Québec
Style : rock progressif
Formé en : 2006
Composition :
Stéphane Desbiens – voix, guitares, claviers
Mathieu Gosselin – basse, Chapman Stick, choeurs
Jean Gosselin – batterie
Dernier album : The Sagarmatha Dilemma (2008)

Stéphane Desbiens, l’homme à la tête du D Project, nous parle de sa nouvelle formation, son parcours musical, sa guitare exceptionnelle créée spécialement pour lui selon des desiderata exigeants et de ses multiples influences et amours musicales. Un être entièrement dévolu à la cause de la (bonne) musique…et du rock progressif et expérimental en particulier. Amateurs du grand Floyd, courez acheter l’incroyable Sagarmatha Dilemma !

Progressia : Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaîtraient pas ?
Stéphane Desbiens :
Je suis un guitariste et compositeur canadien. J’ai une dizaine d’albums à mon actif, dont deux D Project et quatre Sense. J’ai participé à l’enregistrement et à la réalisation de plus d’une vingtaine d’albums de tous styles. J’ai été professeur de guitare et ingénieur du son.

Peux-tu nous parler des différentes formations dans lesquelles tu joues (ou as joué) avant de créer le D Project ?
Je suis un enfant des années quatre-vingt, j’ai joué dans un groupe de hard rock FM qui a connu un certain succès au Québec, Rose nocturne (1990-1998). Un de nos albums a été réalisé par le meneur du groupe canadien April Wine, un groupe très populaire. J’ai aussi réalisé un disque instrumental de jazz acoustique en 1996 avant de fonder Sense en 2001.

Quelle est la particularité du D Project par rapport aux autres formations auxquelles tu as participé ?
D Project est le plus personnel des albums que j’ai produits, quoique j’aie été le principal compositeur des autres formations. Cette fois-ci, je suis seul maître à bord. Pour ces deux productions, j’ai composé et joué presque de tous les instruments, en plus de l’enregistrement, du mixage et de la gravure. Par contre Francis Foy, le parolier, m’a beaucoup aidé pour la réalisation.

Présente-nous brièvement les musiciens qui t’accompagnent sur ce disque.
Il y a Mathieu Gosselin, excellent bassiste qui joue bon nombre d’instruments, dont le Stick et la guitare baritone. Jean Gosselin, nouveau venu et talentueux batteur, et Sandra Poulin qui fait vibrer son violon.

Quelle est l’évolution entre The Sagarmatha Dilemma et le précédent, Shimmering Lights, sorti en 2006 ?
Shimmering Lights n’avait aucune ligne directrice. Souvent, nous assemblions des bouts de chansons, nous n’avions aucune idée du résultat final. The Sagarmatha Dilemma possède bien une ligne directrice qui se reflète dans les compositions. Il est beaucoup moins éclectique, mais plus digeste et plus cohérent. Ce sont deux albums très différents, par l’approche et le style.

As-tu lu la chronique de ton dernier album sur Progressia et partages-tu les opinions émises par l’auteur (votre serviteur) ?
Oui, et je dois admettre que je suis entièrement d’accord avec celles-ci ! (rires) Sérieusement, c’est toujours très agréable de voir son travail reconnu par des gens qui connaissent la musique. Nous sommes toujours dans le doute tant que nous n’avons pas eu de feedback sur notre travail.

Comment décrirais-tu la musique du D Project à quelqu’un qui ne connaîtrait en rien ton travail ?
Un mélange de plusieurs de mes influences, avec une touche de rock, prog et jazz tout en essayant certains trucs.

Le son et la production de cet album sont incroyablement propres et précis. Comment s’est passé l’enregistrement ?
Disons que toute les parties ont été enregistrées par moi dans mon studio. Pour mes parties vocales, Francis était aux commandes. Je crois que la basse a été enregistrée en une soirée, et la batterie en quelques jours. J’avais extrêmement peu de temps pour pouvoir terminer l’album le jour de mon anniversaire et le présenter le lendemain à la convention Terra Incognita [NdlR : célèbre magazine québécois dédié au rock progressif] à laquelle nous participions.

Les textes de cet album ont été inspirés par le livre de Maxime Jean. Peux-tu nous en dire plus ?
Francis a rédigé rapidement les textes avec le livre en main de Maxime Jean sur une partie de sa vie : son ascension du Mont Everest. Tout l’album est composé en fonction du film de Maxime qui sera présenté en salle, ici au Québec. D’ailleurs nous produisons un spectacle-conférence sur le sujet.

Comment t’est venue l’idée de faire intervenir l’excellent Stuart Nicholson (Galahaad) ainsi que les non moins fameux Derek Sherinian (ex-Dream Theater, ex-Alice Cooper), Brett Kull (Echolyn) et John Green ?
Depuis le premier album du D project, Shimmering Lights, j’invite divers artistes que j’affectionne à participer à mes enregistrements. J’aime les collaborations et tous les artistes se sont prêtés au jeu sans problème, ça a donné des moments exceptionnels. Par exemple j’avais demandé à Derek Sherinian un solo à la Chick Corea, et le résultat est tout à fait stupéfiant. Stu Nicholson allait jouer dans le même festival que moi. Il a chanté sa partie avec moi en spectacle, un moment magique. Brett est un habitué, il avait participé à un album de Sense (Out of range), son jeu est toujours aussi convaincant, son solo dans Sagarmatha Dilemma est un moment fort de l’album selon moi. John Green, quant à lui, c’est par ma compagnie de distribution Ipso Facto (tout comme Martin Orford de IQ sur Shimmering Lights). Si on prend le cas de Tomas Bodin, je l’ai rencontré alors que nous jouions en première partie des Flower Kings.

A part des influences évidentes comme Pink Floyd et Marillion, d’autres artistes t’auraient-ils donné envie de créer ta propre musique ?
Genesis, Return to Forever, Magma mais aussi des groupes plus commerciaux comme U2 ou The Cure.

Peux-tu nous parler du prototype de guitare créé exclusivement pour toi et que tu utilises sur cet album ?
Bien sûr, c’est un prototype fabriqué au Québec en acier inoxydable par Foy Design, le son est très métallique et mordant, je l’emploie dans des situations particulières. Il est impossible ou presque d’en jouer en spectacle à cause de son poids excessif.

Ton son de guitare est très proche de celui de David Gilmour ou Steve Rothery, est-ce le but recherché ?
Je dois t’avouer que sur « Closer to Heaven », je cherchais à me rapprocher de l’ambiance et du son de David Gilmour. J’ai joué sur ma Fender Stratocaster pour sentir le même feeling que sur un album de Pink Floyd. Par contre je suis capable de jouer plusieurs autres styles.

Ton chant est également très proche de celui du Pink Floyd de Gilmour, ne crains-tu pas que le public vous taxe de clone ?
J’ai un faible pour Pink Floyd. Cependant, quelqu’un écrivait à propos de l’album Sagarmatha Dilemma que ce n’était pas une mauvaise chose parce que Pink Floyd ne faisait plus rien ! Pour moi Pink Floyd reste le maître, tant mieux si les gens aiment le son de ma voix ou de ma guitare et que ça leur rappelle Pink Floyd ou une époque. Je crois que je possède néanmoins mon propre style et que mes influences sont diverses.

Est-il prévu que le D Project fasse des concerts ou une tournée ?
Oui, quelques concerts cet automne et un mégaconcert en janvier prochain dans une salle de mille trois cents places, conférence-spectacle sur l’Everest !

Le rock progressif a-t-il toujours le vent en poupe au Québec ?
Je crois que oui. Par contre, les concerts se font rares. Les Québécois sont bien ancrés dans le vieux rock progressif des années soixante-dix, ils sont frileux quand on parle de nouveaux groupes, et ce, même s’il s’agit de groupes québécois. Les médias traditionnels ont peur de parler de rock progressif. Il faut travailler très dur pour obtenir des résultats. Cependant, avec Internet, les temps changent, heureusement.

Quand on pratique ce genre de musique au Québec, est-il possible d’en vivre ? Sinon, comment gagnes-tu ta vie ?
Non, par contre je possède mon propre studio d’enregistrement et je suis directeur technique d’une salle de spectacle dans un collège à Québec. Je navigue toujours dans la musique par passion.

La suite pour Stéphane Desbiens, encore un nouveau groupe ? (rires)
Ah non, après Sense, Redsand, Qwaarn, Ere G, je crois que je vais me concentrer sur ma musique et D Project, avant de faire une indigestion musicale ! (rires)

Propos recueillis par Christophe Gigon
Photos d’André Guay

site web : http://www.ozetaproductions.com

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