Cathedral - The Bridge

Sorti le: 14/09/2008

Par Jean-Philippe Haas

Label: Musea

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Ne vous y trompez pas, il ne s’agit pas d’un nouvel album du légendaire groupe de doom metal, mais celui de cette obscure formation progressive symphonique américaine, auteur d’un unique album en 1978, Stained Glass Stories qui connut son petit succès à l’époque au point d’être réédité sur CD en 1991.

Si l’ouverture à la guitare de « Monsterhead Suite: parts 1, 2 & 3 » renvoie immédiatement à Yes, la suite s’en éloigne considérablement, tout en ne déployant pas le moindre prodige d’inspiration. Au contraire, cette pièce recycle le progressif des années soixante-dix, les idées en moins, à l’aide de sonorités de la décennie suivante, la complexité inutile en plus. Un son de batterie tout à fait hideux laisse notamment soupçonner une boîte à rythme alors qu’il n’en est rien ! Avec « Satellite », le format court ne s’en sort guère mieux, si ce n’est que le calvaire dure moins longtemps. Il faudra donc s’armer de patience et faire preuve d’abnégation pour survivre à cette ouverture d’album laborieuse et découvrir enfin quelque intéressante matière musicale à se mettre sous la dent.

Ainsi, malgré une production bâtarde et sans mordant, des compositions dont on ne sait exactement où elles vont, un chant irrégulier, parfois trop emphatique et d’une pertinence très variable, The Bridge s’en sort in extremis grâce à quelques passages instrumentaux plus réussis qui sont essentiellement le fait du guitariste David Doig : « Hollins » et ses arpèges de guitare délicats, l’acoustique « Kithara Interludium » et quelques « énervements » bienvenus, comme sur « Angular World ». Malheureusement, les moments susceptibles de capter l’attention sont rarissimes et l’album se clôt comme il s’était ouvert, sur une pièce longue, décousue, truffée de changements indigestes.

The Bridge aurait sans doute été mieux toléré s’il était sorti une demi-douzaine d’années après Stained Glass Stories. En 2008, le progressif à l’ancienne de Cathedral ne fera guère recette. Mou et hésitant, il ne devrait intéresser que les plus indulgents parmi les nostalgiques.