Cynic

31/07/2008

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Par Djul

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CONCERT : CYNIC

  Artiste : Cynic
Lieu : Paris et Luynes
Date : 27 et 28 juillet 2008
Photos : aEternia (Paris) & Aleks Lézy (Luynes)

Paris et Marseille ne s’opposent pas toujours. La musique adoucit les mœurs, même lorsqu’il s’agit de death metal technique. Cynic a ainsi su une nouvelle fois mettre tout le monde d’accord, en particulier les rédacteurs de Progressia. Retour sur deux soirées de haute voltige instrumentale entre nord et sud.

Set-lists identiques : Veil of Maya – Celestial Voyage – The Eagle Nature – Sentiment – Evolutionary Sleeper – I’m But a Wave to… – Adam’s Murmur – Uroboric Forms – Textures – Integral Birth – How Could I
Rappel : The Unknown Guest

Qui aurait cru il n’y a pas si longtemps que le public français profiterait de l’occasion d’assister à trois représentations de Cynic en dis-huit mois ? Avec la première partie de la tournée d’Opeth en novembre, c’est bien ce qui semblait relever de l’utopie qui va se réaliser !

En attendant cette troisième fournée automnale, concentrons-nous sur l’estivale, qui s’est à nouveau déroulée au Nouveau Casino, un an après le grand retour sur scène des Américains. Un concert inespéré car le groupe et son manager ont dû batailler ferme quelques semaines avant pour concrétiser l’événement. Pari risqué mais réussi et bravo aux organisateurs : le public était autant présent qu’en juin dernier malgré les affres de l’été !

Nos excuses de nous pouvoir relater la prestation de Pitbull in the Nursery en ouverture de cette date parisienne, à laquelle nous n’avons malheureusement pas pu assister. Ce qui aurait pu n’être qu’un dernier baroud d’honneur s’est transformé en une renaissance en bonne et due en forme avec un nouveau show ainsi qu’un nouveau contexte (avec un nouvel album attendu le 29 octobre prochain chez Season of Mist et le retour du grand Sean Malone à la basse – remplacé sur la tournée par Robin Zielhorst).

Fini les voix death préenregistrées qui avaient tant fait coulé d’encre l’an dernier : le second guitariste Tymon Kruidenier les assurent désormais avec un certain brio, malgré un sous-mixage en continu pendant toute la soirée. En contrepartie, la voix soporifique d’un psychologue s’intercale entre chaque titre de Focus. On assiste donc à un concert plus « organique », par une formation plus rodée et en mesure d’assurer les prochains concerts de promotion. L’implacable cavalcade de « Celestial Voyage » et les libertés (relatives) prises par Sean Reinert à la batterie, sur l’introduction de « The Eagle Nature » en témoignent. Difficile en outre d’occulter le solo final de « How Could I », enfin audible et brillamment exécuté, contrairement à juin dernier.

Le nouvel album n’est pas en reste puisque quatre extraits sont interprétés en avant-première. Si on connaissait le splendide « Evolutionnary Sleeper » et son « Holdsworthidissime » solo, les trois autres titres restent inédits. « Adam’s Murmur » se détache par son accélération progressive qui s’achève vers un « metal baroque » de premier ordre. Plus généralement, les nouveaux morceaux possèdent une rythmique moins soutenue que les compositions de 1993, avec des contrastes plus importants, comme l’utilisation, pour la première fois, d’une voix claire sur le pont de « Integral Birth » ou les sonorités ethniques sur la fin de « The Unknow Guest », un rappel bien nommé.

Que demander de plus ? Découvrir davantage le nouveau répertoire, plus de reconnaissance publique, et enfin une meilleure sonorisation de l’ensemble digne d’une musique aussi exigeante. En définitive, ce groupe mérite tout l’attention du monde pour son charisme, porté par l’attitude si positive et généreuse de Paul Masvidal.

Djul


Dans la chaleur d’une nuit d’été près d’Aix-en-Provence, plus exactement au Korigan de Luynes, s’est déroulée une soirée comme nul n’aurait pu l’imaginer. Le groupe américain s’est produit dans une salle de petite taille, remplie à ras bord par un public de passionnés de musique, de la génération des 25-35 ans, certains emmenées par la curiosité, d’autres pour le plaisir de revoir la formation depuis l’année dernière, ou tout simplement de réaliser le rêve de rencontrer le mythe après quinze années passées à dévorer leur seul et unique album jusqu’à aujourd’hui, le bien nommé Focus.

La première partie est assurée par l’excellent groupe français 1980, originaire de la région avignonnaise. Leur premier album éponyme sorti il y a trois ans est interprété avec enthousiasme pour un public réceptif et pourrait-on dire surpris. Surprenant, car pour cette troisième performance au Korigan, le groupe reçoit une reconnaissance du public qui leur avait plus ou moins échappée, en comparaison aux deux précédentes. Débutant par le fabuleux « Sagaïe » et assénant les titres comme « Meshuggreich » ou « Il se fait tard mon ami, il faut rentrer », les quatre musiciens prennent leur pied à présenter, à l’instar de Mathieu Bonardel à la batterie, qui en dépayse certains avec ses nombreux et savants polyrythmes. La prestation est carrée, efficace avec un son gonflé à bloc. On regrette néanmoins le retrait en fond du micro Korg de Pablo Daninos bien que son synthétiseur principal compense. Le rappel s’exécute en fanfare avec une longue et nouvelle improvisation déstructurée pour enchaîner sur le final « 1980 ». Chapeau bas ! (cf. Armand Feret)

Suffoquant, la soif se fait sentir tout comme la transpiration et l’excitation sont grandissantes. Avec près de deux heures de retard, difficile de contenir son sang-froid lorsque la nouvelle formation de Cynic monte sur scène sur une petite musique d’introduction. La folie s’empare de la salle et l’engouement ne cesse de s’étoffer durant tout le répertoire. Le public assiste à un véritable festival puisque l’intégralité de Focus est ainsi joué avec les trois nouveaux titres issus du tant attendu Traced in Air. Paul Masvidal et Sean Reinert font figure de dieux vivants par leurs impressionnants jeux respectifs. Tymon Kruidenier et Robin Zielhorst s’affirment également bien qu’un brin dénués du charisme de leurs compagnons.

La prestation se déroule sous l’œil réellement ébahi des aficionados. Paul Masvidal témoigne avec émotion de leur meilleure soirée de cette tournée, notamment grâce à la proximité et la chaleur (au sens propre comme au figuré) entre le groupe et le public. Un homme d’une grande classe et empli de gentillesse avec les différentes personnes qui viendront lui parler. Le concert se conclue sur un rappel aux riffs tous plus complexes les uns que les autres avec « The Unknown Guest » : un vrai régal.

Avec cette nuit qui restera gravée dans les esprits, ce show quasi parfait révèle davantage du génie de ce groupe. Avant de les retrouver en première partie d’Opeth, leur nouvel album aura eu le temps de tourner dans nos platines.

Aleks Lézy

site web : http://www.cynicalsphere.com

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