The Pineapple Thief - Tightly Unwound

Sorti le: 24/07/2008

Par Jean-Philippe Haas

Label: Snapper

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« Encore un ? », s’étonneront sans doute certains. C’est en effet quasi-annuellement depuis 2002 que The Pineapple Thief livre ses albums, après son coup d’essai, Abducting the Unicorn. Fervent adepte d’une pop sophistiquée – certains diront « progressive » – dans la veine la plus accessible de Radiohead, le groupe britannique défend une fois de plus cette option avec Tightly Unwound.

Eminemment mélodique, parfois tout en retenue, la musique de The Pineapple Thief aime aussi se corrompre par instants dans d’inconcevables énervements (« Shoot First », « Sinners ») et autres rugosités plus ou moins noisy (« Tightly Wound »), même si tout cela ne dure jamais bien longtemps. Quoi qu’il en soit, Tightly Unwound confirme que le groupe excelle dans la composition de titres efficaces à l’image de « My Debt to You », « Shoot First » ou « Sinners ». Cependant, une fois ces premiers titres écoulés, on sent l’essoufflement se profiler petit à petit, le point de côté arriver, sourdement… Comme à l’accoutumée, la formule finit par lasser, et au fur et à mesure qu’il se déroule, l’album laisse derrière lui des titres bien proprets sans aspérité aucune (« And So Say All of You ») ou de longues traînées monotones de déjà-entendu. Comment en effet ne pas se dire sur « The Sorry State » qu’on a affaire à une honteuse contrefaçon de Radiohead, certes finement ouvragée, mais néanmoins bien inférieure à l’original ? Sur le podium des influences remarquables, Marillion période H et Porcupine Tree se retrouvent également mis à l’honneur, et notamment sur les titres les plus longs et atmosphériques comme « Different World » et « Too Much to Loose ». Et c’est bien ici, dans la lente distillation d’ambiances, que The Pineapple Thief se révèle être le plus convaincant. Une direction à approfondir ?

Au bout du compte, Tightly Unwound se consomme comme un plateau-télé, avec plaisir, mais distraitement, sans qu’un souvenir impérissable ait durablement imprimé le tympan. Peut-être que si les Britanniques ralentissaient le rythme de leurs parutions et prenaient le temps de s’émanciper définitivement, de lâcher une bonne fois pour toutes les jupes de leurs aînés, The Pineapple Thief pourrait enfin cesser d’être seulement prometteur et devenir ce qu’on attend de lui : un grand groupe.