Her Name Is Calla - The Heritage

Sorti le: 09/06/2008

Par Djul

Label: Gizeh Records

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Alors que nous venons à peine de chroniquer ses deux premiers EP en réclamant haut et fort un album complet, Her Name Is Calla revient avec sous le bras… un mini-album ! Encore une preuve du caractère entêté et décalé de cette formation anglaise qui ne s’arrête pas de remettre à demain ses premiers « vrais » débuts discographiques.

Contentons-nous donc de The Heritage, qui a le mérite de constituer bien plus qu’un simple apéritif en dépit de ses trente minutes. Le quatuor continue de développer l’approche déjà esquissée sur Condor / River et A Moment of Clarity, à savoir un post-rock dépressif dont le spleen n’a cependant pas ruiné les ambitions instrumentales. On retrouve cette formule romantique et noire sur « Nylon » et « New England », déclamés par un Tom Morris au bord du gouffre. Et si les deux morceaux prennent, comme souvent chez les Anglais, la forme d’une lente montée en puissance, le second surprend tout de même dans son jeu de contrastes : l’apport d’instruments à cordes et à vent (trompette) est à louer, passant du registre de la bande originale de film à une folle et rageuse envolée qui n’est pas sans rappelée Kayo Dot ! « New England » est ainsi le morceau le plus impressionnant des six proposés sur ce disque. La suite explore la plus traditionnelle facette post-rock de HNIC, avec « Wren » (une complainte quasi a capella à deux voix, qui se transforme en trip hop sombre) et « Motherfucker, It’s Alive and Bleeding! » (ballade minimaliste au piano, avec des harmonies dignes de Radiohead). Le résultat, moins surprenant, reste d’un très bon niveau. Seul regret : une production inégale, en particulier sur la section rythmique (par moments, la batterie dispose d’un son sec et la basse est presque inaudible), au point de gâcher quelques passages du disque.

Au-delà des superbes compositions de The Heritage, on est également ravi de voir l’intelligence du groupe à s’illustrer par l’utilisation du format mini-CD bien exploité, qui compose un voyage plein de surprises : durées variables des titres, transition entre les deux parties du disques (« Paying for your Funeral », instrumental ambiant à la Steve Reich) et conclusion évanescente ponctuée d’une ghost track acoustique. Volant de confirmations en confirmations, Her Name is Calla mérite désormais de se faire connaître au plus grand nombre. Nous ne pouvons que réitérer notre précédente conclusion : à quand un premier album, afin d’immortaliser pour de bon ce précieux héritage musical ?