Origine : Suède
Style : metal progressif macabre
Formé en : 1990
Composition :
Mikael Åkerfeldt – chant, guitare
Fredrik Åkesson – guitare
Martin Mendez – basse
Per Wiberg – claviers
Martin « Axe » Axenrot – batterie
Dernier album : Watershed (2008)

Après la mise en bouche de notre focus apéritif que nous vous avons proposé suite à l’écoute en avant-première de Watershed, neuvième roman noir musical d’Opeth, Mikael Åkerfeldt revient pour une ultime mise au point flegmatique, le jour de la sortie de son dernier-né, sérieux prétendant au titre d’album de l’année, oui madame !

Progressia : Nous avons réalisé il y a deux mois un focus « piste par piste » deWatershed et nous souhaitions discuter avec toi de nos impressions. Il est clair que « Coil » n’était pas le titre « rentre dedans » qu’on pouvait attendre pour ouvrir les festivités… 
Mikael Åkerfeldt :
Je ne le voyais nulle part ailleurs et souhaitais que l’auditeur découvre l’album sans à-coup. S’il n’avait pas été placé en ouverture, il aurait disparu, happé entre deux autres morceaux. Nous en avons parlé avec le reste du groupe et bien qu’au départ, nous souhaitions une entrée en matière plus conventionnelle, plus metal, il nous est clairement apparu, en achevant le morceau, qu’il y avait sa place naturelle. 

Il persiste un voile constant dans votre musique…
Tout dépend de ce qu’on appelle « voile ». C’est vrai qu’il y a un aspect mystérieux dans nos chansons. Il faut procéder à plusieurs écoutes pour le retirer. 

Que penses-tu de cette impression générale qui émane de votre oeuvre ?
Tous nos albums restent difficiles à percer à première vue, il est impossible de les écouter et de penser avoir tout compris à la première écoute. Il faut garder une ouverture d’esprit pour comprendre Opeth, surtout pour ceux qui vénèrent le metal direct et efficace. J’étais auparavant dans cet état d’esprit consistant à ne voir les choses que par ce prisme-là, et depuis, j’ai ouvert mes horizons musicaux. 

On note effectivement une présence accrue d’éléments progressifs…
Je voulais prouver que nous n’étions pas insensibles au changement, ne pas paraître un vieil homme aigri fermé aux nouvelles tendances. Au bout de neuf albums, nous voulions être encore capable de susciter l’excitation au sens où nous l’entendons ; cet album est certainement le plus varié que nous ayons proposé. 

Vous exploitez également davantage l’aspect folk, que vous laissiez entrevoir sur certains titres comme « Harvest ».
Cette dynamique a toujours fait partie de mon background par le biais du patrimoine musical anglais et scandinave. J’ai essayé de sortir quelques riffs par le passé pour Opeth mais ce n’était pas approprié au discours de l’époque. A la longue, je m’en suis lassé. C’est finalement revenu sans prévenir en composant Watershed, sans me soucier par ailleurs des limites et des contraintes habituelles. 

Le roman gothique issu du début du dix-neuvième siècle britannique a-t-il pu vous influencer de quelque manière que ce soit ?
Je suis uniquement influencé par d’autres genres de musique lorsque je compose. Mes lectures sont cependant susceptibles d’influencer mon écriture. 

Deux choses marquantes s’inscrivent dans notre analyse de l’album. Tout d’abord, la présence appuyée de Per Wiberg, qui rappelle le rôle de John Lord dans Deep Purple. Ensuite le fait que votre nouveau guitariste Fredrik Åkesson possède une approche technique de la guitare qui contraste avec l’aspect mélodique antérieur. Ne serait-ce pas un problème pour reprendre l’ancien répertoire ?
Je ne pense pas. Il est vrai que nous aimions les guitares mélodiques avec Peter Lindgren. J’adore pratiquer mon instrument mais je n’ai pas la formation nécessaire pour jouer comme Fredrik. Je ne veux pas non plus qu’Opeth soit un groupe deshredders. S’il joue vite, c’est pour mieux convenir à l’intérêt du morceau. C’est un instrumentiste qui est pris dans le feu de l’action. 

Cela ne vous a-t-il pas effrayés de prime abord ?
Au contraire, j’étais plutôt excité d’avoir à nos côté un guitariste qui n’était d’une, pas enserré par une quelconque contrainte technique et de deux, qui apporte une nouvelle couleur à l’ensemble. Prenons l’exemple de « Burden » où la guitare entretient une nuance blues pour finalement se désagréger à la fin. L’album montre ainsi toutes les facettes de son talent.

Comptez-vous sortir un album de metal « pur » sans grunt (NdlR : entendre chant death) ?
Bonne question ! Probablement pas car j’ai une vision propre de ce qu’est le metal « pur ». Si c’était le cas, l’album serait très particulier et devrait être écrit dans cet esprit, ce qui n’est pas prêt d’arriver. 

Votre ancien producteur Steven Wilson a-t-il écouté l’album ?
Il est venu chez moi avec son éternel visage impassible pour finalement dire qu’il l’aimait vraiment. J’avais l’impression qu’il n’écoutait pas vraiment d’une oreille attentive et il a pourtant été capable de relever les détails qu’il appréciait. C’est important pour moi de recueillir son avis car c’est un homme que j’estime de par ses qualités en tant que producteur et musicien. 

Vis-tu de ta musique au regard de la situation actuelle du marché du disque ?
La vente de disque n’est pas la source de revenus qui rapporte le plus pour les groupes de metal car les maisons de disques prennent une marge conséquente. Les tournées rapportent davantage. Néanmoins, si nous voulons continuer à publier nos albums, nous devons passer par les labels. C’est pour cette raison que nous tournons autant. Nous voulons que le groupe continue de vivre et nous aussi par la même occasion. Beaucoup de personnes pensent que nous sommes riches parce que nous sommes des rock stars mais ce n’est pas le cas. Nous percevons un revenu approximatif de mille cinq cents euros brut par mois pour donner un ordre d’idées. 

Avez-vous des dates de tournée prévues ?
Oui, nous commençons par le Royaume-Uni, puis passons Outre Atlantique faire une tournée avec Dream Theater et Between the Buried and Me, pour enchaîner ensuite avec les festivals d’été en Suède, suivis de quelques dates au Japon. Enfin, je rentre chez moi pour célébrer l’anniversaire de ma fille aînée, et finir enfin par les Etats-Unis. 

Des nouvelles à propos de Bloodbath ?
Nous avons sorti un mini album intitulé Unblessing the Purity. Du death metal, et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas poétique : sur la pochette figurent des chiens- prêtres qui sont en train de baptiser Jésus-Christ dans une fontaine de sang. Le DVD du Wacken Festival ne devrait pas tarder à sortir.