Percevalmusic - Vie scolaire

Sorti le: 22/05/2008

Par Mathieu Carré

Label: Collectif Effervescence

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Il suffit de regarder la rectiligne forêt photographiée sur la pochette de ce premier disque pour s’imprégner de l’esthétisme rigoureux et ombragé qui en émane. La musique de Vie scolaire est à cette image, élégante mais inquiétante. Constamment tiraillé entre les rythmes aléatoires martelés avec conviction et les superpositions broussailleuses diverses (dont le merveilleux « Cœur de rockeur » et ses multiplications de clavecins), Tony Chauvin, guitariste de Chevreuil qui débute alors ses projets parallèles, peine à trouver une cohérence d’ensemble à son œuvre, mais chacun de ses morceaux porte en lui les preuves de sa fertile imagination. L’homme-orchestre expose une maîtrise toute picturale de son art, ce qui ne surprend pas de la part de ce musicien polyvalent qui est entré par le biais des arts plastiques sur la scène de la création.

Se découvrant progressivement, ce n’est qu’au terme de chaque piste que le travail d’architecte d’ensemble prend toute sa valeur quand petits détails, personnages secondaires ou principaux se fondent en un tout (« Retour de flamme »). Refusant la facilité, combattant les codes dictatoriaux, Percevalmusic se donne le temps de charmer son auditoire. Des armées de violons rappelant les masses sonores de Ligeti (« Célérité ») aux déambulations nocturnes sur fond de math-rock (avec un petit clin d’œil à Don Caballero perdu dans des énumérations mi-hypnotiques mi-agaçantes), chaque inspiration prend sa véritable valeur au fil de l’écoute. Baroque, moderne, parfois religieuse (« Quatre vents ») mais toujours rafraichissante, la musique de Percevalmusic s’affirme comme une des découvertes les plus singulières et donc rigoureusement indispensables qui soit.

Bien que manquant parfois de puissance et d’une véritable ligne directrice, il y a dans ce premier album tout ce que l’on retrouvera quelques années plus tard sur l’accompli Dormir Sommeil, où soutenu dans ces délires algébriques et oniriques, Tony C. donnera encore plus de corps à son propos. L’esquisse était prometteuse, le tableau est plus que convaincant. Nous attendons ainsi en toute quiétude le chef d’œuvre.