ENTRETIEN : IRFAN

  Origine : Bulgarie
Style : ethereal wave
Formé en : 2001
Composition :
Denitza Seraphimova (2002-2006) – chant
Vladislava Todorova – chant
Kalin Yordanov – chant, daf, bendir, darbouka
Ivaylo Petrov – oud, saz, tambur, guitare, programmation
Kiril Bakardjiev – programmation, claviers, santour
Peter Todorov – darbouka, zarb, riq, djembe, tablas
Dernier album : Seraphim (2007)

Alliant folklore et mysticisme, Irfan réussit à nous faire voyager dans des contrées encore inexplorées et insoupçonnées. Leur musicalité à la limite de la perfection (voir la chronique sur nos pages) a su attirer l’oreille experte de Progressia, qui ne pouvait passer à côté des traditions et conceptions philosophiques de ce groupe bulgare atypique.

Progressia : Pouvez-vous vous présenter auprès de nos lecteurs ?
Kalin Yordanov & Irfan
: Nous sommes un groupe bulgare de musique world, médiévale et d’ethereal wave (NdlR : un dérivé de la dark wave). C’est une invitation à un voyage mystique au delà du temps, un message, une extension poétique du langage du cœur. Nous sommes fortement influencés par les traditions de musique sacrée et folklorique de Bulgarie, des Balkans, de Perse, du Caucase, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord mais également par l’héritage spirituel et musical de l’Europe byzantine et médiévale, tout en voulant préserver le son originel. Nous utilisons les instruments et techniques vocales de ces régions, liés à des périodes historiques, le tout mâtiné d’un délicat son électronique. Jusqu’à présent, nous avons sorti deux albums sur le label français Prikosnovénie, Irfan (2003) et Seraphim (2007).

Quel est le parcours musical de chacun d’entre vous ?
Aucun d’entre nous n’est musicien professionnel, sauf notre nouvelle chanteuse Vladislava Todorova qui a évolué dans la musique classique et a participé aux chœurs professionnels de The Cosmic Voices of Bulgaria et The Great Bulgarian Voices. Nous avons tous néanmoins un parcours dans la musique. Denitza Seraphimova a chanté pour le Bulgarian Music Art Formation « OM » et dans un chœur de chants orthodoxes avant de rejoindre Irfan. Ivailo Petrov travaillait auparavant sur son projet solo de musique industrielle. Kalin Yordanov était le chanteur des groupe bulgares d’ethno-ambient Isihia et Kayno Yesno Slonce et Kiril Bakardjiev lorgnait vers le goth-indus avec Zaratustra. Peter Tordanov était quant à lui membre (il continue d’ailleurs à leur prêter main forte) de Sposob et Kayno Yesno Slonce.

Quels sont les artistes qui vous inspirent le plus ?
Dead Can Dance, Vas, L’Ham de Foc, Sarband, Susan Deyhim, Hector Zazou, Massive Attack, Stellamara, Luis Delgado, Radio Tarifa, Angels of Venice, Arcana, Axiom of Choice, Ross Daly, Anouar Brahem, Eduardo Paniagua, Jordi Savall, Mercan Dede, Ensemble Organum, Estampie, Loreena McKennitt, Sequentia… pour ne citer qu’eux.

Dead Can Dance apparaît comme une influence évidente. Pouvez-vous nous parler davantage de ce mélange culturel et ethnique ?
Ce n’est pas un secret : c’est une influence majeure, tant pour nous que pour notre génération, du point de vue musical et philosophique. Ils ont ouvert les portes d’un nouveau genre et sont bien les seuls qui nous ont encouragés à découvrir les vertus de la musiques ethnique mais également médiévale, baroque et de la Renaissance, ce qui constitue un très grand héritage pour la world music. Nous éprouvons aussi un fort intérêt pour l’histoire, l’archéologie, l’anthropologie et l’ethnologie. Nous brassons ainsi un important recueil sonore et culturel.

Etes-vous croyants ? La religion influence-t-elle votre musique et votre perception de celle-ci ?
Nous pensons que composer et interpréter de la musique est un acte spirituel. La spiritualité est un élément et un aspect notoire de la vie humaine. Cela conduit invariablement à une résonance dans notre écriture. La musique peut parfois être un voyage spirituel, une expérience mystérieuse ou une révélation personnelle. Cela touche à l’intimité de chacun.

Comment se déroule le processus d’écriture ?
Chacun apporte et consacre tout son talent, son expérience et ses influences durant la phase de fusion créative, comme une équipe. C’est parfois facile et naturel mais cela peut également s’avérer un gros challenge. Nous sommes tous impliqués dans l’écriture bien qu’Ivaylo et Denitza restent les maîtres d’œuvres.

Votre musique est souvent écrite en mode mineur. Cela facilite-t-il la création d’atmosphères spécifiques voire sombres ? Est-ce prémédité ou spontané ?
Nous ne considérons pas notre musique comme du dark atmosphérique. Ce n’est donc pas prémédité.

Vous présentez un large panel harmonique, mélodique et rythmique. Vous posez-vous la question de cette alliance permanente lors de l’écriture ?
Absolument, ou du moins, nous essayons d’y parvenir !

L’utilisation d’instruments acoustiques dans la musique actuelle aide-t-elle à renouveler un genre musical ou conserve-t-elle ses limites par ses spécifications ?
Ca dépend, ça peut être les deux. Ces instruments apportent leurs lots de difficultés à relever mais ils nous permettent d’explorer de nouveaux champs musicaux et enrichissent notre propos.

A l’écoute d’Irfan, on peut penser à Hans Zimmer, le compositeur de musiques de film qui a écrit entre autres Gladiator (NdlR : sur laquelle a collaboré Lisa Gerrard, ex Dead Can Dance). N’avez-vous jamais envisagé d’écrire des bandes originales ?
Nous y pensons, ce ne serait pas impossible.

On parle plus souvent de Denitza que de Vladislava qui parvient tout de même à s’intégrer davantage dans le groupe. Existe-t-il des points de discorde entre les deux chanteuses ?
Vladislava est désormais notre nouvelle chanteuse et remplace Denitza depuis son départ. Elle possède une voix très expressive brassant les influences et les genres pratiqués dont nous parlions en amont. Les rapports sont excellents, si bien que Denitza a beaucoup aidé Vladislava lorsqu’elle apprenait nos morceaux.

La production de Seraphim est d’une grande clarté et atteint une rare perfection. Comment êtes-vous arrivés à ce résultat ?
Merci ! C’est le résultat d’environ trois années de dur labeur. Comme dit précédemment, nous avons rencontré un tas de difficultés et d’obstacles de toutes sortes et nous nous en souviendrons comme d’une période peu évidente mais enrichissante. Nous en sommes très fiers et pensons que ce second album est plus mûr, professionnel, introspectif et que nous avons définitivement franchi une étape importante dans notre carrière.

Pensez-vous qu’il est difficile de faire écouter cette musique à une plus large audience ?
Elle ne sera effectivement jamais vraiment populaire et n’est pas destinée une audience de masse. A vrai dire, elle n’en a pas besoin, elle sait trouver a priori son public.

Quels sont selon vous les éléments qui peuvent plaire à ceux qui écoutent Irfan ?
Cela reste relatif et propre à chacun. C’est probablement la simplicité et la sincérité de notre musique et certainement son message universel, compréhensible par tous avec sa propre sensibilité et au regard des goûts, des couleurs, du langage, de la religion et bien évidemment des préférences et des courants musicaux.

Prikosnovénie est-il un bon intermédiaire entre votre public et vous ? Qu’apporte cette collaboration ?
Nous espérons que c’est le cas car il nous apporte cette possiblité d’adresser notre musique à ce public !

Des concerts sont-ils prévus en France ?
Nous l’espérons également, ce serait génial.

Un dernier mot pour les lecteurs de Progressia ?
Nous remercions chaleureusement les lecteurs et notre public pour l’attention et l’intérêt que vous portez à notre musique.

Propos recueillis par Aleks Lézy
Traduction par Antoine Pinaud

site web : http://www.myspace.com/irfantheband

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