Dyslesia - In Veins, Hearts, and Minds…

Sorti le: 06/05/2008

Par Jérôme Walczak

Label: Rupture Music

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Nos lecteurs connaissent sans doute mal Dyslesia, un groupe formé à Lyon, donc français (et donc – soupirs, Eurovision oblige – chantant en anglais) qui en est à son quatrième album depuis 1999. Le climat musical étant quelque peu brouillé ces dernières années, il arrive dans nos boîtes aux lettres quelques albums dont les chroniques, il y a quelques temps, n’auraient sans doute jamais figuré dans les colonnes d’un magazine consacré au genre progressif.

Dyslesia, c’est en effet du metal, strict, pur et répondant à tous les canons du genre : une structure assez homogène, la ballade obligatoire (réussie ici mais dénuée d’originalité : « When I Learn to Forget You »), les riffs classiques qui interviennent de façon mécanique et assez prévisible, la batterie soignée donnant le tempo et enfin le solo de guitare à mi-parcours. A la limite, ces structures élémentaires ne doivent pas figurer en tant qu’élément discriminant dans la chronique, elles sont au genre ce que le concerto est aux Brandebourgeois, la brandade à la morue et la mort aux trousses : pernicieusement indissociables.

Que reste-t-il alors à se mettre sous la dent ? Beaucoup de belles choses. L’album est tout d’abord cohérent, homogène, efficace parce que court. C’est une virgule, une étoile filante, vive et rafraîchissante, qui se laisse facilement dompter. Des mélodies assez entêtantes (« Golden Path »), qui frisottent avec ce qu’en d’autres temps nous aurions appelé le 45 tours (pour les jeunes lecteurs, c’était sur ces supports qu’on écoutait les tubes à succès pendant la guerre de Bouvines) : « Come to Me », « Illusion ». Tout cela sonne très « metalliquiens » : qu’on pardonne d’ailleurs ce dernier – et au demeurant bien épouvantable – néologisme, mais il est indubitable que nos Lyonnais ont bien digéré les mannes de ce grand groupe, jusqu’au logo et au nom, dont la parenté est loin d’être seulement subliminale.

Honnêtement, c’est un plaisir d’écoute. L’auditeur se laisse tranquillement prendre au jeu, ou au piège, c’est selon, dans la mesure où on agite ici la corde la plus sensible qui soit dans le domaine musical : la nostalgie. Ajoutons quelques trouvailles, dans les effets de voix, et les chœurs, qui donneraient – mais vraiment en cherchant bien, bien loin – une vague consonance progressive à l’ensemble. Cela reste néanmoins très diaphane. Bilan de la causerie : ce disque mérite au moins qu’on s’y attarde un tant soit peu, sans qu’on puisse être sûr que l’avenir ne l’aura pas progressivement nimbé de la désastreuse et irréversible obscurité qu’on appelle l’oubli…