Tiles - Fly Paper

Sorti le: 29/01/2008

Par Dan Tordjman

Label: InsideOut Music

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Qu’il est dur de chroniquer un album de Tiles. Pourquoi ? Parce que lorsque ce groupe nous sert un nouveau disque, on ne peut s’empêcher de penser au somptueux Presents of Mind annonciateur d’un fort potentiel, mais qui fut suivi d’un Window Dressing fade et redondant. Et le groupe de Detroit, présenté alors comme le plus pur des héritiers de Rush retomba quelque peu dans l’anonymat. Par conséquent, les craintes furent légitimes à l’arrivée de Fly Paper.

A la première écoute, « Hide in My Shadows » ne nous rassure guère à l’entame de ce nouvel album. Malgré un riff de guitare à la Alex Lifeson assez intéressant, le soufflé retombe le temps du couplet pour regonfler sur les refrains. « Sacred and Mundane » se fait plus rentre-dedans, avec en prime Alex Lifeson en invité, mais de là à dire que sa seule présence transcende le titre à lui tout seul serait manquer de respect à Chris Herin et au batteur Mark Evans qui planent au dessus de leurs acolytes. Et que dire de ce « Back and Forth » et son refrain sur lequel la belle revenante Alannah Myles – souvenez-vous du tube « Black Velvet » – use de ses cordes vocales avec une simplicité et une beauté rares. Le disque démarre donc réellement au deuxième titre mais le quatrième, « Landscape », aurait très bien faire l’ouverture : extrêmement puissant avec un refrain évoquant Faith No More, Mark Evans s’en donne encore à cœur joie derrière sa batterie et parvient à faire oublier l’extraordinaire Pat De Leon.

On fait une courte pause avec l’exotique introduction de « Markers » avant de reprendre sur un thème plus dynamique. Ne boudons pas notre plaisir : ce disque est rythmé et c’est ce qu’il fallait pour pleinement l’apprécier. La pièce du boucher s’appelle « Dragons, Dreams and Daring Deeds », plus de huit minutes au compteur, dans la droite ligne d’un certain trio canadien. On se laisse transporter sans en perdre une miette : c’est un signe que le titre marche. De même, « Crowded Emptiness », très pop et probablement le plus carré des morceaux , contient mélodies et guitares accrocheuses, tandis que le final « Hide and Seek » constitue un autre lourd pavé, mais tendre sous la dent, à la partie centrale très intéressante.

In fine plus de peur que de mal. Tiles a su tirer profit des erreurs commises sur Window Dressing. Deux ombres majeures restent au tableau cependant : le chant de Paul Rarick manque de variété et demeure quelque peu monotone. Autre ombre, plus noire encore : comment Terry Brown l’homme à qui nous devons 2112 et Hemisphères ou Permanent Waves peut-il produire un album avec un son aussi étouffé, qui ne demanderait pourtant qu’à respirer ? Est-ce bien là l’homme dont on parle ou son homonyme ? Une question qui pourrait rendre difficile l’appréciation de cet album. Oreilles chastes ou trop propres, réfractaires à une production « sale » passez votre chemin. Les autres laissez-vous tenter.