Victor Lafuente - Six Strings for One Heart

Sorti le: 22/01/2008

Par Julien Damotte

Label: Ear-volution Records

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Dans le contexte musical actuel, sortir un album instrumental solo pour un guitariste est une expérience à double tranchant. Soit ce guitariste s’évertue à étaler son bagage technique et à tomber dans tous les clichés du genre, soit il essaie de proposer quelque chose de plus original et fait passer la musique avant les prouesses. Avec Six Strings for One Heart, Victor Lafuente est parvenu à trouver un équilibre entre tous ces aspects, fait déjà remarquable en soi. Cela suffira-t-il néanmoins pour que ce disque reste dans les annales ?

Côté bagage technique et expérience, Victor n’est pas en reste. Après avoir écumé les scènes françaises aux côtés de Pascal Mulot avec le groupe Animal et sorti une vidéo pédagogique aux éditions Connexion, ce guitariste du sud de la France n’a plus grand’ chose à prouver. Tout est très propre (voire un peu trop), très bien exécuté, du tapping de « Delirium Tremens » aux démanchés legato de « Perfect Day » ou « For One Heart », en passant par les arpèges « sweepés » de « Six Strings ». Pourtant, Victor, qui a choisi de ne pas considérer la technique comme une fin en soi, s’est attaché à développer le côté mélodique de chaque morceau, comme le feraient un Satriani ou un Santana. D’après lui, les mélodies sont « sucrées » et riches en feeling. Victor a le don d’aller droit à l’émotion en choisissant les bonnes notes au bon moment ; une qualité trop rare pour ne pas être applaudie. Quant à ses talents de compositeur, ils sont également mis en exergue et malgré quelques moments poussifs (les passages reggae de « Tutti Frutti » par exemple), les compositions tiennent la route.

Malheureusement, l’originalité n’est pas forcément au rendez-vous. Que ce soit le jazz rock de « Delirium Tremens », les nombreux plans satrianesques (qu’il est dur de se détacher de l’influence de son « mentor »…) ou les passages plus metal distillés ça et là, les compositions du sieur Lafuente fleurent bon le déjà entendu et n’apportent pas grand chose au monde de la guitare instrumentale, si ce n’est une œuvre bien exécutée supplémentaire, comme il en sort à foison. De plus, Six Strings for One Heart manque un peu de cohésion, comme pour la plupart des premiers albums en solo qui partent légèrement dans tous les sens (classique sur « Seize Saisons » et « Bailadora », passages bluesy, funky ou jazzy) sous prétexte d’explorer plusieurs facettes de l’instrument.

En résumé, Six Strings for One Heart est loin d’être un mauvais album, les compositions sont loin d’être de mauvais elle aussi et finalement Victor Lafuente est loin d’être un mauvais guitariste. Et pourtant il manque ce petit grain de folie, cette volonté de s’éloigner des carcans traditionnels du genre, sans lesquels cet album est vraisemblablement et malheureusement condamné à rester sur les étagères parmi les centaines de bonnes productions déjà existantes.