Dream Theater / Porcupine Tree – Dream Theater / Porcupine Tree

ENTRETIEN : DREAM THEATER / PORCUPINE TREE (2000)

 

A l’occasion de son dixième anniversaire, Progressia exhume ses interviews pour vous proposer quelques-uns des meilleurs moments de sa première vie, sur papier. Premier rescapé de l’ère Gutenberg, un entretien en forme de blind-test entre Steven Wilson (Porcupine Tree) et Mike Portnoy (Dream Theater), réalisé en septembre 2000 à Paris, à l’occasion de la tournée européenne commune des deux groupes.

Progressia : Mike, encore une fois, tu as choisi un grand espoir de la scène progressive en première partie. Pourquoi Porcupine Tree ?
Mike Portnoy :
Nous sommes toujours très fiers d’avoir d’excellentes premières parties et nous adorons Porcupine Tree. C’est à moi qu’en revient le choix et ce doit être un groupe que je peux voir et apprécier chaque soir, sur le côté de la scène. Steven a envoyé un e-mail à John (ndlr : Petrucci) qui me l’a transmis et j’ai tout de suite été partant car je suis le groupe depuis plus de deux ans maintenant. Nous nous sommes occupés de gérer la logistique ensemble ainsi que le matériel de la tournée et les voilà ! C’est un plaisir pour moi de voir leur show chaque soir.

Et comment définirais-tu Porcupine Tree, de ton point de vue de musicien ?
Mike :
On peut difficilement comparer un groupe à d’autres, mais…
Steven Wilson : Je te vois venir… (rires) !
Mike : Porcupine Tree, c’est la combinaison de cinq groupes que j’adore : Radiohead, le nouveau Marillion, Pink Floyd, U2 et Jane’s Addiction.
Steven : J’adore cette comparaison !

Et toi Steven, comment définirais-tu la musique de Dream Theater ?
Steven :
Franchement, je ne connaissais pas bien Dream Theater jusqu’à récemment. Il faut savoir que l’Angleterre est le pire endroit au monde pour écouter de la bonne musique progressive. Ce doit être parce que les Anglais l’ont inventée… ils sont tellement embarrassés par le genre qu’ils ont créé aujourd’hui ! Notre management nous a parlé de la tournée de Dream Theater nous disant qu’ils pourraient être partants pour nous avoir en première partie. Je me suis donc procuré Scenes From A Memory… qui m’a coupé le souffle ! C’est certes une musique très technique, ce dont je ne suis pas grand fan, mais ils ont un côté heavy, tant dans leurs rythmiques que dans leurs solos, que j’apprécie énormément. Il y a cette chanson sur l’album qui commence comme ça : « tin nin, nin, nin, nin, nin… »
Mike : « Beyond This Life » (ndlr : il s’entraîne déjà pour la suite ! ) !
Steven : Cette chanson, ces riffs bien sombres et bien lourds… ! Je suis allé les voir en concert en Angleterre pour SFAM et j’ai pu rencontrer John. On s’est alors arrangés. On leur a dit que l’on souhaitait tourner avec plusieurs groupes, ils nous ont répondu qu’on devait faire toute la tournée, sinon on pouvait oublier le projet, alors on a accepté (rires) !

Cette tournée illustre une conception de la musique que vous avez en commun, à savoir que le progressif doit avoir une définition très large…
Mike :
Nous sommes les deux extrêmes de ce que peut engendrer le progressif : nous représentons le côté technique et metal, tandis que la musique de Porcupine Tree est bien plus…
Steven : Lente et bâclée (rires) !
Mike : … ils utilisent plus de samples, Porcupine Tree est une mutation de Radiohead et de Pink Floyd. Ce sont deux extrêmes de racines communes. Steven, tu approuves, je suppose…?
Steven : Tout à fait. J’avais d’ailleurs peur des réactions du public face à notre musique. Nous avons essayé d’être plus heavy en live, à défaut d’être plus technique, et la réaction des spectateurs a été excellente. Ils ont apprécié notre rock sophistiqué et pas uniquement une musique agressive et technique. Ils ont apprécié…
Mike : … la qualité de la musique tout simplement !
Steven : Absolument !

Vos set-lists respectives sont les plus heavy jamais jouées en France. En dehors du metal progressif, point de salut en Europe ?
Mike :
Nous allons dans ce sens depuis le début. Le progressif avait pris une seule et unique direction dans les années quatre-vingt avec Marillion et tous ses clones. Incorporer du metal était pour nous une évidence, le résultat de notre culture musicale (Metallica, Black Sabbath, …). Puis notre musique a influencé tous ces nouveaux groupes en Europe. Cependant, de notre point de vue, le metal n’est qu’une composante de notre identité : on peut y ajouter la technique instrumentale et la pop, pour nos chansons les plus lentes, où les influences de U2 ou Peter Gabriel se font sentir. La set-list de cette tournée était pour nous un moyen de nous éloigner de SFAM. Nous avons joué cet album plus d’une centaine de fois en entier sur scène… C’était l’occasion de revenir sur l’ensemble de notre carrière.

Pour toi Steven, cet aspect heavy est en revanche assez nouveau…
Steven :
Mes goûts musicaux depuis ces deux dernières années tendent de plus en plus vers le heavy metal et le prochain album de Porcupine sera influencé par cette tendance. J’écoute Morbid Angel, Meshuggah, Sepultura, des groupes on ne peut plus lourds, et c’est ce qui me botte en ce moment. C’est pourquoi, intégrer cette facette dans la set-list, devant un public d’amateurs du genre, est un vrai plaisir pour moi.

BLIND TEST

PINK FLOYD « The Happiest Day Of Our Lives » (The Wall)

Mike : (5 secondes, le temps d’entendre le speaker avant le début de la chanson) C’est Pink Floyd, The Wall

Le titre ?
Mike :
« The Best Years Of Our Lives » ?

« The Happiest Day Of Our Lives » (ndlr : oui, c’est vrai, c’est facile, quand on a fait la sélection !).
Steven, je suppose que tu en as assez d’entendre parler de Pink Floyd. Mais, franchement, cette influence est incontournable chez Porcupine Tree…
Steven :
C’est vrai. On nous compare constamment à Pink Floyd. Les gens croient que j’écoute le groupe toute la journée. Certes, c’était le cas étant adolescent, mais je n’ai pas mis un de leurs disques depuis des années, surtout avec ce qu’ils font maintenant… En fait, je crois que ce que l’on écoute à l’adolescence est ce qui a tendance à laisser les impressions les plus fortes, les plus tenaces. Et des gens qui ne se connaissent pas continuent de me parler de Pink Floyd pour qualifier Porcupine Tree : c’est bien qu’il existe un lien… Mais c’est vraiment étrange et difficile pour moi d’entendre aujourd’hui que Porcupine est le nouveau Pink Floyd, surtout que je ne suis pas de leur génération et que notre musique va beaucoup plus loin. C’est ainsi, et je pense qu’il y a beaucoup plus de Fripp (qui est mon guitariste préféré) que de Gilmour dans mon jeu.

Pour toi, Mike, je sais que Dream Theater avait emporté The Wall en studio lors de l’enregistrement de Metropolis – Part 2. Une influence majeure…
Mike :
The Wall est pour moi le plus grand album de tous les temps ! Il y a tant de choses chez Pink Floyd… Evidemment, avec le quatuor Dark Side of the Moon, Wish You Were Here, Animals et The Wall, mais aussi leurs albums plus anciens comme le Live At Pompei et Atom Heart Mother… Pink Floyd est l’un de mes trois groupes préférés et je les écoute encore souvent. Je n’apprécie pas trop les derniers CD, que je considère plus comme des albums solos de Gilmour. Mais leur influence, à la fois sur moi mais aussi sur le reste du groupe, est énorme et quand il s’est agit de faire SFAM, un concept album, nous nous sommes naturellement tournés vers The Wall pour trouver notre inspiration. Une chanson comme « The Spirit Carries On » est incroyablement « pink floydesque ».

La question que tout le monde se pose désormais, c’est : comment écrire un album traditionnel après une expérience aussi marquante que SFAM ?
Mike :
Je n’en sais rien ! On verra quand on y sera (rires) ! Je ne pense pas que l’on refasse un concept album. Nous verrons où nous irons, nous n’avons jamais eu d’a priori sur la musique. Nous composerons et attendrons de voir ce qui sortira.

Steven, souhaites-tu refaire un concept album ?
Steven :
Je n’en ai pas encore écrit un…

Tout de même, Voyage 34 ou The Sky Moves Sideways
Steven :
En fait je n’aime pas les albums dans lesquels les chansons ne sont que des blocs s’enchaînant les uns aux autres dans le but de servir un concept. Pour moi, le concept narratif dirige le déroulement de la musique, et lorsque j’essaie d’écrire des chansons, la musique doit, dans ma conception, s’assembler selon ce qui a le plus de sens de mon point de vue, et non pas selon ce qui a le plus de sens d’un point de vue narratif ou lyrique. Lorsque l’on réalise un concept, on ne peut pas s’arrêter, car lorsque l’on trouve enfin la bonne idée, la chanson phare, impossible de la caser car la narration vient tout remettre en question et…
Mike : Il y a un moyen de le faire, en vérité, et c’est que nous avons fait avec SFAM. Nous avons écrit toute la musique en premier, car c’est ainsi que nous procédons habituellement, tout préparé, en retenant un début, une fin pour l’album. Ensuite, nous avons passé beaucoup de temps à diviser la musique en séquences, puis en les modifiant, dans le seul but d’obtenir le meilleur enchaînement. Une fois fait…
Steven (très attentif aux explications de Mike) : Vous avez écrit et posé les paroles…
Mike : Nous avons écrit l’histoire après avoir composé cette pièce de soixante dix-sept minutes de musique. Ensuite nous avons divisé l’histoire en chapitres, pour les assigner à chaque séquence musicale.
Steven : C’est la seule façon de faire ! Mais j’en serais incapable, car je suis un chanteur et un compositeur qui écrit de façon traditionnelle. Je cherche une mélodie, les vocaux découlent des accords, puis les paroles et j’obtiens alors une chanson. Je commence à travailler avec un groupe de chansons courtes et de mélodies, et je les combine de manière à obtenir un album. Je ne peux pas travailler dans l’optique d’un concept narratif. Signify était peut être un concept album, les chansons traitant du même sujet, mais elles ne sont pas structurées de manière à raconter une histoire.
Mike : Beaucoup de gens disent que Sergent Pepper ou Dark Side of the Moon sont des concept albums, mais au niveau des paroles, ce n’est absolument pas le cas. Musicalement, d’accord. Il y a une différence entre un album dont se dégage un feeling propre, comme disons Thick As A Brick, quoique celui-ci puisse avoir un concept, et un album basé sur un concept qui a une histoire, comme The Lamb Lies Down On Broadway ou The Wall.

RADIOHEAD « Climbing Up The Walls » (OK Computer)

Mike (trois secondes) : Porcupine Tree, « Shesmovedon » (ndlr : très, très révélateur…) !
Steven : Non (rires) ! C’est « Climbing Up The Walls » de Radiohead !

Est-ce que le succès de Radiohead prouve que l’on peut s’adresser aux masses tout en étant expérimental ?
Steven :
Je vais te dire ce que je pense de Radiohead. En Angleterre, Radiohead venait d’un milieu indé et assez obscur, et c’est bien ainsi que l’on peut expliquer le succès de ce groupe et l’anonymat de Porcupine Tree, qui vient lui de la scène progressive. Radiohead illustre une chose : c’est qu’il est bien plus facile de faire de la musique sophistiquée quand on vient de la scène indé, milieu très à la mode et mondain. Je trouve que leur premier album est assez mauvais, que le second contient de grandes chansons et que OK Computer est un chef d’œuvre. C’est là qu’ils sont devenus expérimentaux. Pour moi, si cet album là avait été le premier, ils n’auraient même pas pu signer de contrat avec une maison de disques. Porcupine Tree a bataillé pendant des années pour devenir comme Radiohead, nous sommes sophistiqués depuis le début. Mais eux avaient un plan marketing, de très bons contacts avec la presse musicale du fait de leur appartenance à cette scène mondaine. C’est pourquoi ils ont pu faire la différence…

On revient à l’attitude des médias, à leur volonté de tout catégoriser…
Steven :
Oui, Radiohead ne s’est jamais revendiqué de la scène progressive. Même maintenant, la presse n’aime pas cette référence, et ce groupe ne se réclame toujours pas de cette influence. Il est évident que Floyd et Crimson ont eu un impact sur eux, et pourtant ils ne les citent jamais en interviews. Oui c’est progressif, oui c’est du rock sophistiqué, et nous devons être reconnus pour cela !!!

Mike, je suppose que tu es d’accord avec ces commentaires…
Mike :
Tout à fait. Je pense qu’ils n’ont pu expérimenter de la sorte qu’après le succès de « Creep ». Sans ce single, ils seraient probablement tombés dans l’oubli après un album comme OK Computer. Il suffit de voir U2. Si on écoute leurs deux premiers albums, on se rend compte qu’ils sont incroyablement primitifs. Puis leur musique est devenue de plus en plus expérimentale. De même pour les Beatles : il suffit d’écouter la manière dont ils enregistraient leurs premiers disques. Mais j’adore Radiohead, un des groupes que je préfère ces dernières années. Leurs chansons sont entêtantes, mélodiques, mais leur production est si expérimentale… . J’ai reçu leur dernier disque hier (ndlr : nous sommes à l’avant-veille de la sortie de Kid A). J’ai juste eu le temps de l’écouter une fois, alors je ne peux pas donner d’avis mais c’est…

Incroyablement expérimental…
Mike :
Oui, c’est la première chose qui m’a frappé : la musique n’est plus basée sur des chansons. Même OK Computer reste centré sur de superbes mélodies. Mais il faudrait que je le creuse au moins une vingtaine de fois avant de me faire une opinion. Steven, vous devriez tout faire pour tourner avec ces gars, ce serait la tournée ultime ! Vous avez tant en commun !
Steven : Absolument, le problème est que tout le reste du monde veut faire leur première partie ! C’est le meilleur groupe pour vous légitimer et vous faire connaître…
Mike : Vous devriez essayer, s’ils vous découvrent…
Steven : Je sais qu’ils s’intéressent à tout, qu’ils sont très ouverts, mais je ne pense pas qu’ils soient très chauds pour….
Mike : Un groupe de progressif…
Steven (las) : Oui, et pourtant, il est évident que nous avons des choses en commun. C’est comme ça que les choses fonctionnent en Angleterre…
Mike : Je connais ça… L’Angleterre est notre pire marché (ndlr : ce n’est pas la première fois que Mike se plaint de l’accueil du public anglais). Jusqu’à récemment, nous avons souffert de cette catégorisation, du « classic rock »… Les magazines de metal nous avaient bannis de leurs colonnes du fait de notre côté technique et de leurs a priori contre le progressif. L’Angleterre est d’ailleurs toujours réticente nous concernant.
Steven : Je m’en suis rendu compte en voyant à quel point le succès de Dream Theater était énorme en dehors de mes frontières !

MARILLION « Under The Sun » (Radiation)

Mike (10 secondes) : C’est Marillion !
Steven (surpris) : Ah bon ?!
Mike : Oui, j’aurais de toute façon trouvé avec la voix de Steve Hogarth !

Steven, tu les as produits sur Marillion.com
Steven :
C’est justement à cause de ce que nous venons d’écouter qu’ils m’ont demandé de les produire ! Ils souhaitaient avoir un meilleur son que sur Radiation, plus ouvert, avec plus de texture, c’est pourquoi ils ont fait appel à moi. Je n’avais d’ailleurs jamais écouté cet album auparavant.

Tu serais intéressé par le fait de produire d’autres artistes ?
Steven :
Je viens de terminer la production de deux nouveaux artistes, Opeth, un groupe de dark metal progressif suédois (ndlr : il s’agissait à l’époque de l’album Blackwater Park). Un groupe fabuleux ! Tu les connais ?

Oui…
Steven :
Vraiment extraordinaire ! Vraiment sombre ! Et j’ai produit un album de jazz réalisé par la fille du saxophoniste Jan Garbarek, qui sortira l’année prochaine (ndlr : Smiling and Waving d’Anja Garbarek).

Quant à toi Mike, tu as une longue histoire commune avec Marillion…
Mike :
Je suis fan de Marillion depuis le Script For A Jester Tour, avec lequel ils ouvraient pour Rush. Je les suis donc depuis le début. Dream Theater a ouvert pour eux aux Etats-Unis lors des premières dates avec Steve Hogarth. Puis Steve Rothery et Steve Hogarth ont joué avec nous au Ronnie Scott en 1995 et Pete Trewavas joue avec moi au sein de Transatlantic. Il y a plus que de simples connexions musicales avec Marillion. Misplaced Childhood et Clutching At Straws sont des albums qui me sont très chers, deux de mes favoris. Ils ont eu une grande influence sur mon travail de parolier pour Dream Theater. Et j’apprécie également la période Hogarth. Nous avions parlé de tourner ensemble… Je ne sais pas si cela se fera un jour, mais j’aimerais vraiment beaucoup.

SLAYER “Guilty” (Undisputed Attitude)

Mike : Slayer, une reprise non ?

Oui, une reprise punk sur l’album Undisputed Attitude.
Mike :
J’ai trouvé grâce à la voix de Tom Arraya !

Steven, j’ai été surpris d’apprendre que tu appréciais ce genre de musique !
Steven :
Reign In Blood est un de mes albums favoris…
Mike : De même pour moi…
Steven : Les gens ont l’habitude de t’appréhender par rapport à la musique que tu joues, ce qui explique cette référence à Pink Floyd. Miles Davis est mon artiste favori, mais on ne retrouve rien de Davis dans Porcupine Tree. On a en commun avec Slayer ce côté un peu miteux (rires) !
Mike : Pas besoin d’aller chercher si loin pour moi (rires) ! On retrouve ce côté thrash dans mon jeu, ce qui fait la puissance de Dream Theater, qui vient aussi du jeu de John Petrucci. J’avais l’habitude d’utiliser des parties de Slayer dans mon solo de batterie il y a quelques années. On a fait quelques shows avec eux, dans des festivals en Allemagne, en Finlande et au Brésil. Dream Theater peut jouer avec Slayer, Pantera et Megadeth, tout comme il le peut avec Elton John, Rod Stewart… De telle sorte que nous sommes amis avec tout le monde… et personne en même temps (rires) !

Ici, le journaliste met involontairement la cassette sur l’autre face… Steven : C’est A Perfect Circle, n’est ce pas ?

Exact. En fait j’ai hésité à l’inclure car si je sais que Mike est un grand fan de Tool, je ne savais pas ce qu’il en était pour toi…
Steven :
j’adore, ils sont fascinants !

Ils ont fait la meilleure vente aux Etats-Unis pour un premier album !
Steven :
Mieux que Britney Spears ? Ca m’étonne, je ne les croyais pas aussi bon (rires) !

KING CRIMSON « Into The Frying Pan » (The ConstruKction of Light)

Steven (5 secondes) : King Crimson, The ConstruKction Of Light. C’est un album affreux !
Mike : Je les ai adoré avec Tony Levin et Bill Bruford. Depuis qu’ils ont quitté le groupe, King Crimson m’intéresse moins. Mais j’adore leur album Thrak.
Steven : Je trouve que King Crimson est un peu… fatigué sur cet album. Ce que j’ai toujours adoré avec KC, c’est qu’à chaque fois qu’ils faisaient leur retour, ils se réinventaient complètement, de leur premier album à Islands, puis Red qui va dans une direction complètement différente, puis les années quatre-vingts… Et lorsqu’ ils sont revenus avec Thrak (ndlr : en 1994 et 1995), ils proposaient une sorte de mélange de tout ce qu’ils avaient fait auparavant, sans toutefois être aussi innovateurs. Je travaillais avec Robert Fripp peu de temps avant qu’il ne sorte cet album, et il me disait que les groupes qui marchaient à l’époque, comme les Red Hot Chili Peppers, s’étaient inspirés de lui en jouant cette sorte de funk metal. Il était vraiment déçu, me disait que King Crimson avait beaucoup d’influence sur ces groupes, Primus également, mais qu’il n’aurait jamais le même succès au Billboard… Il a sorti cet album avec tous ces synthés, ces percussions électroniques, avec des influences drum & bass, presque techno. Vous connaissez les ProjeKcts ? Je trouve que le groupe paraît beaucoup plus vivant sur ces disques que sur The ConstruKtion Of Light, qui est bien trop mathématique, trop Fripp. Les ProjeKcts ont beaucoup plus de personnalité, alors que Crimson semble avoir perdu un peu de l’esprit qui l’animait.

Fripp a également une conception intéressante de l’industrie musicale, contre laquelle il est en lutte avec sa propre maison de disques, Discipline Global Mobile
Steven :
Absolument ! Il en avait besoin, avec tout ce qu’il produit ! Dix albums de soundscapes (ndlr : musique ambiante à base de guitares trafiquées), quinze albums de King Crimson improvisant en studio (rires) ! Ca en devient presque malsain (rires) ! Mais pour les fans, c’est fantastique ! Je n’en peux plus d’attendre les demos de The ConstruKction…, le mixage de The ConstruKction… (rires) !!! Parce qu’ils vont arriver, c’est sûr !!!

Pour conclure, Steven, pourrais-tu poser à Mike une question qu’il ne veut pas entendre ?
Steven :
Je ne sais pas… quand vas-tu me demander de produire Dream Theater (rires) ?
Mike : En vérité, c’est une bonne question, car j’adore la production de Steven, notamment sur les derniers Porcupine Tree, et également sur ceux de Fish. Je suis certain que Steven a toutes les capacités pour nous produire, mais Dream Theater est désormais très autonome. Aujourd’hui, John Petrucci et moi sommes capables de nous occuper de tout et j’adore avoir ce genre de… contrôle. Mais j’aimerais beaucoup travailler avec toi sur un projet type Transatlantic ou autre.

Peut-être le début d’une prochaine collaboration… (ndlr : c’est arrivé, sur le premier album éponyme d’OSI, et peut être dans le futur avec Mikael Akerfeldt d’Opeth) ?
Mike
: J’aurais adoré travailler avec Steven pour Transatlantic qui va où veulent bien l’emmener les membres qui y sont impliqués. Si le premier album est si progressif, si old school, c’est bien à cause des membres qui le composent. Au début, j’avais pensé à Jim Matheos de Fates Warning pour Transatlantic. S’il avait rejoint le groupe, ce dernier aurait été nettement plus orienté métal. De même, si Steven avait participé, la formation aurait évolué vers quelque chose de plus spatial et mélodique, vers du Pink Floyd (rires) ?!? Ce côté mélodique de Steven, cela aurait été fabuleux de le retrouver sur Transatlantic. L’idée était de regrouper les têtes pensantes de chaque groupe : Neal est le leader des Spock’s, Jim Matheos celui de Fates Warning, Roine pour les Flower Kings…

Et tu as devant toi un leader également !
Mike :
Et un fabuleux guitariste, compositeur, chanteur, producteur… Steven avait vraiment le profil idéal pour un tel projet .

Et toi Mike, as-tu une question pour Steven qu’il ne voudrait pas entendre ?
Mike :
Steven, veux-tu rejoindre Transatlantic (rires) ?
Steven : Est-ce un projet centré sur un album, ou prévoyez-vous d’en faire un autre ?
Mike : Il était prévu de n’en faire qu’un, mais le premier a eu un tel succès et s’est tellement bien vendu que tout le monde veut en faire un nouveau.
Steven : Et bien alors… pourquoi pas (rires) !

Propos recueillis par Djul

site web Dream Theater : http://www.dreamtheater.net
site web Porcupine Tree : http://www.porcupinetree.com

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