Porcupine Tree

15/12/2007

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Par Djul

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CONCERT : PORCUPINE TREE

  Artiste : Porcupine Tree
Lieu : Paris, L’Olympia
Date : 3 décembre 2007
Photos :Djul

Qui aurait cru, il y a presque dix ans lorsque Porcupine Tree investissait pour la première fois une salle parisienne (contenant une centaine d’initiés), que son nom s’inscrirait en lettres de néons sur la façade de l’Olympia ? C’est ce rêve pas si stupide qui s’est réalisé le 3 décembre dernier.

Set-list Anathema : Fragile Dreams – Empty – A Simple Mistake (nouveau titre) – A Natural Disaster – Angels Walk Among Us (nouveau titre) – Closer – Flying – Hindsight (nouveau titre instrumental)

C’est donc avec émotion, sans doute partagée par ceux qui ont connu le groupe avant sa signature sur une major, que nous avons descendu le long couloir tapis de rouge de la célèbre salle parisienne. Au bout de celle-ci, une première confirmation : la salle est configurée sans les sièges et n’est pas loin d’être pleine alors même qu’Anathema n’a pas entamé son concert ! Une performance qui ne peut s’expliquer par le seul fait que Porcupine Tree ne propose à ses fans qu’une seule date en France (à part Toulouse, fin novembre) : les Anglais de Liverpool peuvent en effet aussi revendiquer (un peu) du succès de la soirée.

Anathema mérite les honneurs, en dépit de la galère des labels aux abonnés absents depuis plusieurs années (voir à ce sujet notre entretien de 2005). Le public est chaud lorsque le quatuor monte sur scène pour débuter un « Empty » rageur. Peut être conscient des accointances progressives d’une partie de l’assistance, Anathema propose ensuite « Closer », longue transe au vocoder toujours aussi hypnotisant avant que Lee Douglas, véritable cinquième membre, ne fasse son entrée sur « A Natural Disaster », histoire d’assombrir davantage l’ambiance par ses magnifiques lignes vocales pleine de mélancolie et rallongées a capella pour l’occasion. Une performance qui a laissé pantois son acolyte au chant sur le titre, Vincent Cavanagh, et justifiée sur le nouveau morceau, « Angels Walk Among Us », à mi-chemin entre Eternity (pour la guitare en stridence et en roue libre de Danny Cavanagh, dont les cheveux ont visiblement eu une nouvelle poussée incontrôlée !) et Alternative 4 (instrumentation semi-acoustique). Du Anathema pur jus qui emballe définitivement la salle, avant que la pression ne retombe à nouveau sur l’émouvant « Flying », où l’interaction entre les deux frères semble effectivement relever de la génétique. Le groupe termine sur un nouveau titre instrumental, « Hindsight », basé sur un lénifiant discours sur les vertus de l’amour autour duquel une trame à la Mogwai se développe. Sympathique mais pas fondamental, vu tout le répertoire qu’on aurait pu attendre du groupe, visiblement ému de retrouver les planches de Paris dans un contexte aussi favorable, au point de prendre une photo souvenir du public.

Set-list Porcupine Tree : Introduction – Fear of a Blank Planet – What Happens Now – The Sound of Muzak – Lazarus – Anesthetize – Open Car – Dark Matter – Blackest Eyes – Cheating the Polygraph – A Smart Kid – Way Out Of Here – Sleep Together – Rappel : Waiting – Trains – Halo

C’est au tour de Steven Wilson de savourer ce moment rare, après que Kate Bush ait rythmé la pause et qui aura ainsi permis à ceux qui ont eu la bonne idée d’aller au stand de merchandising de discuter avec Anathema. Avant même que le concert ne débute, Internet avait déjà causé ses habituels ravages sur le fameux « mystère de la set-list », et nous savions que les surprises seraient limitées. Face à un auditoire avant tout venu pour écouter des extraits des trois derniers albums, Porcupine Tree a joué la sécurité renforcée. Il a suffi de croiser le concert parisien de 2005 avec celui de cet été pour retrouver la quasi-totalité des morceaux interprétés ce 3 décembre, à l’exception bien entendu de ceux tirés du récent EP Nil Recurring à paraître en France le 18 février prochain.

« Fear of a Blank Planet » ouvre les hostilités avec énergie. Le groupe prend son public à revers dès le second morceau, avec l’excellent « What Happens Now », dernier titre de Nil Recurring, qui propose une étonnante synthèse des genres abordés par Porcupine Tree au cours de sa carrière, flirtant entre le psychédélisme des débuts et la dynamique d’aujourd’hui. Un choix bien plus pertinent que celui d’interpréter, un peu plus tard, « Cheating the Polygraph », qui est non seulement le titre le plus faible de l’EP en question, mais aussi de toute la période « moderne » du groupe : on aurait mille fois préféré entendre « Normal », la relecture intelligente de « Sentimental », qui elle-même contenait une auto-citation de… « Trains » ! Le public ne s’y est pas trompé, réservant l’accueil le plus froid de la soirée à ce morceau. Tant pis.

Le reste du concert continue d’osciller entre les « tubes » et les « vieilleries ». Dans la première catégorie, on notera « Lazarus », dédié par Wilson à ses parents présents dans la salle, et « Anesthetize », qui confirme toute sa force en concert, notamment sur sa partie centrale sur laquelle le groupe semble vraiment lâcher les brides, comme il le faisait lors de leur tournée précédente sur l’épique « Arriving Somewhere… But Not Here ». Il est vrai que l’excellent film qui l’illustre, commence par la description d’un paysage urbain en « accéléré / décéléré » pour se terminer par un Voyage 34 visuel (avec ses pilules virevoltant dans tous les sens !) et contribue beaucoup à s’immerger dans ces quinze minutes de folie. Comment ne pas citer également « Way Out of Here », sur lequel John Wesley remplace Steven Wilson sur le refrain, porté par une nouvelle séquence vidéo tirant vers le glauque ? Dans la catégorie « grenier », dont certains auraient voulu qu’elle soit plus à l’honneur (les demandes du public étant ironiquement rejetées par Wilson), on notera le retour d’un ancien classique, « A Smart Kid », qui nous rappelle l’époque où le nom du groupe était toujours accolé à celui de Pink Floyd, ainsi que de « Dark Matter », un morceau encore plus rare qui a subi de plein fouet la « modernisation » du son de Porcupine Tree (à traduire par « saturation »).

Après un détour en coulisses, c’est l’heure du rappel au son de la batterie de Gavin Harrison, et cette introduction ne trompe pas : c’est bien « Waiting » qui débute, petite perle de mélodies et de « groove », qui se déhanche au son de la basse de Colin Edwin. On notera également quelques nouveaux arrangements aux claviers proposés par Steve Barbieri et un solo encore plus épileptique de Wilson. Une relecture du passé moins brutale que « Dark Matter » ou, plus tôt dans l’année, « Sever ». Ce fut la dernière surprise de la soirée, et Porcupine Tree reprend le chemin de sa tournée européenne sur des rails avec « Trains », toujours affublé d’un passage final permettant à Steven Wilson de se rapprocher un peu du public, puis « Halo », morceau efficace et ramassé pour conclure sur quelques décibels de plus.

C’était ainsi la dernière occasion pour le public français de voir le groupe sur scène avant un certain temps, même si cela reste à confirmer : d’un côté on parle d’un album solo de Wilson, et de l’autre, ce dernier promet à la fin du concert un retour de son groupe principal l’an prochain. Toujours est-il que l’on reste quelque peu déçu par ce concert événement, qu’il ait eu lieu à si brève échéance après le précédent en juillet dernier, ce qui a eu pour conséquence une trop grande proximité des set-lists et un petit manque de fraîcheur. Mais ne boudons pas notre plaisir. Ce fut un grand concert et surtout une belle victoire de stakhanoviste pour Wilson, qui n’aura pas ménagé ses efforts pour son groupe depuis plus de quinze ans.

Djul

site web : http://www.porcupinetree.com

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