ENTRETIEN : OPETH

  Origine:Suède
Style : death metal progressif
Formé en :1990
Composition :
Mikael Akerfeldt – chant, guitares
Fredrik Akesson– guitares
Martin Mendez – basse
Martin “Axe” Axenrot – batterie
Per Wiberg – claviers
Dernier album : The roundhouse tapes (2007)

Avant les repas pantagruéliques des fêtes de fin d’année, rien de tel qu’un entretien gargantuesque avec le mentor – Mikael Akerfeldt – de la formation suédoise qui monte, qui monte, pour se donner le cœur au ventre nécessaire afin d’affronter les durs frimas de l’hiver. Le passé et l’avenir de la formation scandinave sont passés en revue sans oublier le présent : la parution du double album en public The Roundhouse Tapes.

Progressia : Comme un album en public sert de bilan à un moment donné d’une carrière, rétrospectivement comment considérez-vous l’évolution du groupe depuis votre premier album Orchid paru en 1995 ?
Mikael Akerfeldt :
J’aime à penser que nous sommes meilleur groupe maintenant qu’alors. Beaucoup de ces compositions sonnent vraiment comme des premières chansons à mes oreilles aujourd’hui. J’aime toujours ce matériel mais je me sens manifestement davantage en connexion avec ce que nous produisons aujourd’hui. Cela fait déjà treize ans que nous l’avons sorti. Nous avons toujours le même intérêt à expérimenter mais je pense que nous avons un peu plus de finesse dans notre son à présent. (NdlR : C’est le moins que l’on puisse dire !)

Qu’est-ce qui a motivé l’écriture d’un album si différent du reste de votre discographie comme Damnation en 2003 ?
J’étais déjà dans le trip prog rock et rock psychédélique bien avant d’avoir écrit notre premier album et cela faisait donc longtemps que mijotait l’idée de publier un CD qui reflète ces goûts. Je voulais juste faire quelque chose dans la veine de Camel, Wishbone Ash ou encore les premiers Rainbow. J’écoute aussi une quantité non négligeable d’artistes obscurs qui m’ont énormément influencé mais j’ai toujours aimé les chansons qui sonnaient comme celles des groupes cités.

Avez-vous prévu de publier une version audio de votre DVD en public Lamentations paru en 2003 ?
Non. Il était simplement prévu de sortir un DVD. Pourtant, il paraît qu’il est récemment resorti sous la forme CD et que c’était globalement relativement peu soigné mais je ne l’ai jamais entendu.

Votre dernier album en date Ghost Reveries (2005) a-t-il obtenu un bon succès critique et commercial?
Oui. Je dois admettre que nous avons toujours eu de bonnes critiques et le dernier disque n’a pas fait exception, bien au contraire ! Il s’est mieux vendu que n’importe lequel de nos albums précédents. Je crois que les ventes ont même doublé par rapport à Damnation.

Beaucoup d’auditeurs de cet album sont « entrés dedans » quelques mois après sa parution. Ce fait est d’ailleurs confirmé par certaines réactions de lecteurs sur notre forum. Comment expliquez-vous cela ? Est-ce un album plus complexe que les précédents ?
Je ne sais pas. Ce n’est certainement pas un album d’easy listening, je pense qu’il nécessite une grande concentration, mais je ne suis pas sûr qu’il s’agisse de notre disque le plus « dur » à pénétrer.

Le Ghost Reveries Tour fut-il un succès ?
Oui, je dirais que ce fut le cas. Nous n’avons pas perdu d’argent, ce qui est déjà un pas vers la bonne direction. Nous avons donné plus de deux cents concerts et tourné pendant dix-neuf mois tout autour du monde.

Revenons à votre double album en public (The Roundhouse Tapes), comment avez-vous choisi les titres qui devaient y apparaître ?
Nous voulions simplement y mettre des chansons qui n’étaient pas sur notre dernier produit en public, ainsi qu’un choix solide bien représentatif des titres que nous jouons régulièrement en concert. Comme si c’était la bande-son d’un concert régulier d’Opeth.

Où cet album a-t-il été enregistré et pourquoi ? (NdlR : « Une référence à Iron Maiden ? »)
J’ai naturellement choisi le titre comme référence manifeste à Iron Maiden. Il a été enregistré dans une salle célèbre du Royaume-Uni appelée The Roundhouse. Beaucoup de mes groupes favoris des années soixante et soixante-dix y ont joué. Elle a donc de bonnes vibrations.

Pourquoi cet album est-il sorti chez Peaceville et non chez Roadrunner, votre maison de disques actuelle ?
Nous avons un contrat avec Roadrunner qui stipule que nous pouvons produire un album en public librement, de notre propre chef, et c’est ce que nous avons fait. Nous avons conclu un contrat avec Peaceville qui le voulait avec empressement et ce fut une affaire intéressante pour nous.

Est-ce qu’une version vinyle est prévue ?
Oui, bien sûr.

Nous avons quelques questions concernant vos futurs plans : Quand est prévu la sortie du prochain album ?
Nous sommes au studio en ce moment.

Est-ce que Steven Wilson en sera le producteur attitré ?
Non.

Qui remplacera Peter Lindgren (guitares) et Martin Lopez (batterie et percussions) ?
Lopez a été remplacé par Martin Axenrot de Witchery, Satanic Slaughter et Nifelheim. Peter a été remplacé par Fredrik Akesson de Talisman, Arch Enemy et Krux.

Ces départs impliquent-ils le fait que vous allez devenir le seul auteur / compositeur du groupe ?
Hum, c’est déjà le cas depuis le début. Peter n’a rien écrit depuis dix ans et je suis l’auteur principal de l’essentiel du matériel depuis les premiers jours du groupe. Pour le prochain album, j’encourage volontiers les autres à montrer leurs idées et leurs riffs. Idem pour notre claviériste Per.

En termes d’évolution, Opeth a toujours été partagé entre deux tendances : est-ce que le groupe décidera finalement de suivre la voie du metal ou celle du rock progressif ? Et vocalement, allez-vous aussi opter pour la voix claire ou les chants gutturaux ?
Je pense que nous serons toujours dans une région que nous appelons « bonne musique ». Je me sens à l’aise avec cette musique-là. Les vocaux seront un mix des deux styles que vous évoquez dans votre question. J’aime toujours hurler mais je parviens à mieux faire passer des émotions avec une façon plus naturelle de chanter.

Les claviers seront-ils plus présents dans le futur, comme ils l’étaient déjà sur Ghost Reveries ?
Oui il y aura davantage de passages de claviers. J’aime le mellotron, le Fender Rhodes et le piano ainsi que les orgues, épinettes et autres clavecins.

Pour conclure, nous avons quelques questions de nos lecteurs : Pensez-vous sortir une fois un véritable « unplugged » album incluant des versions acoustiques de divers titres de votre répertoire, y compris les plus heavy ?
Hum, je n’ai jamais pensé à ça jusqu’à présent. Mais c’est peut-être une bonne idée !

Vous avez été impliqué dans le projet Crimson d’Edge of Sanity, un disque culte. Seriez-vous intéressé à écrire un genre d’album semblable dans le futur ?
Pas vraiment. Cela a été fait. Au moment où Dan (NdR : Swanö) faisait ce disque, j’étais également en train de penser à un album qui ne contiendrait qu’une seule chanson… mais il m’a pris de vitesse. Maintenant ça paraîtrait un peu « réchauffé » de proposer un projet comme celui-là et je n’aime pas trop me tourner vers le passé.

A quand un véritable travail (autre que des aides ponctuelles) entre Porcupine Tree et Opeth ?
Cela dépend de ce que vous entendez par « travail ». Un projet naîtra forcément un jour ou l’autre mais je ne sais pas quand.

Est-ce que le projet Portnoy / Akerfeldt / Wilson se matérialisera enfin ?
C’est ce que j’espère.

Que pensez-vous du dernier album de Porcupine Tree Fear of a Blank Planet ?
C’est un de leurs meilleurs albums avec Stupid Dream et The Sky Moves Sideways. De toute façon, j’aime tous leurs albums !

Et le dernier Radiohead (In Rainbows) ?
Je ne l’ai encore pas écouté mais j’imagine qu’il est excellent.

Est-ce que votre manière de jouer, qui est très fluide, est inspirée d’un guitariste en particulier, Mark Knopfler par exemple ?
Je l’adore. Il est très sous-estimé par les guitaristes d’aujourd’hui. C’est un musicien très sensible et c’est ce que j’aime personnellement.

Progressia félicite le futur papa et espère vous revoir dans un futur proche.
Je suis déjà père depuis 2004 mais je viens d’avoir une autre fille. Merci beaucoup !

Propos recueillis par Christophe Gigon

site web : http://www.opeth.com

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