Awake - Illumination

Sorti le: 08/11/2007

Par Julien Damotte

Label: Lion Music

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Si les dix commandements du metal progressif existaient, l’un d’entre eux pourrait être : « D’un groupe qui se nomme Awake tu devras te méfier ». En effet, tout combo de metal prog qui se respecte s’est forcément inspiré de cette pierre angulaire du style, et donner le nom de cet album à son groupe, en plus de paraître prétentieux, pourrait laisser penser que ce groupe va sonner comme une pâle copie du maître, Dream Theater. Pourtant, la musique d’Awake n’a pas grand-chose à voir avec le disque du même nom. Ce groupe anglais humblement annoncé comme «  es sauveurs du metal progressif britannique » et « le Evergrey anglais », sont plutôt allés puiser (toute) leur inspiration chez leurs homologues suédois.

Dès le premier titre, « Disbelief », qui est d’ailleurs une assez mauvaise entrée en la matière tant il ne reflète pas le reste du disque, on a l’impression d’écouter un album d’Evergrey. La voix de Simon Shedwell est quasi-identique à celle de Tom Englund, tandis que les riffs et refrains viennent tout droit de l’univers des Suédois de Göteborg. Pour couronner le tout, comble du comble, l’album est produit, enregistré et mixé par Tom Englund lui-même! Et avec un solo de Hendrik Danhage en invité, autant dire que les Anglais ne cachent pas leurs influences, et c’est là bien le défaut majeur de cet album. Mais la véritable question posée par un tel album est : doit-on se mettre dans la peau de quelqu’un qui n’a jamais entendu Evergrey et apprécier Illumination pour ce qu’il est : un bon album de metal progressif à la production et interprétation très professionnelles ? Ou doit-on au contraire monter au créneau et fustiger un tel manque d’inspiration assumé ?

Dire qu’Illumination est un mauvais album sous prétexte qu’il ressemble de très près à tel ou tel groupe serait sûrement pousser le bouchon un peu loin. Les mélodies sont bien trouvées, les riffs sont très efficaces (ceux de « Retribution », « The Price to Pay » ou encore « Dream Within » pourraient illustrer la définition du mot riff dans un dictionnaire), le son est propre et les arrangements très travaillés. Pourtant, ces qualités indéniables constituent malheureusement autant de défauts. Les mélodies sont souvent pompeuses – les trois titres qui clôturent l’album ne donnent pas vraiment envie de réécouter l’album tant ils sont mièvres – et n’évitent aucun clichés. Les instrumentistes font quant à eux le strict minimum avec des soli sans originalité et presque bâclés (celui d’Hendrik Danhage sur « Forgiven Now Forever » n’échappe pas à la règle) et des claviers quasi-inexistants, noyés sous la guitare de Richard Hall (l’exemple le plus flagrant étant l’intro de « Dream Within », où les nappes en sont presque risibles). Les riffs de guitare, bien qu’efficaces, semblent parfois avoir été collé les uns aux autres de manière artificielle comme le pont de « Choices in Time » qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Enfin, cette production si propre et si léchée tendrait plutôt à desservir l’album en lui ôtant toute spontanéité et en amoindrissant l’efficacité de certains passages, avec par exemple une grosse caisse triggée à outrance, ou des sons de guitare trop compressés.

Personne ne peut reprocher à Awake d’avoir voulu bien faire pour son troisième album (le premier sous ce nom, puisque le groupe était connu sous le nom de Humanity). Mais à trop vouloir en faire au niveau production et surtout à trop vouloir afficher ses influences, un bon album comme Illumination perd toute sa saveur et tout son intérêt. Quel dommage…