E. Dean & The Wrong Object - The Unbelievable Truth

Sorti le: 08/11/2007

Par Mathieu Carré

Label: Moonjune Records

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Les ex-membres de Soft Machine occupent le devant de la scène. Après Hugh Hopper et Robert Wyatt, Elton Dean, disparu il y a maintenant bientôt deux ans revient donner un témoignage posthume de son éternelle recherche musicale. Enregistré à Paris en le 18 octobre 2005, quatre mois avant le décès du saxophoniste, The Unbelievable Truth sonne comme un dernier hommage. Accompagné de la formation dynamique et très prometteuse de The Wrong Object (basse, batterie, guitare électrique, trompette et saxophone ténor) aux membres de laquelle il rend les années d’écart par dizaines, Elton Dean répond présent et souffle dans les anches avec la même fougue que trente ans auparavant.

Venant d’une époque où le mélange des genres était la norme, Elton Dean trainait depuis cette polyvalence presque comme un handicap, trop proche du rock pour certains amateurs de jazz, trop abstrait pour d’autres aficionados des rythmiques carrées qui pouvaient même parfois fuir à la simple prononciation du mot « saxophone ». Sa musique n’en a pourtant jamais perdu sa cohérence, et alors qu’aujourd’hui Louis Sclavis est acclamé pour s’être entouré de jeunes gamins qui le bousculent et lui font rendre la moelle, cet album atteste que l’Anglais s’inscrivait dans la même démarche. The Unbelievable Truth, c’est avant tout le morceau éponyme, le premier de trois compositions du guitariste Michel Delville qui envoie sans ménagement les six hommes au front. Intentions guerrières, défi viril, basse grondante et cuivres à l’unisson, le combat s’installe sur tous les terrains. Si Elton Dean y perd son leadership qui s’exprimait sur ses compositions (« Seven for Lee » où son phrasé fait merveille et le trop sirupeux « Baker’s Treat »), il y gagne en revanche un réel esprit de groupe et une vraie ligne directrice.

Les trois morceaux de Delville sonnaient comme une merveilleuse promesse, ou même l’humour avait sa place (« Cunnimingus Redux » ou le titre de l’année !). Ce Wrong Object, ce soir là, était parfaitement dans le vrai et on espère avoir rapidement de leurs nouvelles. Mais la vérité la plus incroyable restera bien qu’Elton Dean s’en ira à peine quelques mois après ce concert, son enregistrement rendant hommage à l’éternelle jeunesse de ce saxophoniste parfois mésestimé.