XHOHX - Karyotypexplosion

Sorti le: 28/09/2007

Par Jean-Daniel Kleisl

Label: Autoproduction

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Les Belges sont fous ! Et si certains en doutent encore, qu’ils écoutent donc XHOHX. XHOHX est un duo avec, on ne l’écrira qu’une seule fois, Ramon Ribas Coca à la guitare et à la programmation (de la batterie principalement) et Oregolakatzor à la basse et aux onomatopées vocales, qu’on appellera plutôt borborygmes. On s’est laissé dire qu’un des deux s’appelle de son vrai petit nom Calo ! Ce qui est certain, c’est que nos amis de Sebkha-Chott ont maintenant de sérieux concurrents au titre de rois des barjots !

Le duo a sorti une démo cinq titres et Karyotypexplosion est son premier album. Selon eux, je cite, « XHOHX est né de la volonté de deux musiciens de faire table rase sur leur propre éducation musicale, fruit de la lobotomie judicieusement orchestrée depuis l’enfance. XHOHX évoque son propre univers dans l’esprit apolitique, révolutionnaire et progressiste des groupes de la No Wave et du Rock In Opposition ». Voilà, vous savez tout !

Il est quasi-impossible de parler de ce disque. Tout est cassures rythmiques, hurlements et haute technicité des instrumentistes. Tout est basé sur la volonté marquée de la recherche de l’originalité. De ce point de vue, Karyotypexplosion est une réussite ! L’on pourrait les situer entre un Present très metal et Magma pour certaines parties vocales. L’on pourrait ajouter certains groupes d’avant-garde comme Ruins ou Guapo. Mais on est encore loin de la réalité ! XHOHX fait du XHOHX et c’est là tout son mérite ! De plus, la production est loin d’être mauvaise pour un premier album autoproduit, à commencer par cette batterie programmée qui sonne plus vraie que nature, à l’exception des cymbales trop synthétiques.

Ce qui est plus problématique sur cet album, et c’est souvent le cas pour les musiques metal à tendances expérimentales, c’est qu’il est trop homogène ! Trop de cassures et de breaks intempestifs annihilent l’effet de surprise à la longue et, si l’on peut dire, abrutissent plus qu’ébahissent ! C’est particulièrement le cas du dernier morceau de près de quinze minutes, « Nukleark », qui est un résumé éprouvant de tout le reste de l’album, le reste de celui-ci étant composé de pièces courtes. Certes, le disque contient de petits passages plus calmes ou avec un accompagnement au piano des guitares furibondes mais le côté par trop lancinant de celui-ci – c’est la sensation que donnent toutes ces cassures et parties atonales – finit par lasser.

En fait, XHOHX se trouve dans la situation d’un (futur ?) tueur en série. Il vient de commettre son premier crime avec une précision chirurgicale, une violence inouïe et une originalité certaine. Mais, inexpérimenté, il a tué rapidement – trop rapidement – sa victime. Il lui manque juste de faire durer le supplice, de torturer lentement mais sûrement, à travers des temps morts, des montées en puissances, des tensions diaboliques (qui a osé penser à King Crimson ?). Là, XHOHX atteindra un niveau terrifiant. Peut-être un vrai batteur apportera-t-il ce côté qui manque actuellement au groupe ? To be continued…