Final Conflict - Simple

Sorti le: 21/09/2007

Par Jérôme Walczak

Label: Gaolhouse

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Ne jamais se fier à une pochette… Un petit bijou peut dissimuler un disque médiocre, tandis qu’un graphisme multipliant les accointances avec une brochure pour agence de voyage low cost cachera en réalité une pépite musicale.
C’est sans conteste à la seconde catégorie qu’appartient cet album de Final Conflict. Manifestement, le stagiaire Photoshop a dû cliquer sur toutes les options en même temps pour obtenir ce petit effet « irisation sur un machin blanc indéfinissable », et c’est exactement le genre d’œuvre impérissable qui ferait fuir n’importe quel amateur de néo-progressif, pourtant aguerri aux horreurs picturales régulièrement assénées par ses groupes préférés (ah, les pochettes de Cairo !)… Pourtant, céder à de basses considérations esthétiques pourrait bien faire passer à côté d’un très bon album de néo, ce qui n’arrive malheureusement plus si souvent.

Il y a pourtant de quoi prendre peur, à la première écoute, du fait des nappes de claviers sur battements de cœur qui introduisent l’album. Mais encore une fois, tout cela ne dure pas excessivement, et Final Conflict, assez rapidement, fait partager son professionnalisme et sa rigueur.

L’auditeur peut en effet être d’emblée rassuré : Final Conflict, c’est du solide. Ce groupe fait partie des « historiques » mais, en dépit d’une bonne vingtaine d’années d’existence, il n’a pourtant jamais réellement percé, tant le public progressif était alors orienté vers des Marillion omniprésents, des Genesis en évolution, des Pendragon naissants et des IQ au faîte de leur talent.
Cet anonymat persistant est réellement déplorable, parce que ce disque est de ceux qui permettent de passer un moment tout simplement agréable. Tout y est : la flamboyance, l’épique, les nappes de claviers qui n’en finissent plus, la voix dégingandée et des influences multiples conférant à cet album une structure en kaléidoscope, à qui les mauvais esprits reprocheront une trop grande hétérogénéité. Laissons-les à leurs jugements : franchement, tout cela passe très bien et on y revient bien volontiers.

Quelques morceaux valent que l’on s’y attarde, et un nom se glisse magiquement dans la cervelle à l’écoute de Simple : Mona Lisa. Ainsi, avec « Rebellion », on ne peut s’empêcher de penser à ce « La Peste » que le fabuleux groupe français avait livré il y a maintenant plus de vingt ans.
La grande réussite de cet album, c’est « The Janus » : un morceau qui eût pu être anthologique s’il avait été composé… il y a vingt-cinq ans. D’abord, une introduction au piano classique, quelques sifflotements, une voix juste. Tout cela dure au moins deux minutes et… Brusquement, tout s’accélère, tout s’emballe, pour sombrer dans la folie. On entre dans le monde de Freaks, les images s’entrechoquent, toute la magie du rock progressif est à l’œuvre ! Welcome to the show !
Rires sardoniques en bruit de fond, voix virevoltantes, et aux yeux comme aux oreilles apparaissent et s’évanouissent mille jongleries musicales, entre « Master of Illusion » de Pendragon et « Incommunicado » de Marillion. Quant au final, c’est une batterie de frissons qui vous pénètre : la guitare arrive à point nommé, le refrain est devenu hypnotique. Que dire de plus ? Une réussite totale.
D’autres morceaux sont aussi de fort belle facture : « Channel 8 » dont l’introduction rappelle le « I know what I like » de Genesis, « Pangea’s Child », plus « Lucassenien », ou le délirant « All Alone », lui aussi très proche de Mona Lisa.

Evidemment, on reste dans un monde bien néo et cet album, qui pourra être rapproché des plus grands classiques de Pendragon, avec un soupçon d’Arena « époque Pharaon » (Songs from the Lion Cage et Pride) remplit parfaitement son rôle : c’est beau, c’est grand, c’est majestueux, c’est de la musique qui s’écoute avec les tripes, et qu’on savoure, magiquement.
Finalement, ce qui manque à cette pochette, c’est peut-être un ou deux Arlequins, quelques cartes à jouer, trois grelots et des arcs en ciel…