Yeti Rain - Discarnate

Sorti le: 15/09/2007

Par Jean-Philippe Haas

Label: Unicorn Digital

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Yeti Rain est le fruit d’une rencontre entre Roger Ebner et William Kopecky. Mais inutile de tenter d’identifier la musique de ce duo instrumental à partir de ces références. Si William Kopecky est bien l’un des trois frères officiant dans le groupe du même nom – et dans beaucoup d’autres (Par Lindh Project, Far Corner, Parallel Mind…) – Discarnate a autant à voir avec Blood que Kitaro avec Metallica.

Yeti Rain est un projet instrumental de dark ambient (sic). Munis principalement d’un synthétiseur à vent et d’une basse fretless, Ebner et Kopecky développent sur Discarnate des ambiances irréelles, sombres trames sonores habitées de mélodies éthérées et inquiétantes. Composés de manière spontanée et improvisée, les sept titres de Discarnate ont tout d’un voyage sous influence psychotrope et pourront servir de fond sonore à une partie de Call of Cthulhu ou à un train fantôme.
On cherche en vain les variations et autres digressions inattendues : Discarnate est d’une linéarité incroyablement ennuyeuse, d’une remarquable constance dans sa faculté à apprivoiser le sommeil, d’une monotonie instrumentale qui relève de l’avant-gardisme ! A peine aura-t-on encore, après une demi-heure de léthargie, la force de dresser l’oreille pour saisir au vol quelques notes de tambura sur « Sea of Endings » et de zapper « The Prophets’Needle », qui déroge à la règle du calme plat en infligeant d’insupportables aigus.

Quel est donc le propos de ce duo d’hypnotiseurs ? Repousser les limites de l’ambient par la recherche d’un minimalisme minimaliste ? Se lancer sur le marché de la bande originale du film expérimental ? Démontrer qu’il existe bel et bien des labels suicidaires ? Quoiqu’il en soit, il convient de saluer Unicorn Records pour sa prise de risque ainsi que les deux compères pour l’audace de leur démarche. Discarnate restera sans doute pendant longtemps un référentiel de la bizarrerie, à défaut d’autre chose.