Alkimya - The Other Side

Sorti le: 01/09/2007

Par Mathieu Carré

Label: Brennus Music

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Alkimya n’est pas le nom du dernier anxiolytique disponible mais celui d’un groupe qui s’attaque au marché -également très concurrentiel – du métal progressif. Originaires de la région toulousaine, les quatre instrumentistes ont connu la douleur de perdre le chanteur-fondateur Jérome Semmartin au cours de l’année 2006. Pierre Placines fait donc ses débuts dans un contexte peu enviable sur cet album, chanté entièrement en anglais à l’exception de l’ultime morceau, souvenir des derniers travaux de Semmartin.

Bien mise en valeur par un équilibre idéal entre les musiciens et une production irréprochable, la voix de Placines convainc immédiatement. Si tous les groupes débutants citent Led Zepellin au sein de leurs influences, peu sont ceux qui possèdent dans leurs rangs un chanteur capable par bien des moments de soutenir la comparaison avec Robert Plant. Usant (voire abusant) d’un timbre rocailleux très agréable, le nouveau venu fait forte impression. Sur « Fatal Attraction », « Martyr Child » et sur le final de « Forgotten People », la symbiose avec les effluves grasses déployées par le groupe étonne positivement, mais après tout, Alkymia, ne signifie pas alchimie pour rien…

Honnêteté, technicité, énergie brute maîtrisée sans esbroufe, Alkimya possède toutes les qualités – plutôt rares – d’un bon groupe de heavy metal. Leur malheur sera donc d’être un groupe de metal-prog, et en conséquence de se heurter brutalement aux canons de cette spécialité. C’est un peu étrange à écrire, mais ils ne sont probablement pas assez arrogants pour atteindre leurs objectifs, et tous les passages quasi-obligés du genre, de la ballade nonchalante, aux nappes de clavier « claydermaniennes », en passant par l’incontournable morceau-fleuve à tiroir en trois partie (« The Other Side », néanmoins admirablement conclu) relèvent un peu plus de l’imitation d’idole que du défi à armes égales. Impression confirmée par la trop propre reprise de l’immense « Kashmir », qui n’ apporte rien à l original sinon la possibilité offerte à Pierre Placines de se mesurer à son modèle (NdR : en matière de reprise de « Kashmir », essayez plutôt la venteuse relecture à la fanfare des français de Quelques Fiers Mongols qui vaut son pesant de soie précieuse).

On reste donc un peu sur sa faim avec The Other Side, et ce en dépit d’indéniables qualités. Les amateurs du genre ne devront néanmoins pas passer à coté d’une écoute de cet album très bien produit qui fait honneur au travail des cinq membres du groupe. Pour les autres qui ne sont pas mordus de métal progressif, il faudra encore attendre un peu le déclic. Et en ce qui concerne les productions futures, Alkimya a encore de très bonnes choses à nous offrir, probablement en insistant plus sur leurs points forts qui sont nombreux. Pour résumer, le grand philosophe André Manoukian aurait probablement conclu par un sémillant : « Moins de branlette, (encore un peu) plus de coucougnettes !! ».