ENTRETIEN : ANGE

  Origine : France
Style : Rock progressif
Formé en : 1969
Composition :
Christian Décamps – chant, clavier, guitare acoustique
Tristan Décamps – chant, claviers
Caroline Crozat – chant
Hassan Hajdi – guitares, chœurs
Thierry Sidhoum – basse
Benoît Cazzulini – batterie, percussions
Dernier album : Le tour de la question (2007)

Entretien avec Christian Décamps, capitaine du navire Ange depuis plus de trente-cinq ans. Le Père Décamps, très bavard en cet après-midi ensoleillé de juin, parle du dernier disque en public en date, Le tour de la question, de la formation actuelle d’Ange, du prochain album prévu pour l’automne ainsi que de… Porcupine Tree. L’entretien, franchement amical, avec un Christian volubile et apparemment très heureux de répondre à nos questions, dût être momentanément interrompu, pour une raison toute champêtre…

Progressia : Le « nouvel Ange » a remplacé l’« ancien Ange » après la tournée d’adieu de 1995, astucieusement nommée Un p’tit tour et puis s’en vont. As-tu encore des contacts avec les membres originels de la formation ?
Christian Décamps :
Oui, mais pas avec tout le monde. Je ne vois mon frère (Ndlr : Francis, claviériste originel du groupe) que lors des réunions de famille. Jean-Michel Brézovar (guitariste) habite dans le sud, est chef-jardinier dans une résidence de retraités et continue de gratouiller un peu. Daniel Haas (bassiste) est celui avec qui je suis resté le plus en contact. Il possède un magasin de musique à Vesoul et donne des cours de guitare. Je ne vois plus vraiment Gérard Jelsch (batteur originel), qui joue avec mon frère dans un groupe appelés Gens de la lune. Jean-Pierre Guichard (autre batteur du groupe de la première époque) donne des cours de batterie à Belfort.
C’est à ce moment-là que Christian met un terme momentané à notre entretien téléphonique suite à l’invasion soudaine de vaches dans sa cour. En effet, Christian Décamps vit à la campagne, dans le calme et la quiétude.

Existe-t-il une trace filmée de la tournée d’adieu de 1995 avec les membres originels du groupe ?
Non, il n’existe que des enregistrements amateurs. Seule la version audio a été enregistrée professionnellement. C’est ce qui a donné Rideau et le second volume A…Dieu, même si j’aurais préféré que ces deux enregistrements d’un même concert sortent sur un seul et même disque. Mais cela n’a pas pu voir le jour pour d’obscures raisons de droits d’auteur. Il existe cependant un objet en édition limitée qui réunit les deux albums et qui s’appelle Un p’tit tour et puis s’en vont. L’idée était de montrer aux gens que je faisais encore un petit tour avec eux (les membres de l’ancien Ange) puis que je continuerai sans eux après cette tournée d’adieu, qui n’en était pas vraiment une d’ailleurs puisque le groupe n’a jamais cessé d’exister. C’était la tournée d’adieu de cette formation-là. Ce double album va ressortir chez Musea l’année prochaine, avec les titres dans l’ordre d’exécution en public pendant la tournée.

Ange est l’un des rares cas de groupe qui a survécu malgré un changement intégral des membres de la formation, et ce en une seule fois. Pourrait-on imaginer qu’Ange continue même sans le Père ?
Oui, je souhaite qu’après moi, le bateau, même sans le capitaine actuel, poursuive sa route. Mais je continuerai jusqu’à mon dernier souffle ! Tant que la passion et le physique seront là. Mon fils ou un autre pourrait reprendre la barre. On est deux groupes en France à souhaiter cette pérennité, même amputée du capitaine : c’est Christian Vander, de Magma et moi-même. On en a d’ailleurs parlé ensemble lors du festival de Bonneville en Suisse, il y a quelques années, où nous partagions la même affiche. Magma et Ange sont des patrimoines musicaux qui voyagent dans le temps. Peugeot a bien réussi avec les voitures ! Mais ce principe n’est pas bien vu par les gens du show-biz parisien. Ange, pour eux, reste un groupe baba. C’est une musique qui n’intéresse pas les médias. Seuls les gros groupes internationaux comme les Stones ou Genesis bénéficient d’une couverture médiatique digne de ce nom. Je suis déçu par le système. Mais je ne supporte pas la nostalgie. Quand on aime la vie, on ne peut pas rester bloqué sur une époque. Pas de regards tristes et amers. Il faut avoir un respect profond pour ses racines mais jamais dans un esprit nostalgique, qui est un commerce. On a vu encore ça récemment avec Polnareff, qui n’a rien sorti de nouveau mais qui est omniprésent sur les ondes. Ma génération m’a largement déçue, car on voulait changer le monde et on a fait exactement la même chose, et même pire, que nos prédécesseurs. Ceci m’a profondément heurté. Je pensais sincèrement que l’on allait s’ouvrir à d’autres musiques mais, en fait, tout s’est fermé. Il existe même une radio qui s’appelle Nostalgie : c’est la radio des morts ! Quand tu passes sur cette radio, c’est que ça craint pour toi ! Les années soixante et tout ça, ça me déprime et ça n’apporte rien. Pathétique. Ange n’a rien à voir avec cela ! Je compare le groupe à un arbre. Ange est un arbre avec ses racines, sa sève, ses branches et à chaque printemps (chaque nouvel album), il y a de nouveaux bourgeons, des nouvelles fleurs. Sans racines, un arbre meurt. Il faut respecter ses racines. Mais il faut surtout savoir les dépasser et évoluer.

Caroline Crozat est-elle un membre permanent du groupe ou n’est-elle qu’une « choriste de luxe » ?
Elle est membre à part entière. Ange devient très hermaphrodite. Quel est le sexe des anges ? Elle apporte un souffle nouveau, son côté mime. Sa voix est particulière, pas commune. Comme celle de Catherine Ringer des Rita Mitsouko. Elle est issue de ce que j’appelle « l’école Nina Hagen ». Elle est douce, tendre et féroce. Elle a parfaitement compris la démarche du groupe… qui est vaste ! On n’est pas un groupe baba ! Il est clair qu’Ange ne correspond pas aux catégories bien carrées qu’utilisent les journalistes. C’est désespérant. Mais je suis désespérément optimiste ! C’est un combat intellectuel qu’il s’agit de mener. Le combat de l’honnêteté intellectuelle contre celui de l’inculture crasse de certains journalistes.

Le dernier album d’Ange, ?, est sorti en 2005. Comment, deux ans après, juges-tu ce disque ?
Un album, pour moi, est d’abord une belle maquette. C’est sur scène qu’il se révèle. Un album n’est qu’un laboratoire. Le dernier disque était un album sans titre. Moi, je l’avais appelé Torticolis. C’est l’histoire d’un être humain qui se pose des questions et qui perd la tête. C’est un tremplin vers Souffleurs de vers, le prochain album qui sortira en automne 2007. ? est un disque hybride car chacun y a mis sa touche personnelle, alors que le prochain album sera plus uniforme puisque j’en serai le principal compositeur. On voulait retrouver l’esprit de Troisième étoile à gauche. Chaque album se situe face aux précédents et en regard des suivants. Il y a une certaine continuité dans la carrière de Ange : les albums se suivent et ne se ressemblent pas, même s’il y a un fil rouge, l’esprit Ange. Cet esprit est guidé par l’inconscient, la passion et les idées folles garantes de notre identité propre. J’ai horreur d’analyser nos albums ! Je constate qu’il y a, certes, des choses que j’aime moins, même si je n’essaie jamais de changer le passé. Il y a eu, évidemment, des albums qui ont été touchés par la grâce. Guet-apens, pour moi, est l’album le plus fort d’Ange. Mon premier album solo, Le mal d’Adam a essayé de recréer cette ambiance-là. C’est à cette période-là qu’il y a eu le plus gros désaccord avec mon frère. Je ne voulais pas refaire un deuxième Par les fils de Mandrin, même si on a rejoué l’intégralité de cette œuvre en 2004. Un album de Ange est un ouvrage intemporel. Le temps n’a pas d’âge ! Je crois aux passages… Il y a de bons souvenirs et le futur, c’est l’inconnu. Dans le prochain album, je raconterai que l’on est les otages du temps et ce n’est pas le GIGN qui viendra nous libérer ! Ange est otage d’un mystère. Chaque album était nécessaire. Ange est un rouage. Aucun plan de carrière ni marketing. Ange est une machine à rêver dotée de multiples rouages.

Comment s’est déroulée la tournée « Le tour de la question » dont l’enregistrement a fait l’objet d’une chronique sur notre site ?
Elle se terminera en juillet 2007. Un vrai bonheur ! Le DVD est excellent, un beau témoignage de l’histoire du groupe. Ange est multigénérationnel. Je ne compare jamais une tournée à la précédente. La tournée précédente, Par les fils de Mandrin revisité racontait une toute autre histoire : cela a été écrit en 1977 et on l’a rejoué en 2004, et rien ne nous empêcherait de la rejouer dans dix ans. Chaque oeuvre de Ange est intemporelle. La magie est toujours là. Nos spectacles sont modernes car même si la sélection des titres puise dans des albums différents, et si certains sont très anciens, on veille à ce qu’il y ait toujours une unité de son. A chaque concert de Ange, le spectateur doit avoir l’impression que tous les morceaux ont été créés en même temps. On respecte les racines mais les musiciens de Ange apportent leur son propre. Ne vient pas dans Ange qui veut, mais qui peut ! On a changé de batteur en 2003. J’ai d’ailleurs vu que tu n’as pas été tendre avec celui-ci (le nouveau) dans ta chronique, mais tu ne pouvais pas savoir qu’il s’agissait seulement de son troisième concert. Si tu le voyais maintenant…Ange, pour chaque musicien qui y entre, est une véritable école de la passion. Il doit se fluidifier. Hervé Rouyer, notre batteur précédent, que tu sembles regretter, a, lui aussi, mis du temps à capter les vibrations de Ange. Hervé reste le plus grand batteur de Ange, techniquement parlant, cependant, Benoît Cazzulini (le nouveau batteur) est en train de devenir aussi bon. Et il est encore très jeune ! Benoît est musicien avant d’être batteur, ce qui est un atout certain. Il est également guitariste et pianiste. Il l’a prouvé d’ailleurs dans le dernier album avec le titre Ombres chinoises qu’il a composé et sur lequel il joue de beaucoup d’instruments. Il est musicien avant tout, ce qui n’était pas le cas d’Hervé qui n’était « que » batteur. Il est évident que la batterie chez Ange n’est pas chose aisée et il n’est facile pour personne de remplacer le batteur précédent. La barre est placée haut. Mais Benoît n’a que vingt-six ans, et il est déjà très bon. De plus, c’est un type d’une gentillesse extraordinaire, ce que l’on ressent dans son jeu. Il est perfectible. Lui-même avoue que ce n’est pas facile de comprendre toutes les finesses et tous les détours que l’on trouve dans la musique d’Ange. Si seulement on avait enregistré le DVD dans la seconde partie de la tournée ! Certes, il a assuré mais il est bien meilleur à présent. Hervé Rouyer, comme Gérard Jelsch avant lui, a inventé une nouvelle façon de frapper ce rock symphonique, comme Gavin Harrisson de Porcupine Tree qui reste, pour moi, l’un des plus grands batteurs dans le monde du rock progressif. Je le connais bien puisque Steven Wilson est un ami, et je le croise souvent. Il boit le même whisky que moi ! Benoît est en admiration devant Gavin.

Comment as-tu recruté les fantastiques musiciens qui forment le nouvel Ange depuis Troisième étoile à gauche en 1997 ?
Le hasard ! Jean-Pascal Boffo, qui était mon guitariste dans le projet Christian Décamps et fils, a décidé d’arrêter car il n’aimait pas tourner. Il n’aimait pas la scène. J’ai donc dû chercher un autre guitariste, et c’est mon fils qui étudiait au M.A.I de Nancy qui a déniché Hassan Hajdi. La copine de l’époque de mon fils nous a mis en relation avec lui, il ne connaissait pas la musique d’Ange. Il a demandé une compilation à écouter et il a exigé douze jours de réflexion. Puis il a rappelé en disant exactement ces mots : « C’est très bien, c’est exactement la musique que j’ai envie de faire ». Pourtant, on lui a proposé des ponts d’or pour jouer avec Richard Bohringer. Il a d’ailleurs été guitariste d’Anggun. Il est très demandé sur la place de Paris car il s’adapte à tous les styles de musique, et la musique d’Ange est, pour lui, un exutoire. Il a appris à oublier un peu sa technique et à jouer plus lentement, il ne veut pas mettre des notes partout. Il sait être très critique envers lui-même. C’est un guitariste très international ; on a fait d’ailleurs un tabac au Nearfest à Bethléem, aux Etats-Unis, l’année dernière. On est passé avant Keith Emerson et le public a adoré, il s’est vraiment passé quelque chose. Le groupe est inventif et dynamique. Poser ses pas dans l’inconnu, voilà notre credo. On n’a pas peur de se mouiller et de prendre des risques. Le prochain album sortira en novembre et tu pourras constater tout ça.

Parlons un peu du prochain album, justement…
Souffleurs de vers renoue avec la tradition du Cimetière des arlequins, où le titre long finissait l’album. Un titre aussi long que « Capitaine cœur de miel » ! Et cette information est intéressante pour les lecteurs de Progressia, le minutage d’un titre ! (rires). Même s’il peut y avoir des morceaux courts bien plus forts que de longues pièces. Par exemple, dans le dernier Porcupine Tree, (Ndlr : Fear of a blank planet), ce n’est pas le plus long morceau que je préfère, c’est la dernière chanson, « Sleep together », qui est la plus à mon goût. C’est un excellent album, l’écriture y est drôlement bien foutue ! Pour revenir à Souffleurs de vers, c’est un mini-opéra qui raconte que, quelque part dans l’intemporel, la dernière énergie est l’électricité. Et voilà qu’un jour, c’est la grande panne. La dernière énergie disparaît à tout jamais : plus moyen de ranimer la mémoire. C’est là qu’un mec, sorti de nulle part, Honoré Bazinguet de la Touffe (le nom m’est venu comme ça un soir en allant me coucher), décide de tout mettre en œuvre pour recharger le seul ordinateur en état de marche sur la planète : le cerveau humain. Les gens ne communiquaient plus, ou alors via courriels et téléphones portables, le véritable langage n’existait plus. Honoré et ses compagnons du Verbe ont donc créé ce logiciel Souffleurs de vers, qui ne fonctionne que par le bouche à oreille, et ils vont tout faire pour recharger le cerveau humain. Là, je t’ai résumé ce long morceau mais il y en aura d’autres. Il y aura en tout une dizaine de titres sur cet album.

Est-ce que ce prochain disque sortira sur une maison de disques permettant enfin une bonne distribution de vos albums ?
On travaille avec des indépendants car les grosses boîtes ne veulent plus de nous. Il suffirait que l’on refasse trois mille personnes par concert pour que l’on voie apparaître la face de Pascal Nègre, puisque le 80% du catalogue Ange est chez eux. Il s’agit de prouver que l’on est toujours là. Il faudrait que l’on puisse rassembler plus de monde dans les concerts. Troisième étoile à gauche est un disque difficile à trouver, mais qui va ressortir en version remasterisée chez Musea. Le Zénith 2002, un des derniers concerts avec Hervé Rouyer, va également être édité, probablement en septembre. Je vais également publier, par le biais de notre association Un pied dans la marge, à titre intimiste, un disque de musicothérapie qui se nommera Psychédélices. C’est un album instrumental, l’histoire d’un petit bonhomme qui s’appelle Psyché et qui fait du porte à porte… et c’est par Christian Décamps tout simplement.

Que penses-tu de la scène progressive actuelle ?
Il y a des gens que j’aime bien. On a déjà parlé de Porcupine Tree. J’aime aussi Pendragon, IQ, Arena, mais je trouve qu’ils sont trop restés dans ces sentiers un peu intégristes du vieux progressif. Des gens comme ceux de Porcupine Tree ont su avancer en mêlant des influences nouvelles avec d’autres plus anciennes, crimsoniennes et même angéliques, comme me l’a lui-même avoué Steven Wilson, puisque l’intro de « Sleep of no dreaming », sur l’album Signify, a été pompée sur celle du titre de Ange « Les lorgnons » sur l’album Vu d’un chien. Il me l’a avoué à Strasbourg, avant que Porcupine Tree ne joue à La Laiterie, tandis qu’on mangeait ensemble dans un restaurant indien. Ce qui est encore plus drôle, c’est que la grille harmonique du morceau « Les lorgnons » provient d’un vieux morceau américain nommé « Greenfield », interprété par Les Compagnons de la chanson. Cette mélodie a beaucoup inspiré mon frère, et c’est devenu « Les lorgnons ». Ce morceau a donc été le fruit de multiples influences. Steven m’a dit que « Ricochet », sur le dernier album de Ange, a été volé à Porcupine Tree ! Il est vrai que son groupe utilise aussi beaucoup les accords de guitare ouverts. On s’influence réciproquement : on est quitte ! Cette rencontre avec Steven a été incroyable, il connaît tout de Ange, il en possède absolument tous les vinyles. Et c’est vrai qu’il compose des intros qui ressemblent beaucoup à celle de « Bivouac », surtout dans leur période la plus psychédélique. Il ne le nie pas d’ailleurs ! Il adore Ange. Il a d’ailleurs mixé deux titres de notre album Culinaire lingus dans son studio. Mais il n’a jamais le temps et moi, je n’ai pas les moyens de me l’offrir comme producteur, sinon, il aurait produit Souffleurs de vers. Il est tellement inventif et agréable. C’est un gros bosseur. Il a sa griffe : il n’y qu’à voir le travail qu’il a fait sur l’album de Fish Sunsets of empire. Là, Fish, n’a jamais aussi bien chanté et les compos tiennent sacrément la route ! C’est le meilleur album de Fish. Je n’aimais pas les débuts de Marillion. J’apprécie ce qu’ils font seulement depuis Clutching at straws. Steve Hogarth, d’ailleurs, est également fan de Ange. Il nous a vus au festival de Reading en 1973 avec les marionnettes, c’est ce qui lui a donné envie de chanter, m’a-t-il dit. Il me l’a avoué à Besançon, la première fois que je l’ai vu. A l’issue du concert de Marillion, Steve Hogarth a dit qu’il devait me remercier car c’est moi qui lui avais donné l’envie de chanter. Les deux, Steven et Steve, sont des fans d’Ange. Tu vois, je te dis tout !

Quels sont les meilleurs albums que tu as achetés ces derniers mois ?
L’album de Porcupine Tree, le dernier, mais on en a déjà assez parlé. Qu’est-ce que j’écoute en ce moment dans ma bagnole… J’aime bien Lazuli, excellent groupe français qui va percer et qui va devenir un grand groupe, même si on n’est pas dans le prog’ au sens strict du terme. Ils ont une approche différente de la musique, ils ont l’esprit Ange. Je suis très branché Robert Wyatt, que j’ai bien connu. Son dernier album est superbe. J’aime beaucoup Luc Tempel, que tu ne connais peut-être pas. C’est très « beatlesien ». Autrement, j’adore absolument tout ce que peut faire Roger Waters. Quoi d’autre… David Bowie est toujours aussi inventif. Et une fille, en France, qui s’appelle Clarika… une écriture originale, c’est autre chose que Zazie ! Une belle écriture, vraiment. Son dernier album s’appelle Le Cimetière des choses. Elle a écrit une chanson sur nos ordures ménagères ! Comme quoi tout est poésie ! J’avais moi-même écrit « Les mémoires de Jacob Delafon » sur La voiture à eau, qui parlait des cuvettes de chiotte ! Elle vit dans le même monde que moi, cette chanteuse. Un autre type que j’adore est Joe Jackson. Heaven and hell, c’est grandiose. J’aime aussi beaucoup Meat Loaf, mais il faut comprendre son humour. Il est époustouflant sur scène, même s’il n’invente pas grand chose. Mais ses spectacles sont toujours emplis de dérision, et il se fiche bien de la gueule de l’Amérique ! C’est satyrique. J’allais oublier le dernier Blackfield que j’adore ! C’est bien travaillé, c’est de la bonne pop anglaise recherchée. J’aime bien les bonnes pop songs, celles de Radiohead, Portishead et tous les groupes en « head » (rires). J’adore une chanteuse allemande qui s’appelle Ute Lamper, et Nina Hagen est toujours aussi géniale. C’est un personnage encore plus gros que le Capitaine cœur de miel ! Finalement, un artiste doit donner et être généreux. Le boss, c’est le public.

Quelques mots pour conclure ?
N’oublie pas d’insister sur le fait que Benoît, malgré ce que tu as pu écrire dans ta chronique, est vraiment maintenant devenu le batteur idéal de Ange. Et que je suis en train d’écrire un nouveau roman qui s’intitule Le bois travaille même le dimanche. Je ne suis pas sorti de l’auberge, mon gars ! La paresse, c’est aussi important, non ? Et excuse encore les vaches ! A bientôt !

Propos recueillis par Christophe Gigon

site web : http://www.angemusic.com

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