Canvas Solaris - Cortical Tectonics

Sorti le: 05/08/2007

Par Jean-Philippe Haas

Label: Sensory Records

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Quatrième album déjà pour Canvas Solaris, formation instrumentale élevée au bon grain de chez Cynic, Atheist, Watchtower et autre Voivod. Pour ne pas changer, le trio américain a donné à son album et à ses morceaux des noms à coucher dehors, sans doute tirés au hasard dans un dictionnaire scientifique. Sa musique par contre, ne doit strictement rien au hasard.

Car Cortical Tectonics aurait tout aussi bien pu s’appeler « Technical Maelström » ou « Instrumental Madness ». Le metal progressif extrêmement technique de Canvas Solaris explose dès « Berserker Hypothesis », qui porte d’ailleurs bien son nom, car l’impression d’être assailli par un guerrier fou est bien réelle. Fort heureusement, ce rythme insensé ne se maintient pas durant tout l’album. « Sinusoid Mirage » démarre en douceur par une introduction langoureusement jazzy, avant de reprendre une vitesse de croisière plus vigoureuse. Et « Interface » de démontrer que Canvas Solaris peut également se passer totalement d’esbroufe sonore. Rythmé mais paisible, dominé par une guitare claire qui propose des enluminures sans fioritures inutiles, ce titre est une invitation au repos et à la réflexion. Et ce sont bien les titres plus calmes ou aux structures moins alambiquées qui représentent la facette la plus intéressante de Cortical Tectonics. Mais chassez le naturel, il revient au galop : « Gamma Knife » ou « Rhizome » se perdent eux aussi dans d’indomptables dédales de technique démonstrative malgré quelques timides mélodies qui tentent de s’y faire une place. Canvas Solaris se rachète de justesse avec « Reticular Consciousness », pavé de dix-sept minutes qui, s’il peut provoquer quelques aigreurs d’estomac, illustre le dilemme dans lequel se trouvent les américains : comment parvenir et à un équilibre entre une propension tenace à la frénésie et des aspirations au luxe, au calme et à la volupté ?

Sur la forme, peu de choses ont changé. Si les ambiances tissées sur les titres plus atmosphériques sont parfaitement rendues par une production limpide, on ne peut pas en dire autant des guitares sur les parties métalliques, qui restent le point faible de Canvas Solaris. Un peu plus d’épaisseur rendrait certains exercices de démonstration plus digestes.

Il reste donc à Canvas Solaris à se débarrasser de ses dernières velléités de forfanterie pour permettre à la mélodie de surnager plus souvent dans un océan de contre-breaks furieux et de cordes chauffées à blanc. A recommander en priorité aux amateurs de Behold… The Arctopus, Dysrythmia et autres groupes aux noms ésotériques évoluant dans ce registre ultra-technique.