Empyrios - …And The Rest Is Silence

Sorti le: 01/07/2007

Par Jean-Philippe Haas

Label: Burning Star Records

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Dans la série actuellement très populaire « faisons du neuf avec du vieux », Progressia est heureux (façon de parler) de vous présenter un énième épisode nommé Empyrios. Ces italiens, annoncés comme étant incontournables pour les fans de Symphony X et Evergrey, reprennent de vieilles recettes proches de la péremption et tentent laborieusement d’y incorporer leur touche personnelle.

Laborieusement, car les compositions, bien que finement interprétées par des musiciens dont la maîtrise ne fait aucun doute, manquent toutes tellement de caractère et d’accroche qu’on attend presque avec impatience la venue salvatrice d’un hymne glorieux à la Stratovarius… qui ne viendra pas. Empyrios a manifestement décidé de jouer dans une autre catégorie, celle d’un power metal qu’il convient paraît-il d’appeler « progressif » car faisant appel à une certaine dose de technicité et de symphonisme. Encore leur faudrait-il pour cela pouvoir se distinguer parmi les productions aussi nombreuses que le sont les notes dans un solo d’Yngwie Malmsteen. Malheureusement, question originalité, il s’agit plutôt de photocopillage pur et simple : le riff d’introduction de « PsychoTerrorism », par exemple, est très exactement emprunté à « The Noble Savage » de Planet X. On notera ainsi beaucoup d’autres gimmicks très typés, comme dans « Insomnia » qui évoque clairement Symphony X, tout particulièrement à partir de son refrain. Les duels guitare/clavier sont d’ailleurs aussi indigents que ceux de Symphony X peuvent être jouissifs. Pourquoi ? Peut-être parce que l’une des formations possède ce qu’on appelle « la classe », l’autre pas… Même constat du côté de la production, certes puissante et très adaptée à ce genre d’exercice mais qui, par définition, manque elle aussi cruellement d’originalité. Et n’oublions pas le chanteur, dont le label/le groupe vante les mérites : il passe totalement inaperçu dans la fourmilière grouillante des sosies vocaux qui officient dans cette catégorie. Pire : maniéré à l’excès et faussement agressif, il souffre d’un manque flagrant de caractère, de puissance, voire de justesse.

Pourtant, on sent bien un potentiel (très) enfoui sous la masse des scories d’un lourd et handicapant héritage en pleine phase de digestion. « Unbalanced Equilibrium », malgré son tapis de double pédale et son riff convenu a un petit quelque chose d’attachant, tout comme « Perseverance », si on exclut d’office la piètre performance vocale. L’espoir est donc permis, l’avenir n’est pas complètement bouché. Mais rude sera la tâche.

Dans le genre grosse clo(w)nerie, et sans chauvinisme aucun, on préférera de loin le dernier album de Spheric Universe Experience, Anima qui maintiendra ouvertes nos paupières un tantinet plus longtemps. On peine à comprendre ce qui pousse aujourd’hui Empyrios à se lancer sur les traces presque effacées d’un style usé jusqu’à la corde. Espérons que ce coup d’essai calamiteux provoquera une prise de conscience de la part du groupe et que la suite des hostilités mettra en jeu un armement moins conventionnel.