FESTIVAL : PROGSOL 2006

 

Lieu : Parktheater, Grenchen (Suisse)
Date : 20 et 21 octobre 2006
Photos : Claude Wacker

Devenu l’un des évènements importants de l’année progressive en Suisse, le PROGSOL, pour sa cinquième édition, est revenu à un format plus classique, soit une programmation sur deux soirées dans une salle plus adaptée que l’immense Z7. Rappelez-vous les déboires organisationnels de l’édition précédente. Rien de cela cette année, tout semble s’être parfaitement déroulé. Pour autant, l’édition 2005 a malgré tout laissé des souvenirs impérissables de part la qualité des concerts et la programmation audacieuse. En sera-t-il de même cette année ?

Dawn

Set-list : Dawn – The Story of Nobody – Loneliness – Rain On Moon – The Captain Without Brain – Firth of Fifth

Avec Sisyphos, Dawn était l’autre groupe qui avait fait les frais des problèmes d’organisation de l’édition 2005. Les organisateurs ont rattrapé le coup en les invitant à nouveau. Entre 2005 et 2006, Dawn a sensiblement amélioré la qualité de ses concerts. Ce fait a été remarqué par plusieurs personnes. On a déjà pu le remarquer aux premières Montreux Prog Nights qui avaient été organisées deux semaines auparavant. A cette occasion, en plus du concert de Dawn, nous avions pu assisté à un concert très solide de Nemo pour sa première et réussie venue en Suisse.
Mais revenons à nos moutons. Pour expliquer à nos lecteurs, Dawn est un groupe très influencé par le Genesis de l’ange Gabriel, avec un fantastique batteur très jazz, Théo Missillier. En effet, celui-ci apporte un plus indéniable au groupe de part sa technique et sa présence scénique ! Apportait devrait-on dire, car il a malheureusement quitté Dawn à la fin 2006 pour de nouveaux projets musicaux.

Le set est solide, malgré quelques légères imprécisions au chant. Sans être réellement innovant, Dawn apporte une musique décalée par rapport aux musiques actuelles de Suisse romande marquées plutôt par la vague post rock et hardcore. Dans ce contexte, la musique de Dawn est susceptible de conquérir un public amateur de revival prog 70’s. A témoin de notre propos, le groupe termine son set par une reprise très réussie de « Firth of Fifth » sous les applaudissements d’un malheureusement trop maigre public pour cette première soirée du PROGSOL 2006.

Sensitive To Light

Set-list : Birth – Something Happened In The Garden Of Eden – Carpe Diem – Alone – Travels – Father – Memories – Final – Snow

D’une certaine façon, le propos de Sensitive To Light est plus ambitieux que celui de Dawn. Le groupe de Vynce Leff ne revendique pas son allégeance au passé, mais plutôt, en veut moderniser le courant (néo-)progressif actuel au travers d’un langage musical parfois complexe ! Puisant sa set-list principalement dans Almost Human, album digne d’intérêt, Sensitive to Light va-t-il réussir à le retranscrire dans un contexte live ?

C’est bien là tout le problème de juger la performance du groupe. En effet, celle-ci a été marquée par de très nombreux problèmes techniques. Pendant la première partie du set, Vynce Leff a semblé ne pas entendre sa guitare et l’on vous laisse imaginer les difficultés à jouer dans ces conditions. Elles ont heureusement ont été résorbées après deux morceaux, soit près de vingt minutes de concert tout de même. De plus, on avait l’impression que les musiciens n’entendaient pas vraiment leur batteur, ce qui a obligé Claude Thill, le bassiste, à marquer le tempo et à sonner comme Lemmy de Motörhead. Néanmoins, les musiciens ont fait contre mauvaise fortune bon cœur. A noter l’excellente performance vocale de Jenny Lewis ainsi que les interventions très propres, malgré sa très chaude réputation (NdRéd. : clin d’œil), de Cyril Queneau-Pitol au saxophone.
On attendait plus de ce concert dont l’écoute a été malheureusement dépréciée par les problèmes techniques.

Believe

Set-list : What Is Love – Needles In My Brain – Liar – Seven Days – Pain – Beggar – Don’t Tell Me – Coming Down – Hope To See Another Day

A l’image de leur album Hope To See Another Day, Believe pratique un neo prog avec des guitares assez lourdes. L’originalité de Believe, formé par le guitariste et ex-Collage Mirek Gil, tient surtout au violon de Satomi et à une volonté très rigoureuse du groupe de ne pas se perdre en complexité inutile et en soli à tout va. Il en reste donc un rock hard de bonne facture mâtiné de neo prog.

Contrairement à Sensitive To Light, Believe a bénéficié d’un son très professionnel – ils ont un ingénieur du son –, les musiciens sont très à leur affaire, la voix Tomek Rozcki, l’autre fondateur du groupe, est absolument superbe. Mais que manque-t-il donc pour que la sauce prenne réellement ? La réponse est simple : plus de variété dans les compositions ! Tout est parfait mais sans l’étincelle nécessaire qui happe l’auditeur. On a l’impression d’entendre le même morceau joué à chaque fois ! Néanmoins, le maigre public a l’air d’apprécier ce show très professionnel.

Sisyphos

Set-list : Find Myself Bored – We Don’t Care – The Dude – Singer Without Audience – Peace Again – Your Feeling Is Gone – Erotical Vampire

Deuxième soirée et l’on perçoit un changement de taille par rapport à la précédente : le public est enfin là ! Est-ce dû à la venue de RPWL ? Est-ce que les régionaux de l’étape, Sisyphos, ont amené leur public ? En tout cas, cette constatation a mis du baume au cœur des organisateurs. Autre bonne surprise, pour les auditeurs cette fois, c’est justement la prestation de Sisyphos. Groupe formé à la fin des années 1970, les Zurichois interprètent un prog un rien daté mais terriblement classieux et inspiré.

Ce ne sont pas les nappes d’orgue Hammond et de Mellotron – un vrai M400 tout de blanc vêtu -, qui nous diront le contraire ! Le concert fut varié, la set-list intéressante, même si nous devons avouer notre méconnaissance de la musique du groupe. Un des bons moments du concert furent les parties jouées avec le violoncelle, donnant à la musique de Sisyphos un faux air d’Anekdoten des plus sympathiques ! Bref, ce fut un bon concert auquel nous avons assisté !

NeBeLNeST

Set-list : Psykial Trysm : Shafoo – Psykial Trysm : Nahja – Stimpy Bar – Etude de Shimshot – The Old Ones – Redrum – Pillars of Birth – The Last One (impro) – Nova Express – Zombie

Ne nous le cachons pas, le concert de NeBeLNeST était le plus attendu du week-end par votre humble serviteur. Il n’a pour l’essentiel pas été déçu. Malgré quelques légers problèmes sonores, le groupe a montré ce qu’on attendait de lui : musique exigeante, terriblement extrême par moment (du RIO hardcore, ça vous dit quelque chose ?) sans pour autant être bruitiste. Malgré la sortie imminente de Zepto, les musiciens n’ont finalement joué que deux morceaux de celui-ci (« The Old Ones » et « Pillars of Birth ») et se sont concentré sur leurs deux précédents albums.

Comme on pouvait s’y attendre – NeBeLNeST déteignant quelque peu dans cette programmation très sage de ce PROGSOL 2006 –, le public, venu essentiellement pour Sisyphos ou RPWL, déserta le concert pour aller s’abreuver en bières, sauf quelques irréductibles dont nous faisions partie.
NeBeLNeST ne permet pas aux auditeurs de respirer. Les morceaux sont de bout en bout très intenses avec peu de parties plus calmes. Le corollaire à cette remarque est que la musique du groupe est si « boostée » qu’elle ne permet pas à celui-ci de construire des tensions telles qu’un King Crimson sait si admirablement en créer. Cela n’empêche pas NeBeLNeST de s’essayer à des improvisations de haute volée (« The Last One »). Un autre point à mentionner est la présence scénique des membres du groupe : aussi exubérante que des sardines dans leur boîte.
Néanmoins, NeBeLNeST a livré un set très solide et sans concession, à l’image de ses albums !

RPWL

Set-list : Start The Fire – World Through My Eyes – Gentle Art Of Swimming – Opel – 3 Light – Day On My Pillow – Roses – Tell Me Why – Wasted Land – Trying To Kiss The Sun – Hole In The Sky – I Don’t Know – Biding My Time

RPWL, du nom des quatre fondateurs de ce groupe germanique, était l’attraction majeure du PROGSOL 2006 en termes de popularité. Accessoirement, ce fut le premier concert du groupe allemand en Suisse. Leur double live, Start The Fire, ayant suscité des commentaires pour le moins positifs, c’est avec un certain intérêt que nous assistions à leur concert.
Force est de constater que le show de RPWL a été une relative déception. Pourtant, le son était excellent, les musiciens en grande forme et contents d’être au PROGSOL. Les fans étaient nombreux malgré l’heure tardive. Que s’est-il donc passé pour votre serviteur ? Etait-ce l’heure tardive justement ou le concert qui a précédé ? Rien de tout cela ! En fait, il s’agit de la set-list elle-même qui a été décevante, car composée de beaucoup de titres de leur dernier album World Through My Eyes, album qui avait laissé un souvenir plus que mitigé.

En fait, seuls quelques titres sont ressortis vraiment du lot, car très proches de l’univers floydien du groupe, en particulier « Gentle Art of Swimming », dans une version malheureusement raccourcie, « Trying to Kiss the Sun » et « Hole in the Sky », tirés des trois premiers albums. Malheureusement aussi, RPWL n’a pas gratifié le public du PROGSOL de ses célèbres reprises de Pink Floyd, en particulier « Cymbaline », pour lequel il était attendu. Seuls « Opel » de Barrett et un rigolard « Biding My Time » en fin de set sont venus rappeler directement le Floyd. Mais ce fut peu pour ce qui devait être le clou du festival.

Contrairement aux éditions précédentes, en particulier celle de 2005, le PROGSOL 2006 n’a pas osé surprendre avec sa programmation, à part un NeBeLNeST qui a livré le meilleur concert de l’édition avec Sysiphos ! Un autre problème à soulever concerne l’éclairage qui a été minimaliste durant le festival. Evidemment, les contraintes budgétaires y sont pour beaucoup, mais un light show digne de ce nom aurait apporté un plus non négligeable. Enfin, il est regrettable que des groupes comme Dawn ou Sensitive to Light n’aient pu avoir un nombre de spectateurs dignes de leur talent.

Organiser un festival n’est pas chose aisée, surtout dans un monde aussi petit que celui des musiques progressives. Ceci est d’autant plus vrai que les premières Montreux Prog Nights eurent lieu peu de temps auparavant. Si l’émulation a de tout temps été un point positif, espérons qu’il en ira de même avec deux festivals de rock progressif en Suisse. Peu importe ces considérations politiques, ne boudons pas notre plaisir d’assister à ce genre de concerts. De plus, les organisateurs planchent sur un PROGSOL 2007 qui va réserver son lot de surprises, si toutefois il a lieu !

Jean-Daniel Kleisl

site web : http://www.progsol.net

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