Dol Ammad – Dol Ammad

ENTRETIEN : DOL AMMAD

 

Origine : Grèce
Style : Electronica Art Metal
Formé en : 2000
Composition :
Thanasis Lightbridge : synthétiseurs
Alex Holzwarth : batterie
Dim : guitare électrique
Nick Terry : guitare basse
Mary Palaska, Kortessa Tsifodimou, Alexandra Voulgari, Vicky Alexaki, Sofia Patsi, Maria Stolaki, Ntina Strani, Alexandros Barmpas, Panos Iampoultakis, Themis Mpasdekis, Anestis Papageorgiou, Kyriakos Chouvardas, Petros Moraitis, Yiannis Tsalouhidis : chœurs
Dernier album : Ocean Dynamics (2006)

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la Grèce n’est pas connue pour être un havre du metal. Pourtant, à l’instar de Wastefall, Dol Ammad tente depuis quelques années déjà de se faire une petite place au soleil méditerranéen. Thanasis Lightbridge, maître des synthétiseurs et tête pensante du groupe, nous explique comment un projet qui pourrait prêter à sourire est devenu réalité.

Progressia : Une petite présentation peut-être, pour commencer, Thanasis ?
Thanasis Lightbridge :
Je suis une individualité créative, intéressée par tous les arts, mais mon coeur est dédié à la musique. Je vis à Thessalonique, en Grèce et j’essaie de promouvoir mon art et de partager mes créations à travers le monde. Je suis très intéressé par les technologies mais en même temps, j’ai développé un sens de l’ethos et je crois aux valeurs traditionnelles de la vie et du comportement humain.

Qu’est-ce qui vous a amené à faire de la musique ?
J’ai toujours eu des affinités avec les rythmes et les mélodies dès mon plus jeune âge et jouer de la musique s’est naturellement imposé à moi bien que je n’aie jamais suivi de cours sérieusement. Je produis de la musique sans avoir à faire d’efforts et j’en suis reconnaissant. Ma porte d’entrée dans la musique se fait par les claviers et les percussions.

Êtes-vous musicien à plein temps ?
Je travaille ma musique à plein temps mais malheureusement ce n’est pas suffisant pour que je puisse subvenir à mes besoins. Je suis également chef de projet dans les sondages et j’occupe cette fonction à temps partiel.

Quels sont vos artistes favoris, vos principales influences ?
Mes artistes favoris varient avec le temps, j’admire des gens comme Jean-Michel Jarre, Vangelis, Kitaro et Mike Oldfield, mais j’écoute tellement de musique dans des styles tellements différents que mes influences s’étendent à des groupes comme Orbital, Ozric Tentacles, Symphony X, Bal Sagoth, Amorphis et très honnêtement de nombreux autres.

Avez-vous joué dans d’autres groupes auparavant ?
Pour le fun, j’ai joué dans quelques groupes locaux et des groupes de reprises mais rien d’assez sérieux pour être mentionné.

La Grèce compte quelques groupes de metal assez connus comme Septic Flesh et Rotting Christ. De nouveaux talents sont en train d’émerger (Dol Ammad, Wastefall). Vendez-vous des disques dans votre propre pays ?
Oui, la musique de Dol Ammad reçoit un bon accueil en Grèce. Un tiers des ventes environ se fait ici, ce qui est très cool ! Il est agréable de constater qu’il y a des gens par ici pour soutenir les nouveaux talents.

Le metal est-il encore underground en Grèce ou devient-il un genre plus populaire ?
Le metal est assez underground et je pense qu’il le restera. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. La musique populaire grecque sera toujours basée sur une dance music pseudo-traditionnelle et éphémère, qui est consommée rapidement et facilement.

Parlez-nous de l’origine du groupe. Que signifie « Dol Ammad »?
Le mot Dol Ammad est tiré de mon jeu vidéo favori, Descent 3. Il signifie « Château des Colonnes » (bien que dans le jeu il s’agisse d’une raffinerie de pétrole sur la planète Europa) et j’aime la façon donc ça sonne. J’apprécie les groupes aux noms étranges plutôt que banals.

Quand et comment avez-vous eu l’idée de mélanger musique électronique, riffs metal et choeur classique ?
Cette idée m’est venue vraiment naturellement car c’était le genre de musique que j’écoutais moi-même : de la musique électronique, du metal, de la musique classique, de l’opéra. Ainsi, lorsque j’ai eu l’occasion d’avoir entre les mains le matériel pour produire de la musique, le résultat a été un mélange de mes influences. Au départ, je souhaitais que ce projet reste instrumental. Je n’ai jamais vraiment apprécié qu’un album complet soit sous la domination vocale d’un seul chanteur. Je me suis donc tourné vers quelques amis qui appartenaient à un grand choeur classique et c’est à ce moment-là qu’est née l’idée d’essayer cette combinaison peu orthodoxe.

Êtes-vous influencé par des groupes comme Thérion ?
J’admire et je respecte beaucoup Therion, c’est un groupe très innovant avec quelques perles dans sa discographie. Je pense avoir été influencé par ce groupe quand j’ai découvert Theli. J’ai vraiment été impressionné par cet album.

Comment avez-vous réussi à rassembler des musiciens comme Alex Holzwarth de Rhapsody Of Fire et ce choeur de quatorze personnes pour mener à bien cet ambitieux projet ?
Grâce à l’aide de bons amis, j’ai été mis en contact avec le choeur et Alex Holzwarth. Robert Hunecke Rizzo, musicien et personnalité hors du commun a été celui qui m’a présenté à Alex et nous entretenons depuis une grande amitié. Pour ce qui est du choeur, j’ai approché ses membres et proposé cette idée de coopération. Ceux qui ont accepté ont finalement enregistré pour Dol Ammad. La composition du groupe a varié depuis ses débuts, certains se sont rajoutés tandis que d’autres n’ont eu la possibilité de continuer avec nous.

N’a-t-il pas été difficile de convaincre tout ce beau monde ?
J’ai eu la chance de pouvoir leur présenter le matériel et heureusement il y a eu beaucoup de réactions positives. La musique a fait son effet et je n’ai pas eu besoin de faire d’autres efforts ! Bien sûr, en ce qui concerne les membres du choeur, la plupart d’entre eux n’étaient pas familiers avec les sons metal, et cela a dû leur sembler étrange au départ. Mais à l’issue du premier album, je pense qu’ils ont intégré ma vision des choses.

Vous avez créé votre propre label, Electronica Art Metal, pour promouvoir Dol Ammad. Aviez-vous auparavant contacté des labels existants pour produire votre groupe ?
Oui, j’ai été en contact avec de nombreux labels et c’est pourquoi j’ai décidé de créer le mien. L’album était prêt six mois avant sa date de sortie effective et ce délai était pour moi inacceptable. Je n’ai reçu que de faibles offres de la part de certains labels et je ne voulais pas revivre une nouvelle fois l’expérience de la faillite du label qui a sorti Star Tales. Maintenant, j’ai le contrôle total sur tout et j’apprécie le fait de ne devoir rendre de comptes à personne. Ceci mis à part, j’ai de nombreux autres projets en tête et je détesterais devoir à nouveau perdre du temps pour trouver des financements et du soutien. La musique doit aller de l’avant et bien que cela nécessite plus de travail, de dépenses, de responsabilités, créer un label a été dans l’ensemble une étape positive pour moi.

Quels retours avez-vous eu en ce qui concerne l’album Star Tales ?
Star Tales a été reçu de manière très positive, à la fois par le public et par les médias. Nous avons bénéficié de chroniques enthousiastes et nous nous sommes faits de nouveaux amis remarquables qui forment une base de fans solide pour Dol Ammad.

Êtes-vous satisfait du travail réalisé sur ce premier album ?
Je suis très fier du travail qui a été accompli sur notre premier album. Nous avons fait de notre mieux et avons tenu compte de chaque petit détail dans la production en fonction des moyens dont nous disposions à l’époque. Star Tales est une étape importante et restera toujours dans mon coeur comme l’album à partir duquel tout est parti.

Parlons un peu de Ocean Dynamics. Quel est le concept qui sous-tend cet album ? Comment l’avez-vous enregistré ?
Le concept de Ocean Dynamics est né avec le morceau « Thalassa Dominion » qui s’étale sur presque la moitié de l’abum. C’est une histoire sur le monde aquatique qui m’a donné envie de composer un album sur les pouvoirs et les mystères de la mer. Nous l’avons enregistré dans mon studio personnel et je pense que dans l’ensemble, la production s’est améliorée.

Chaque musicien a-t-il enregistré ses parties séparément ?
Oui, à part le quatuor de choeurs, tous les autres musiciens ont été enregistrés séparément. J’ai toujours travaillé de cette manière.

Il y a des titres très différents sur Ocean Dynamics. Certains sont plus électroniques (« Lava »), d’autres plus orientés speed metal (« Solarwinds »). De quel côté penche votre coeur ?
Oh, c’est très difficile à dire ! Mon coeur penche vers toute bonne musique, qu’il s’agisse de new age planante, de trance psychédélique ou de gore grind death metal ! C’est vrai qu’il existe une grande variété de styles et de sons sur Ocean Dynamics mais c’est l’univers de Dol Ammad qui veut ça. Si je devais faire un choix, je dirais que je raffole des sons électroniques par rapport aux instruments acoustiques et que je suis un phénomène de vitesse par rapport aux morceaux lents. A ce stade, j’entrevois le troisième album de Dol Ammad comme le plus rapide de tous !

DC Cooper a contribué à Ocean Dynamics sur « Aquatic Majesty ». Comment l’avez-vous rencontré ?
Grâce à mon amie Heidi Krueger et le guitariste de Silent Force Alex Beydrot, je suis entré en contact avec ce grand chanteur qui est l’un de mes préférés. Ce fut un réel honneur de travailler avec lui, c’est un grand personnage et sa performance sur « Aquatic Majesty » et un autre titre que nous préparons pour le futur est impressionnante. DC est arrivé des Etats-Unis et a enregistré dans mon studio, ce qui était génial car cela a permis davantage d’interaction et de communication.

J’ai lu quelques chroniques d’Ocean Dynamics sur internet. L’une d’elle vous suggère d’intégrer un chanteur permanent comme DC Cooper. Qu’en pensez-vous ?
C’est agréable de constater que des gens ont apprécié cette coopération avec DC mais le chant dans Dol Ammad sera toujours assuré par un choeur, je ne pense pas que cela changera un jour. Si j’éprouve le besoin de tenter autre chose, cela se fera sans doute sous la forme d’un autre projet.

Quel est le futur de Dol Ammad ?
Le futur proche devrait consister en un EP de Dol Ammad avec quelques titres très particuliers comme le second morceau enregistré avec DC Cooper. Il comprendra aussi la première reprise de Dol Ammad, quelques remixes et je l’espère un clip video pour le titre « Eclipse ». Nous préparons également de nouveaux T-shirts et je suis heureux d’annoncer que nous avons pu produire deux designs différents qui je pense seront très cool. Après cela, j’ai déjà une idée très claire de ce que sera le troisième Dol Ammad et je suis très impatient de commencer à y travailler.

Travaillez-vous sur un autre projet ?
Oui, je suis en train de travailler sur un autre projet d’electronica art metal et le résultat est très enthousiasmant. Je suis impatient de voir comment les fans de Dol Ammad vont réagir à ce projet et j’aimerais que de nouvelles personnes adhèrent à notre étrange monde musical ! Ce sera plus atmosphérique et planant que Dol Ammad et deux membres du groupe y participeront.

Envisagez-vous de donner des concerts avec un groupe aussi énorme ou cela vous paraît-il impossible ?
Ce n’est pas impossible mais cela reste très difficile. Un gros budget serait nécessaire et les possibilitiés de tournée seraient limitées. Bien que je sois une personne optimiste et que je souhaite que cela puisse devenir une réalité un jour, j’ai également de hautes exigeances pour mon travail. J’entrevois les concerts potentiels de Dol Ammad dans une débauche d’effets visuels innovants… ça ne simplifie pas les choses. Il faut attendre et voir comment une telle idée peut évoluer dans le futur.

Un dernier mot pour les lecteurs de Progressia ?
Je voudrais vous remercier pour le temps que vous nous consacrez et pour l’intérêt que vous portez à l’univers de Dol Ammad. Je pense qu’avec un nom comme Progressia, votre zine est une station de transmission idéale pour notre musique vraiment progressive. Merci pour cet entretien !

Propos recueillis par Jean-Philippe Haas

site web : http://www.dolammad.com

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