Hypnos 69 - The Eclectic Measure

Sorti le: 25/01/2007

Par Djul

Label: Elektrohasch Records

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Qu’il est rageant de promouvoir et de conseiller un album d’un groupe déjà dissout ! Alors que The Eclectic Measure mérite largement qu’on s’y attarde, Hypnos 69 a d’ores et déjà jeté l’éponge, et c’est donc une chronique « post-mortem » que nous nous voyons obligés de publier aujourd’hui.

Ce disque est donc le chant du cygne d’une formation belge, fondée en 1994, mais qui n’a hélas commencé à sortir ses albums qu’à compter de 2002. Issu d’un terreau stoner rock, le groupe s’est vite émancipé du genre, à l’image des excellents Monkey3 (mais qu’ont-ils à accoler des chiffres à leurs noms ?), avec qui ils ont enregistré un EP. Ce dernier et quatrième album doit donc autant à Kyuss qu’à King Crimson et Van Der Graaf Generator, les pesantes et hypnotiques guitares répondant aux mellotrons, Fender Rhodes et autres saxophones. Ce mélange des genres, inédit à notre connaissance, s’étale sur dix plages mélancoliques et spatiales qui forment un album à la fois accessible et ambitieux.

L’appartenance d’Hypnos 69 au stoner est affichée d’entrée avec « The Eclectic Measure », et la voix un peu nasillarde de Steve Houtmeyers qui rappelle Ozzy, ainsi que des guitares bien lourdes et efficaces. Cependant, les accords de mellotron plaqués sur l’ensemble renvoient immédiatement aux premiers Crimson, et lorsque le groupe s’accorde une plage instrumentale de plusieurs minutes pour y placer un développement typiquement floydien (époque The Dark Side of The Moon), on sait que l’on a affaire à une formation aventureuse. Et les références au genre emmené par Queen of the Stone Age et autres Monster Magnet disparaissent à partir de ce titre, à l’exception de « The Antagonist », morceau enlevé à la Hawkind et intelligemment placé à mi-parcours pour relancer le disque. Pour le reste, les nombreux arrangements aux claviers (Hammond, Rhodes, Moog, Korg et Theremin) suffisent faire d’Hypnos 69 un groupe de progressif, à tel point qu’un titre comme le magnifique et mélancolique « Forgotten Souls » semble directement affilié à l’école nordique du genre (et plus particulièrement Kvazar). Même sur les titres courts et calmes (« My Ambiguity of Reality » ou « Halfway to the Stars »), les références au courant psychédélique sont évidentes et l’ambiance old school est garantie. A tel point d’ailleurs que c’est presque un reproche que l’on pourrait faire au disque, puisque les sacro-saintes règles du genre prennent au fil du disque le pas sur les rythmiques plombées du début qui participaient à l’originalité du disque !

Ce petit déséquilibre de fin de parcours, à la fois dans la spécificité du groupe mais aussi dans la qualité des morceaux formant la conclusion du disque, empêche d’apposer le label recommandé par Progressia sur The Eclectic Measure. Il n’empêche que les amateurs des courants progressifs et hard rock des années 70 trouveront largement leur compte à l’écoute de cet album, en attendant d’en savoir plus sur la suite des aventures musicales des membres d’Hypnos 69.