Anthropia - The Ereyn Chronicles part I

Sorti le: 19/11/2006

Par Jean-Philippe Haas

Label: Magna Carta

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Le metal français assimilé progressif se porte décidément à merveille ! Ces derniers mois, Venturia, Awacks, Darjeeling et quelques autres auront déferlé dans nos pages. Quel contraste par rapport à une traversée du désert pas si lointaine que ça…Aujourd’hui, c’est au tour d’Anthropia de venir déposer son disque dans nos escarcelles. Pour ne pas déroger à une tradition franco-française qui consiste à ignorer royalement ce genre de groupes, Anthropia est signé sur un label étranger et non des moindres : Magna Carta.

En vérité, le terme de « groupe » est quelque peu exagéré, puisqu’Anthropia est avant tout le projet d’un seul homme, Hugues Lefebvre qui s’est chargé de composer et d’arranger le tout, d’interpréter les parties de guitare, de basse, de clavier et d’assurer le chant par-dessus le marché. Il se fait tout de même accompagner à la batterie par Damien Rainaud et par quelques invités, pour les vocaux essentiellement.

Avec Anthropia, c’est une armée de nains guerriers, de dragons et de fées diverses qui débarque bruyamment. A priori, de quoi prendre ses jambes à son cou. L’introduction laisse d’ailleurs présager le pire : synthétiseurs pompeux, chœurs glorieux, partie de batterie quasiment similaire à celle de « Under A Glass Moon » de Dream Theater… la suite n’est guère plus rassurante : « Question Of Honor » semble tout droit sorti d’un album de Kamelot ou de Gamma Ray. Il y a du clonage dans l’air… Heureusement, le reste de l’album vient infirmer cette inquiétante première impression et l’indigestion sonore tant redoutée restera dissimulée derrière un bosquet de cette forêt enchantée. Même si la muse de l’originalité n’a pas béni ce disque, on reste dans l’ensemble assez loin des clichés éculés de Rhapsody Of Fire ou de Stratovarius. The Ereyn Chronicles part I ratisse large : aux références sus-citées on peut ajouter Symphony X, Nightwish, Angra et quelques autres, avec des spécificités plus marquées pour certains titres. Une des grandes réussites de cet album, le quasi-instrumental « Through The Sleeping Seaweed », par exemple, est très empreint du style de la bande à Michael Romeo tandis que les passages typés power metal évoquent Superior ou Vanden Plas. Quelques breaks bien sympathiques voire plutôt originaux (sur « Where The Secrets Lie » et « The Desert Of Jewels ») aèrent des compositions assez longues en moyenne. Si la production atteint ses limites sur les parties qui nécessiteraient un son très lourd, elle reste néanmoins plus qu’honorable dans l’ensemble. La même réserve peut-être imputée au chant qui manque de coffre sur les passages les plus agressifs.

Comme pour la plupart des projets menés par un seul cerveau (on pense à Genius ou Avantasia), on ne saurait trop conseiller à Hugues Lefebvre de déléguer ne serait-ce qu’un peu le travail de composition. Bien que ses influences soient diverses et habilement distillées à travers tout l’album, on ne s’aventure jamais hors des autoroutes à quatre voies sur laquelle circule ce premier volet de « The Ereyn Chronicles ».