Tempest - The Double Cross

Sorti le: 19/11/2006

Par Jérôme Walczak

Label: Magna Carta

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« Folk rock ». C’est à cette catégorie musicale qu’appartient Tempest, dixit leur site officiel. Effectivement, une première écoute séduira les amateurs d’ambiances celtiques mâtinées de chansons de pirates, avec les accompagnements souvent obligatoires dans ce registre bien « typé » : le violon « à l’irlandaise », la viole, les rythmes dansants, limite country. Lief Sorbye, le chanteur norvégien, a réussi une synthèse assez rare de l’autre côté de l’Atlantique. Il a su faire de la bonne musique traditionnelle européenne en s’inspirant avec juste mesure de productions plus musclées caractérisant souvent les groupes américains, et en particulier les artistes de chez Magna Carta, la présence aux manettes de Robert Berry expliquant sans doute cette évolution.

The Double Cross contient en effet tout ce qu’il faut pour danser une gigue ou un quadrille dans une taverne du port de Bristol au milieu des vapeurs de rhum et de tabac de contrebande. De ce point de vue, cet album tient parfaitement son rôle, l’amateur des Chieftains, des Hot House Flowers, des Waterboys (« Whoever you are ») ou des Dubliners sera comblé, car l’album est plutôt réussi. Il ne lasse pas, les mouvements sont rythmés, le groupe ne cède pas à la traditionnelle balade reposante en milieu de course qui reflète généralement chez ces groupes une absence de structure et d’homogénéité de l’ensemble de l’œuvre.

On est plus que joyeux à l’écoute de certains titres dansants et rythmés : la cornemuse sur « Cabar Feidh » par exemple, harmonieusement complétée par un jeu de basse soigné. On ne redescend plus tout au long de l’écoute. Le groupe est endurant, ses morceaux se chantonnent très facilement, c’est ce qui fait que The Double Cross est une musique conviviale, collective. Les chansons peuvent être reprises en chœur et l’album, dans son intégralité, sera peut-être même applaudi à la fin de la soirée ; on pourra aussi se surprendre à danser sur certains titres propices à la farandole (« Eppy Morray »).

Ce qui est intéressant dans cette ambiance musicale finalement assez normée, c’est de débusquer les petites originalités qui rendent cet album attachant. Tempest a signé chez Magna Carta et, conformément à une majorité des artistes de ce label, on sent un petit côté nerveux qui pourra séduire les « allergiques » au style folk classique. « Slippery Slide », par exemple, n’hésite pas à faire appel à une guitare plus musclée, mais tout à fait tolérable pour qui est rétif au son métal. « Vision Quest » est un instrumental qui mêle avec tact les violons traditionnels et la basse, conférant au morceau un petit côté jazz. « Wizard’s Walk », directement inspiré de Jean-Sébastien Bach, (concerto pour deux violons) confirme ces clins d’œil au jazz, notamment sur la fin du morceau où harmonica et guitare se côtoient.

The Double Cross n’est pas un album de rock progressif, pas de titres longs, pas de grandes performances mélodiques, pas de performances instrumentales non plus. C’est plutôt une ambiance, bien construite, parfaitement calibrée et efficace. Cet album ne surprendra pas les amateurs du groupe, mais comblera ceux qui souhaitent agrémenter agréablement leur discothèque. A ranger entre les Waterboys et, osons-le, ZZ top.