A.C.T. – A.C.T.

ENTRETIEN : ACT

 

Origine :Suède
Style : Rock Progressif
Formé en : 1994
Line-up :
Herman Saming – chant
Ola Andersson – guitares
Jerry Sahlin – claviers
Peter Asp – basse
Thomas Lejon – batterie
Discographie :
Today’s Report (2000)
Imaginary Friends (2001)
Last Epic (2003)
Silence (2006)

A.C.T. is back ! Les Joyeux Loufoques du rock progressif ont enfin sorti le nez de leur taverne. Trois ans après Last Epic, Jerry Sahlin et sa clique reviennent hanter vos platines CD avec le sourire et Silence, dernière livraison des Suédois, s’impose comme un des albums de cette fin d’année. Mieux encore, A.C.T. fête Noël en avance avec un contrat signé chez Inside Out. Nous avons cuisiné avec grand plaisir Jerry Sahlin, le créateur, qui nous parle de Silence, sa créature…

Progressia : Tout d’abord, félicitations pour votre récente signature chez Inside Out !
Jerry Sahlin
: Merci beaucoup ! Tu n’imagines pas ce que ça représente. On a entendu parler d’eux pendant des années. Et tout le monde n’avait de cesse de nous dire : Vous devriez être chez Inside Out ; c’est un label parfait pour vous. C’est désormais chose faite ! Et l’enthousiasme est partagé des deux cotés ! Ils nous ont vu en ouverture de Saga en 2003, chose que nous ignorions jusqu’à il y a quelques mois lors du premier contact où ils nous ont dit : Oh, mais on vous connaît, on vous a vu avec Saga, et on aime beaucoup ce que vous faites ! Honnêtement c’est la meilleure chose qui pouvait nous arriver. Là où nous sommes vraiment heureux, c’est que cette signature va permettre aux fans et aux curieux qui s’intéressent à nous de pouvoir enfin se procurer nos albums, tant en Europe qu’aux Etats-Unis.

Peu après cette signature, vous vous êtes embarqués sur une tournée européenne …
Tout à fait. Nous souhaitions tester les nouveaux titres en concert. Les réactions ont été assez positives bien que l’album, à l’époque, n’était pas encore dans les magasins.

Parlons de la genèse de Silence. Une fois encore tu as composé toute la musique.
Oui, et Ola a composé deux titres : « Into The Unkown » et « The Voice Within ». Avec un peu de recul maintenant, je compare ce disque à notre premier, Today’s Report. Certains des morceaux ont été écrits immédiatement après la sortie de Last Epic, donc ça fait un moment qu’on les travaille, qu’on les peaufine, qu’on les arrange… Certains titres de Today’s Report avaient près de six ans au moment de l’enregistrement. Cette fois-ci, les plus vieux avaient deux ans… pas plus.

Qu’en est-il des chansons qui ne figurent pas sur l’album ? Est-ce que tu les laisses de côté, quitte à les reprendre plus tard, ou au contraire, les mets-tu à la poubelle ?
Les jeter ? Tu rigoles, j’espère ? (Rires) Plus sérieusement, j’écris toujours plus de titres que n’en figurent sur l’album. J’enregistre tout ce que je compose sur ordinateur, je ne jette rien. De manière générale, tout ce que j’enregistre est quasi finalisé. Il y a des moments où, quand je ne « sens » pas un morceau en particulier, je le laisse tomber et je me remets dessus plus tard, peut-être pour le sortir un jour sous mon propre nom, qui sait ?(Rires). Je pense que certaines de mes compositions ne rentrent pas dans le cadre d’A.C.T.. Je fais la part des choses entre ce qui va pour A.C.T. et ce qui ne convient pas.

Le terme de « pop progressive » semble vous coller le mieux. Et il semblerait que sur Silence vous ayez poussé le concept encore plus loin. Vous parvenez en effet à dire beaucoup de choses sur un titre quasi formaté pour la radio. Peut-on parler de marque de fabrique ?
Je ne sais pas trop, pour être sincère. Je dirais plus qu’il s’agit là d’une évolution logique. Tout ce que nous avons composé et enregistré est toujours venu de manière spontanée et on ne peut plus naturelle, jamais forcée. C’est comme ça, je n’y peux rien. La seule chose « préméditée » est ce nouveau titre épique qui initialement ne devait pas figurer sur Silence. Mais on s’est dit que, finalement, il en fallait un ! (Rires)

Donc le Last Epic n’est finalement pas le dernier ? (Rires)
Oui. (Rires) Tu crois qu’on va perdre des fans à cause de ça, d’après toi ? Certains risqueraient d’être paumés à ton avis ? (Rires). On verra bien !

Ce nouveau titre épique présente A.C.T. sous un nouveau profil …
En effet, « Consequences » montre une autre de nos facettes, en particulier en ce qui concerne les paroles. Je souhaitais présenter un côté plus sombre et moins humoristique. C’est très intéressant d’avoir ce genre de chanson à ce moment précis car c’est la première fois que nous sommes aussi sérieux dans nos textes. Je peux l’affirmer : nous avons touché au but. J’en ai d’ailleurs fait part aux autres membres du groupe : ce sont les meilleures paroles que j’ai lues jusqu’à maintenant. Je suis très enthousiaste et je l’étais tout autant quand Ola m’a envoyé les textes de « Joanna », je n’en revenais pas, je me suis dit : Bon sang, c’est incroyable ce qu’il a écrit là. De manière globale je considère que les textes de « Consequences » sont une réussite totale.

Sur Last Epic, il y avait une part de sérieux à travers des titres comme « Torn By A Phrase » ou « Manipulator ».
Tout à fait. Mais il y a un coté décalé sur ces chansons. Les textes de « Joanna » ne sont pas aussi drôles ! Il s’agit d’une fille enceinte qui se fait écraser par un chauffard ivre, remettons les choses dans leur contexte ! Nous souhaitions, comme je le disais avant, aller plus loin dans le coté obscur tant musicalement que textuellement.

Le côté obscur de votre musique est représenté par « Consequences » mais qu’en est-il de la première partie qui ressemble plus à du A.C.T. typique comme « Useless Argument » ou « Polish, Reduce and Enlarge » ?
« Useless Argument » est un bon exemple de la folie qui peut survenir dans nos titres à l’image du chant lead qu’Herman, Ola et moi-même nous partageons. Quant à « Polish, Reduce and Enlarge », c’est du Ola Andersson tout craché ! (Rires)

Les textes sont de la plume d’Herman et d’Ola. Il est intéressant de voir qu’Herman s’implique de plus en plus dans l’écriture des paroles…
Quand j’ai présenté les titres aux autres, ils étaient vraiment impatients d’en découdre avec les mots. Exception faite pour Peter qui ne pouvait pas trop prendre part à l’écriture car il était impliqué dans d’autres projets. Donc oui, Herman et Ola se sont partagés les textes.

Comme sur Imaginary Friends et Last Epic, on trouve une section de cordes sur Silence. Lors de notre dernière interview tu nous expliquais que, malgré leur importance dans A.C.T. elles n’étaient pas nécessaires en concert, comme si en studio elle servait de « calque » supplémentaire…
C’est un peu différent cette fois-ci. Tout le groupe était d’accord pour que les cordes fassent partie intégrante des chansons, jusqu’à les faire partir en solo de temps à autres. J’avais en tête d’avoir un orchestre dans le groupe.

Les chœurs sont plus présents et plus denses que par le passé…
Tout à fait. Je me suis chargé d’enregistrer tous les chœurs moi-même et j’entends faire de même à l’avenir !

Est-ce que tu as changé ta manière de composer pour les cordes sur ce disque ?
Oui, d’un album à l’autre, en vérité. Sur Imaginary Friends, je n’avais aucune idée de la manière d’intégrer les cordes aux titres. J’ai donc eu une approche similaire à celle que j’ai pour les arrangements. Avec le recul c’est une expérience positive dont je suis sorti grandi.

Nous avons entendu certaines nouveautés sur l’album comme l’utilisation du Synth-Bass par Peter sur « Out Of Ideas ».
Peter a eu cette idée en écoutant un obscur groupe danois. Il souhaitait en mettre un peu et j’étais ravi de son initiative : Vas-y mon pote, ramène ! (Rires) Cela ajoute de nouvelles couleurs notamment en concert, où il tue littéralement le public tellement les fréquences sont basses (Rires) Il a fait du très bon boulot avec cette bestiole !

Hormis cet instrument, as-tu pensé à inclure d’autres nouveautés ? Est-ce que par exemple quand tu composes, tu écoutes de la musique et le cas échéant te sens-tu influencé par une quelconque idée ?
Non, je n’écoute jamais de musique en période d’écriture. Je veux faire mon truc avec mes propres influences.

Si je te dis que l’album est plus progressif et peut-être un peu moins heavy, que me réponds-tu ?
Que c’est fort probable, mais cela dit, je n’y pas trop réfléchi et je ne pense pas en ces termes. Peut-être que le prochain album sera plus heavy, voire metal, qui sait ? On est comme ça, on ne planifie pas.

Parlons des arrangements qui est l’un des points auquel tu accordes beaucoup d’importance. Quelle est la part réelle de liberté qu’ont par exemple Ola et Thomas ?
L’exemple de Thomas est bien choisi : quand nous sommes en répétitions, il joue tout le temps les mêmes plans et quand on bosse sur un nouveau titre, il a ses parties de batterie et en général il s’y tient. Et au moment de l’enregistrement, il vient avec des nouveaux plans de batterie complètement dingues et on les garde. Et ça a le mérite de tirer tout le groupe vers le haut dans le sens où il va sortir un plan tordu et nous n’aurons qu’une envie : le suivre ! Même chose avec Ola : quand il est en studio, il fait des changements à la toute dernière minute au regard de ce que Peter, Thomas ou moi avons fait. Il développe son arrangement en fonction de nos parties et j’aime ça.

Et cette idée prend toute sa dimension en concert …
Absolument. Vous nous suivez depuis un moment et tu as pu assister à quelques-uns de nos concerts. Tu seras donc d’accord que nous tenons à faire quelque chose d’extra et ne pas faire des anciens titres une simple routine en concert. Nous voulons les garder vivants aussi bien pour nous que pour le public. Au sein d’A.C.T., nous aimons tous le changement mais ce que nous ne voulons pas, c’est « saboter » un titre comme « The Wandering » en en faisant une version reggae. Ce n’est pas notre style mais dans les parties instrumentales ou les breaks, on fait quelques changements et la réaction du public correspond à nos attentes : Hein ? Mais c’est quoi ça ? Il n’y a pas ça sur la version CD ! (Rires).

Autre changement important qu’il convient de citer : pour Silence vous avez en la personne de Martin Hedin (claviériste et producteur d’Anrdomeda) une nouvelle paire d’oreilles…
Oui, nous souhaitions vraiment changer et essayer de nouvelles choses pour cet album, comme impliquer un nouveau producteur avec un regard neuf sur notre musique. Martin, il faut le signaler tout de même car c’est un détail important, ne connaît pas bien A.C.T., il n’a écouté que nos deux premiers disques. Travailler avec lui s’est avéré être une superbe expérience. Une nouvelle paire d’oreilles… j’aime cette expression … en fait, tu ne crois pas si bien dire(Rires). Concernant les différences avec Pelle, notre ancien producteur, c’est le jour et la nuit ! Lors des sessions d’arrangements sur Imaginary Friends c’était dur de trouver un terrain d’entente parce que Pelle avait une approche plus metal. Et nous ne sommes pas un groupe de metal. On écrit des chansons et on travaille à trouver le parfait équilibre plutôt que de mettre en avant un instrument qui va détruire cet équilibre. Néanmoins, ce que je viens de dire n’est peut-être pas parfaitement perceptible, mais Silence met tous les membres du groupe sur le même pied d’égalité.

Depuis Today’s Report, vous avez des classiques en concert comme « Waltz With Mother Nature », « A Supposed Tour » ou « Mr. Landlord » … Y a t-il des titres que vous souhaiteriez jouer plus souvent devant vos fans mais que vous ne pouvez interpréter en concert en raison de la complexité des arrangements studio ?
Je ne considère pas cela comme un problème. Nous voulons jouer des titres d’Imagninary Friends car nous prenons notre pied à jouer ces morceaux. Cependant certaines compositions sont assez complexes à mettre en place et nous n’avons jamais vraiment pris le temps de nous poser et de travailler dessus. Mais nous voulons vraiment le faire ! Nous voulons jouer « Relationships » dans son intégralité. Nous avons, par le passé, joué « Mr. Unfaithful » mais pas dans son intégralité.

Tant qu’à pousser le plaisir à l’extrême, pourquoi ne pas jouer les trois « long ones » d’affilée ?
Mais nous y pensons sérieusement, figure-toi ! On en a déjà parlé entre nous et nous le ferons !

Voilà qui devrait ravir nos lecteurs. Et quand comptez-vous nous gratifier de quelques concerts dans notre beau pays ?
Nous en avons discuté avec Inside Out. Mais à priori ce ne sera pas avant le début de l’année prochaine. Pour le moment, le rythme est assez infernal avec la promo, etc. Nous avons d’autres projets que nous souhaitons vivement mener à terme. A partir de là, je pense que les concerts devraient se planifier aux alentours de mars ou avril prochain. Je ne sais pas encore si nous serons tête d’affiche ou en première partie ou même co-tête d’affiche, je sais qu’Inside Out à un certain savoir-faire pour composer des affiches intéressantes avec des groupes signés chez eux.

Vu le quota de groupes venant de Suède, pourquoi ne pas leur proposer une affiche 100% suédoise ? (Rires)
Ne ris pas, je trouve cette idée géniale ! Et j‘adorerais pour ma part tourner avec Pain Of Salvation.

Est-ce qu’Inside Out a prévu de ressortir vos précédents albums ?
Oui c’est dans les cartons, avec quelques boni dessus. Je ne sais encore quelle en sera la teneur exacte, mais cela devrait être principalement des vidéos ou du matériel de concert. Je sais que certains devront acheter ces disques une nouvelle fois mais ce n’est pas notre faute (Rires) ! Encore une fois, cette signature est une bénédiction pour nous et surtout pour vous. D’ailleurs je profite de cette occasion pour remercier et féliciter Progressia car je sais que vous nous avez donné un sacré coup de main quand Last Epic est sorti et qu’il était difficile à trouver en France. Nous connaissons le travail d’Inside Out et nous pensons que le bouche-à-oreille va faire son effet.

Comme une grande majorité d’artistes, A.C.T. a une page sur myspace.com. Est-ce que cela vous a servi pour avoir de nouveaux fans ou contacter de nouveaux groupes ?
Je ne connaissais pas l’existence de ce site, jusqu’à ce que notre manager nous en parle. Je m’y suis intéressé depuis et c’est très intéressant car cela permet de découvrir des groupes non signés et très talentueux qui mériteraient une écoute plus approfondie. C’est encore très vague pour moi, mais je vais m’y attarder un peu plus.

Le mot de la fin ?
Et bien je dirai que je travaille actuellement d’arrache-pied à l’élaboration de nouveaux titres. Je ne sais pas ce qui m’arrive mais je suis inspiré… Allez, j’ouvre le cahier de doléances : qu’aimerais-tu entendre sur le prochain A.C.T. ?

(NdDan : Inutile de vous dire que votre serviteur fût a ce moment précis l’homme le plus embarrassé du monde) Très sincèrement, je préfère que tu nous réserves une belle surprise !
Très bien, mais quoi qu’il arrive, vous aurez votre dose d’harmonies vocales ! (Rires)

Propos recueillis par Dan Tordjman

site web : http://www.actworld.nu

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