DOSSIER : Queen

L’impensable s’est enfin produit : Queen est remonté sur scène. A cette occasion, Progressia revient sur le parcours et l’histoire d’un groupe peu commun dont l’impact sur les formations actuelles en a fait l’un des groupes rock phares du siècle passé.

1. 1969 – 1979

Fin des années soixante, la Grande Bretagne se pose en berceau de nombreuses formations rock comme les Who, les Kinks, Cream, les Beatles – dont la fin est proche – ou encore Led Zeppelin qui à l’inverse des autres démarre tout juste sa carrière. Un jeune guitariste américain du nom de Jimi Hendrix fait également parler de lui dans les clubs londoniens par son jeu et son style flamboyants. C’est la scène qui marque Brian Harold May et Farookh Bulsara. Ces deux garçons ne se connaissent pas encore bien qu’ils habitent à deux pas l’un de l’autre, mais ils vouent à Hendrix le même culte. Brian, jeune étudiant en astronomie, décide très tôt d’être guitariste. Après son premier ukulélé, il rêve d’une Fender Stratocaster mais celle-ci est bien trop chère pour lui. Qu’importe ! Avec son père il se lance dans la fabrication de sa propre guitare, recyclant divers matériaux comme le bois d’acajou d’une ancienne cheminée, les pièces d’un moteur de mobylette pour la mécanique et une épingle à tricoter de sa mère pour le vibrato. Ainsi naît la fameuse Red Special, sacro-sainte guitare largement copiée mais jamais égalée, et qui lui sert toujours aujourd’hui !
Quelques anecdotes à son sujet : Brian achète toujours deux places quand il prend l’avion, l’une pour lui et l’autre pour sa guitare, refusant qu’elle voyage dans la soute. Un musée de la guitare voulut lui racheter cette Red Special. Après avoir longuement réfléchi, May accepta… puis se rétracta, réalisant qu’il ne pourrait jamais vivre sans elle !

C’est donc très attiré par le son d’Hendrix, la puissance de Led Zeppelin et les mélodies accrocheuses des Beatles que le guitariste décide de monter un groupe en compagnie de son ami Tim Staffel, chanteur et bassiste de son état. Les annonces pour rechercher un batteur sont lancées et l’on peut y lire : « Groupe recherche batteur très motivé influencé par Mitch Mitchell ou Ginger Baker » et c’est Roger Meddows Taylor, alors étudiant en médecine dentaire, qui décroche le job. May dit de lui : « De tout ceux que nous avions vu, c’était le seul qui réglait les peaux des toms avant de jouer, je n’avais jamais vu faire ça. Il m’avait paru très pro, j’étais impressionné. »
Smile est ainsi lancé. Le trio écume les clubs anglais et parvient même à sortir un single, Earth que la maison de disque ne distribua qu’aux USA, jugeant que le son du groupe n’était pas fait pour le marché européen. Sans promo et dans un pays où Smile était inconnu, le résultat était prévisible : un flop. Tim Staffel se décourage alors et décide de quitter le navire. Il se tournera un moment vers une formation nommée Humpy Bong, puis deviendra animateur TV à la BBC. Il demeure aujourd’hui un musicien et un ami de Brian et Roger.

Rentre alors en scène le personnage d’origine perse Farookh – en Anglais : Fredderick – Bulsara, dit Freddie, étudiant à l’Ealing Art College de Londres, né à Zanzibar, île à la profonde culture indienne, d’un père diplomate. Bulsara occupe à l’époque le poste de chanteur dans des groupes comme Wreckage, Sour Milk Sea et Ibex, c’est aussi un ami de Roger Taylor avec qui il fait les marchés aux puces pour gagner un peu d’argent. Suivant Smile partout où le groupe se produisait, il n’hésitait pas à lui prodiguer des conseils sur ce qu’ils devraient faire selon lui, pour réussir tant au point de vue vestimentaire que musical, à tel point que les deux comparses lui proposent de remplacer Tim.
Il s’avère être un chanteur doublé d’un pianiste de talent. L’ambition de Bulsara est démesurée, répétant à qui veut bien l’entendre qu’il sera un jour une star riche et célèbre. Ainsi il change son nom, adopte le patronyme de Freddie Mercury (nom auquel il pensait depuis de nombreuses années) et fait part de ses grands projets pour le groupe qu’il décide de renommer Queen, même si les deux autres ne sont pas tout à fait d’accord : le nom porte un double sens, à la fois « reine » certes, mais aussi « folle », connotation homosexuelle que la libération des mœurs n’a pas encore départie de son parfum sulfureux. « il y a des années que je pensais à ce nom Queen. C’est juste un nom mais il est très majestueux, et il semble splendide. C’est un nom fort, très universel et immédiat. Il m’apparaissait avoir beaucoup de potentiel visuel et être ouvert à toutes sortes d’interprétations. Je me rendais bien sur compte de sa connotation gay, mais c’était uniquement une de ses facettes », a déclaré Freddie Mercury.

De nouvelles auditions sont organisées pour recruter un bassiste. Après en avoir essayé quelques-uns, un peu découragés, on leur présente un soir dans un bar un étudiant en électronique nommé John Deacon. Sonnez hautbois, résonnez musettes ! Queen est né ! Ces quatre là resteront ensemble jusqu’à la fin, chose rarissime dans l’histoire du rock.

Vers 1970, Queen décroche ses premiers concerts en ouverture de Mott The Hopple et se fait une tranquille réputation de « petit groupe » qui deviendra grand au point de voler la vedette à la formation d’Ian Hunter, pourtant déjà bien établie. C’est aussi à cette époque que Freddie dessine ce qui sera l’emblème du groupe à savoir le Crest composé des signes zodiacaux des membres de la formation (deux vierges, un cancer et un lion) et s’inspirant du véritable blason de la famille royale du Royaume-Uni.

Une anecdote amusante et qui historiquement aurait pu changer beaucoup de choses : le 09 janvier 1971 à Ewell en Grande-Bretagne, Queen joue en première partie d’un autre groupe Anglais qui débute aussi sa carrière : Genesis. A cette époque Peter Gabriel et ses comparses sont à la recherche d’un batteur pour remplacer John Mayhew. L’Archange tombe sous le charme du jeu de Taylor et essaie tant bien que mal de le débaucher pour que celui ci rejoigne Genesis. Roger Taylor refuse malgré l’insistance de Peter Gabriel.

L’année 1971 voit Queen rentrer en contact avec le label Trident, alors filiale d’EMI, en recherche de groupe pour faire des essais dans leurs nouveaux studios De Lane Lea avant de proposer leurs services aux grands du moment, tel Bowie. Ainsi Queen peut enregistrer gratuitement et dans de bonnes conditions ses premières démos. Un contrat est signé, mais cela ne convient aux quatre garçons : les clauses en sont revues, cette fois avec EMI directement.
En 1973, Queen entre en studio pour enregistrer son premier album mais doit attendre la nuit ou bien les jours sans activité, car leurs moyens ne leur permettent pas de louer l’endroit autrement. De cette attente forcée, ils profitent pour composer. Queen sort chez les disquaires et porte une mention qui figurera pendant un long moment sur les disques du groupe : « personne n’a joué de synthétiseur », afin de palier les fausses rumeurs accusant le groupe d’utiliser un tel instrument alors qu’il ne s’agit que de l’expression du talent de Brian à la guitare. Leur premier simple, « Keep Yourself Alive », est alors diffusé sur la BBC. S’il ne rencontre pas un énorme succès, il sert néanmoins à jeter les bases de ce qui sera plus tard la marque de fabrique de Queen : une voix de cristal et une guitare au son reconnaissable et aux harmonies riches liées à une section rythmique d’une efficacité rarement vue depuis John Bonham et John Paul Jones (Led Zeppelin). Le groupe obtient un succès d’estime.

Malgré les faibles ventes de Queen I, le quatuor s’accroche. Il planche alors sur la finalisation de ce qui sera Queen II, composé durant les longs moments d’attente dans les studios d’EMI pendant l’enregistrement de leur premier disque et qu’ils ont eu le temps de roder sur scène. Ce disque sorti en 1974 se veut un peu plus sombre que son prédécesseur et joue sur la dualité du blanc et du noir : une face blanche composée essentiellement par May et la noire totalement acquise à Mercury. Queen II marque aussi le début d’une longue et fructueuse collaboration avec le producteur Roy Thomas Baker. Ainsi, l’extrait « Seven Seas Of Rhye » fait une entrée remarquée dans les classements britanniques. Le nom de Queen revient de plus en plus dans les discussions, le bouche-à-oreille fait son effet, les efforts commencent alors à payer. Le premier point culminant de cette rumeur qui commence, est un concert en tête d’affiche au Rainbow Theater. 1974 voit aussi la première tournée nord-américaine de Queen en première partie… de Mott the Hopple !

Tout ceci pourrait largement satisfaire trois des musiciens, mais ce n’est pas assez pour Mercury, dont la soif d’ambition ne cesse de grandir avec les ventes d’albums. Ecourtant leur tournée américaine pour soigner une hépatite contractée par Brian May, les musiciens décident de battre le fer tant qu’il chaud et de profiter de ce repos forcé pour continuer à composer. Queen retourne dans la foulée en studio pour sortir la même année Sheer Heart Attack. Cette fois est la bonne : « Killer Queen » passe en boucle sur les ondes britanniques et Queen se voit invité pour un passage dans l’émission Top Of The Pops pour une interprétation télédiffusée. Les critiques sont élogieuses, Queen devient LE groupe du moment et achève sa tournée en tête d’affiche au Rainbow Theater de Londres. Le meilleur reste à venir. Queen décide de ne plus faire de premières parties pour d’autres groupes ! C’est ainsi que les musiciens décident de s’envoler pour le Pays du Soleil Levant où les attend une foule colossale à l’aéroport. Du jamais vu depuis les Beatles ! Une tournée qui lia de fortes amitiés entre Queen et son public nippon.

En 1975, Queen entre en studio, toujours sous la houlette de Roy Thomas Baker, pour y enregistrer ce qui deviendra une véritable bombe, A Night At The Opera. Pour cet album, beaucoup d’argent fut investi par John Reid alors manager de Queen (et d’Elton John). Il fut enregistré dans pas moins de six studios différents et fut considéré à l’époque comme la galette la plus onéreuse de l’histoire. Ce disque contient des perles comme « Death on Two Legs », « 39 », ou « The Prophet’s Song » véritable bijou de rock progressif. Toutefois, la pièce maîtresse de l’album s’appelle « Bohemian Rhapsody ». La genèse de ce titre est pour le moins surprenante. Roy Thomas Baker raconte : « Je me souviens pendant les sessions d’enregistrement, Freddie nous a tous fait sursauter. Il nous a dit alors : « J’ai une idée de chanson, écoutez cela ! ». Il s’est alors mis au piano, en chantant, et même si quelques mots manquaient ici et là, le canevas du morceau était déjà bien tissé. A un moment, il s’est arrêté de jouer et nous a dit : « C’est à ce moment là que le passage opéra débute, chéri ! » Imaginez nos têtes ! Le fait est que la chanson devenait de plus en plus longue mais qu’il arrivait néanmoins à caser toutes les idées qu’il avait pour ce titre qu’il a baptisé « Bohemian Rhapsody ». »

Malgré les nombreuses innovations présentes, il y a peu de chances pour que le titre rencontre le succès. La raison principale est sa durée de plus de six minutes. Dans un monde où les tubes radios ne dépassent pas les sacro-saintes trois voire quatre minutes, comment faire de ce titre un incontournable du rock ? EMI refuse donc de sortir le titre en single. C’est sans compter sur Kenny Evrett, DJ Anglais et ami de Freddie. Celui ci lui remet une copie du titre car Kenny l’adore, tout en lui faisant promettre de ne pas la diffuser tant que l’album ne sera pas dans les bacs. Evrett est tellement fan du groupe qu’il passe quand même la chanson sur les ondes. Les auditeurs appellent sans cesse la radio pour que le titre soit rediffusé, tant et si bien qu’en deux jours, il passe quatorze fois ! Grâce à Kenny Evrett, Queen va devenir énorme ; EMI revoit sa position et accepte de sortir le single. Mercury and Co en profitent alors pour tourner en seulement quatre heures ce qui sera l’un des premiers vidéoclips commerciaux de l’histoire, ce qui donnera encore plus d’impact au titre.

Malgré le succès planétaire de « Bohemian Rhapsody », Queen ne se repose pas sur ses lauriers et enregistre en 1976 A Day At The Races. Une fois de plus les éloges sont au rendez vous et cet album s’avère être dans lignée du précédent. Les style musicaux explorés sont nombreux : on passe du heavy avec « Tie Your Mother Down » à la valse avec « The Millionaire Waltz » sans oublier le gospel « Somebody To Love » qui connaîtra un succès similaire à celui de « Bohemian Rhapsody ». Le groupe en profite alors pour repartir en tournée outre-atlantique où le public répond présent. Juin 1976 voit Queen donner un concert exceptionnel et totalement gratuit à Hyde Park en plein cœur de Londres. Brian May : « Quand vous jouez devant une foule importante, vous avez le trac. Mais là, jouer devant une foule immense et chez vous, où sont présents les fans de votre ville mais aussi vos familles et amis, c’est totalement flippant. »

En 1977, le punk explose et tout le monde se réclame du mouvement No Future. C’est ce moment que Queen choisit pour sortir News Of The World. Là encore, l’exploration de divers styles musicaux est présente mais moins flagrante que par le passé. Le bluesy « Sleeping On the Sidewalk », le heavy « Sheer Heart Attack » qui est la réponse de Taylor au mouvement punk, et le zeppelinien « It’s Late » en sont la preuve. Mais les deux perles de cet album sont les deux hymnes « We Will Rock You » et « We Are The Champions ». Une anecdote de Roger Taylor à propos de « We Will Rock You » : « Tout le monde me félicite pour les parties de batterie de ce morceau mais sachez que je n’ai pas joué de batterie sur ce titre, il s’agit juste de Freddie, Brian, John et moi même tapant du pied et des mains et nous avons multiplié ces parties. (rires) ». Quant à « We Are The Champions », ce titre représente le coté flamboyant de Queen et servira d’hymne international dans tous les stades du monde.

1978 voit Queen sortir Jazz qui pour la petite histoire est enregistré à Nice, où Mercury assista au passage du Tour de France qui lui inspira « Bicycle Race ». Toujours sous la houlette de Baker, le groupe propose encore un disque très varié, bien qu’un peu en retrait par rapport aux flamboyants albums précédents. Du jazzy « Dreamer’s Ball » au heavy « Fat Bottomed girls » ou « Dead on Time », Queen s’attaque à une multitude de styles. 1978 marque les premiers concerts de Queen en France avec des passages par Paris et Lyon. Pourquoi tant d’attente pour le public Français ? Selon le groupe lui même, les ventes n’étaient jusqu’à présent pas énormes et une tournée française financièrement risquée. La sortie pleine de succès du single « We Will Rock You » / « We Are The Champions » change la donne et décide le groupe à venir sur notre territoire durant la tournée promotionnelle de Jazz. C’est d’ailleurs lors de celle-ci que Queen enregistre son premier album en public appelé sans aucune prétention Live Killers. Avec ce double LP, Queen montre une fois pour toute qu’il est un groupe de scène capable véritablement de jouer avec le public. Même si Roger Taylor avoue ne pas aimer le son de ce live et qu’il fut fait à la va vite, cela n’empêche pas le disque de cartonner. Il est à noter qu’en 1979 May, Taylor, Deacon et Mercury sont élus par le fameux Guinness Book comme les dirigeants d’entreprise les mieux payés avec Queen Production.

2. 1980-2003

1980 est une grande année pour Queen, placée sous le signe de la nouveauté. Les quatre garçons s’essaient en effet à la musique de long métrage, et c’est pour Flash Gordon, véritable navet dans lequel jouaient pourtant Timothy Dalton et Ornella Muti, que Sa Majesté enregistre sa première bande originale de film. Le tout est en grande partie chaperonné par Brian May.
La grande nouveauté réside en fait dans l’utilisation, pour la première fois, de synthétiseurs, alors que le groupe mettait jusque là un point d’honneur à s’en passer. « C’est un film de S.F., il faut donc des sons nouveaux, et puis, de toutes manières, quelque soit l’instrument utilisé, c’est l’homme qui reste aux commandes et l’esprit du groupe demeure », dixit Brian May. Malheureusement, les ventes de la B.O. sont à l’image du succès du film : quasiment confidentielles.

Qu’à cela ne tienne, le groupe se remet au travail. Le début des années 1980 voit la consécration du disco, et les quatre garçons continuent donc d’utiliser le synthétiseur. De quoi dégoûter les rockers purs et durs qui attendent avec l’album à venir de Queen, le sauveur potentiel du genre. La surprise est donc de taille lors de la sortie de The Game, dont le tube « Another One Bites The Dust » est la réponse de John Deacon au « Freak » de Chic. Ce titre constitue d’ailleurs le premier tube « blanc » de la communauté noire américaine. Si ce disque choque pour le moins certains fans, le quatuor n’y renie pas pour autant ses origines rock, et se permet même de donner sa propre définition du rockabilly avec le single « Crazy Little Thing Called Love ». Malgré un son résolument moderne, résultant d’une collaboration avec Reinhold Mack, The Game déclenche tant bien que mal l’enthousiasme des fans. Même les purs et durs finissent par se rallier à la cause, et The Game se vend aussi bien que A Night At The Opera en son temps.
Queen s’offre une cerise sur le gâteau de ces dix années de réussite, en forme d’un Greatest Hits qui, comme son nom l’indique, regroupe les tubes du groupe et fait son effet en touchant un public de plus en plus large. Cette compilation reste à ce jour le disque le plus vendu du groupe, et a volé en tête des charts anglais durant plusieurs mois.
Fidèle à sa coutume, le groupe entame une tournée mondiale pour promouvoir l’album, et Queen s’envole pour la première fois en Amérique du Sud, avec les tournées South America Bites Dust et Gluttons For Punishment, visitant les plus grands stades du monde. Roger Taylor : « Vous rendez-vous compte ? Les stades là-bas rassemblent environ 200 000 personnes : en une semaine de travail nous avons joué devant presque un million de personnes, c’est vachement rentable comme semaine non ? (rires). »
Devant ce succès phénoménal, le concert du Morumbi Stadium est diffusé en simultané à la télévision et suivi par 35 millions de spectateurs en Amérique Latine. A la fin de cette tournée pleine de succès, Queen songe fortement à revenir, mais la guerre des Malouines entre l’Argentine et la Grande-Bretagne change la donne. La tournée planifiée en 1983 ne verra jamais le jour, et Queen ne reviendra plus en Amérique du Sud qu’à l’exceptionnelle occasion du festival « Rock In Rio ».

En 1982, Queen s’en retourne en studio pour accoucher de Hot Space, un album pour le moins innovant dans la carrière de la formation britannique : on y découvre des boites à rythmes ainsi qu’une incursion dans le reggae ! Mais le véritable intérêt de ce disque est le titre « Under Pressure », sur lequel un certain David Bowie vient pousser la chansonnette, et qui fait un carton dans les charts ! « J’étais à Montreux et j’ai appris que Queen y était également pour enregistrer son prochain album aux Mountain Studios. Je suis donc allé les voir, nous avons jammé et il en est ressorti ce titre. », a déclaré David Bowie. « Ce titre fut crédité Queen & David Bowie, mais ce sont surtout David et Freddie qui l’ont écrit : la ligne de basse vient de David et la mélodie de Freddie. », dixit John Deacon. Bowie n’a jamais joué la chanson en live avant la mort de Mercury, contrairement à Queen. En effet, éternel insatisfait, Mercury estimait que la chanson n’était pas suffisamment achevée (rappelons qu’elle avait été écrite en une nuit !). Mais après 1991, Bowie l’intégra à ses set lists, en mémoire à Freddie.
1982 voit une nouvelle tournée mondiale, dont témoigne le fabuleux concert récemment sorti en DVD, Live at the Bowl. C’est aussi l’occasion de la dernière tournée américaine de Queen. En effet, le groupe et son manager Jim Beach estiment qu’Electra, leur maison de disques américaine, ne fait pas son travail correctement et n’assure pas la promotion comme il en était convenu par contrat. Ils prennent donc la décision de ne pas revenir en Amérique sans une nouvelle maison de disques, chose qui ne sera faite qu’en 1991 avec Hollywood Records (groupe Disney). Mais hélas, comme chacun sait, il est alors trop tard. Ce boycott a gravement nui à l’image de Queen aux Etats-Unis, et le groupe y perd des fans.
Roger Taylor profite de l’année 1982 pour sortir son premier album Fun In Space, qui reçoit un accueil plutôt mitigé. Il n’en est cependant pas à son coup d’essai puisqu’il avait été le premier membre du groupe à sortir un disque en solo, le single « I Wanna Testify » / « Turn On The TV », sorti en 1977.

En 1983, c’est au tour de Brian May de s’offrir une petite parenthèse avec le StarFleet Project, où il réunit Jeff Beck et Eddie Van Halen. Après cette récréation, May rejoint ses compères en studio pour travailler à la composition de prochain disque de Queen, The Works, sérieusement attendu au tournant après l’étrange Hot Space.
Après l’échec de ce dernier, la tension est montée au sein du groupe. Roger Taylor et Brian May en ont assez des sons étranges et du style trop « cool » du dernier album, et veulent revenir à une musique plus heavy. Ainsi, en 1984, la Reine fait à nouveau parler d’elle avec son nouveau single, « Radio GaGa ». Les fans croient d’abord à une plaisanterie de mauvais goût mais se laissent une fois de plus prendre au jeu. Roger Taylor raconte que ce titre est venu de son fils, âgé de deux ans, qui lui disait en lui montrant du doigt le poste de radio : « radio caca ». Le clip accompagnant le single est un petit bijou artistique, rendant hommage à Metropolis, le classique de Fritz Lang sorti en 1934, et colorisé par Giorgio Moroder en 1984. Notons à ce propos la participation de Freddie Mercury sur la bande originale de la nouvelle version du film, avec le titre « Love Kills ».
1984 voit aussi la sortie du deuxième album solo de Roger Taylor, Strange Frontier, très influencé par le style de Bruce Springsteen.
The Works arrive finalement dans les bacs des disquaires, et ravive la flamme des fans déçus par Hot Space. Outre « Radio GaGa », l’album contient des tubes en puissance tels que « I Want To Break Free » (dont le clip est une parodie du soap opéra britannique Coronation Street, véritable institution en Angleterre) ou « Hammer To Fall », qui deviendront des classiques en concert. C’est aussi l’occasion de découvrir une facette plus lyrique de Freddie Mercury qui signe sur ce disque, avec « It’s A Hard Life » et « Keep Open The Windows », deux de ses plus belles compositions, sur lesquelles il met en avant son côté théâtral.
La tournée qui suit est un véritable triomphe mais il y a une ombre au tableau : le groupe accepte de donner des concerts à Sun City, en Afrique du Sud, alors en plein Apartheid. Il n’en faut pas moins pour que les membres du groupe soient taxés de racisme par l’Union des artistes en Angleterre. Malgré des communiqués de presse déclarant qu’ils ne font que répondre aux demandes incessantes des fans sud-africains dont le pays est boycotté par la plupart des artistes, et essayer par leur présence d’apporter leur soutien à la lutte anti-raciste, cela ne suffit pas et Queen se trouve inscrit sur la liste noire de l’ONU.

Heureusement, en 1985, Queen est invité au Live Aid organisé par Bob Geldof, pour une performance d’anthologie aux cotés de U2, Black Sabbath reformé dans son line-up originel pour l’occasion, et Led Zeppelin avec Jason Bonham et Phil Collins à la batterie. Queen joue vingt minutes et, par ailleurs, on dit couramment que ce fut l’une de leurs plus belles prestations live.
C’est, soit dit en passant, à l’écoute de ce concert que l’on comprend pourquoi John Deacon ne chante jamais sur les disques de Queen. Il suffit de prêter attention à l’un des refrains de « Hammer To Fall » : John y fait les chœurs, mais le micro, habituellement fermé, est ouvert par erreur, et l’on comprend très vite la gravité de la chose !
La tournée qui suit The Works passe par toute l’Europe et le Japon en 1985. Et, sans que personne ne le sache, c’est là aussi la dernière fois que le public nippon voit Queen sur les planches. Le groupe participe cette même année au Festival « Rock In Rio », où il casse la baraque avec une affluence record de 250’000 personnes !
Courant 1985, Freddie Mercury prend le temps de s’exiler à Munich, son berceau de l’époque, pour finir un projet qui lui tient à cœur, son premier album solo. « Je joue avec des musiciens allemands, c’est une autre approche, c’est bien de jouer avec d’autres personnes », déclare Freddie Mercury. Mr. Bad Guy sort en 1985 mais n’obtient pas le succès escompté.

Début 1986, en pleine phase d’écriture, le quatuor est approché par le cinéaste Russell Mulcahy, qui demande à Queen de bien vouloir lui offrir une composition pour son prochain film, Highlander. Un seul titre aurait suffi pour faire la joie de Mulcahy, mais la Reine « offre » finalement pas moins de six titres, qui finiront sur la bande originale d’Highlander. Le film est un succès et l’album A Kind Of Magic un véritable carton. Ne comportant que des tubes, il contient cinq singles parmi lesquels le sublime « Who Wants To Live Forever ». Brian May : « A Kind Of Magic n’est pas seulement la bande originale du film, c’est aussi un véritable album de Queen et les titres bénéficient d’arrangements différents pour le film et pour l’album, et il y a également des titres inédits. » Il faut aussi noter que le titre « One Vision », qui ouvre l’album, figure sur la bande originale d’un autre film, Iron Eagle. Tous ces singles font l’objet de vidéos tournées par Russel Mulcahy, ainsi que Rudi Dolezal et Hannes Rosacher, plus connus sous le nom des Torpedo Twins. De l’avant-gardiste « A Kind Of Magic » au religieux « Who Wants To Live Forever », ces clips font le bonheur des chaînes musicales !
La tournée The Magic Tour dépasse toutes les attentes. Cependant, elle n’est qu’européenne, Mercury ne souhaitant pas partir trop longtemps en tournée. En effet, entre deux shows, des disputes éclatent et il laisse entendre que se sera la dernière fois qu’il monte sur les planches. Selon Brian May, « une fois, j’ai entendu Freddie se disputer avec John, disant que tout ceci n’avait plus trop d’importance, car de toute manière, il comptait bien arrêter les tournées. J’en ai eu froid dans le dos, mais je me suis dit que ce n’était qu’un coup de colère, et que tout redeviendrait normal avec un peu de temps. ». Cependant, Queen remplit les stades et grandes salles européennes, et c’est le premier groupe d’importance qui passe le rideau de fer, en allant jouer au Nepstadium de Budapest, en Hongrie. Ce concert est disponible en vidéo.
Le point d’orgue de cette tournée a lieu au Wembley Stadium, où deux soirs d’affilée, Queen joue à guichets fermés. Ces concerts sont immortalisés par le célèbre Live At Wembley, et sont bien sûr suivis d’une after party à la Mercury, fêtes toujours très appréciées. Ian Crichton, le bassiste de Saga, à qui l’on demanda une fois quel était son meilleur souvenir musical, répondit : « Une fête chez Freddie Mercury… »
Personne ne sait alors que c’est hélas la dernière tournée de Queen. Elle s’achève à Knebworth Park, concert non planifié au départ mais ajouté après le succès de Wembley. 120’000 personnes assistent ce soir-là au dernier concert de la Reine, une affluence record en Angleterre pour un concert payant.

En 1987, le groupe se repose et chacun vaque à des projets personnels. C’est ainsi que Roger Taylor, à qui la scène manque, crée The Cross, sort l’album Shove It et part en tournée. John Deacon signe pour la première fois en dehors de Queen un titre, avec le groupe The Immortals, pour le film Biggles, mais ne fera jamais d’album. Brian May, lui, en profite pour s’occuper un peu de sa famille, et commence à composer en vue d’un album solo. Quant à Freddie Mercury, c’est à cette époque qu’il fait la rencontre de Montserrat Caballé. Il compose pour elle le titre d’ouverture des Jeux Olympiques de 1992 en Espagne, « Barcelona ». Mais cela ne suffit pas à la cantatrice, qui lui demande un album entier. C’est un Freddie Mercury hilare qui déclare : « Combien de titres met-on sur un album de rock ? », me demande-t-elle. « Huit ou neuf », dis-je. « Bien, bien… Ecrivez-moi donc neuf chansons, disons pour… demain ! ». Sort ainsi en 1987 Barcelona, un album magnifique où l’on peut se rendre compte de la qualité exceptionnelle de la voix de « la diva du rock ». Chanter aux côtés d’une cantatrice sans avoir l’air ridicule n’est certes pas donné à tout le monde !

En 1989, après un hiatus de trois ans, Queen sort The Miracle qui, comme ses prédécesseurs, contient son lot de tubes planétaires, dont « I Want It All », qui sert de fond sonore à une campagne publicitaire de la marque automobile Seat. Très axé sur la guitare, ce disque présente une nouvelle particularité : tous le titres sont signés Queen, et non plus par un musicien individuellement. Brian May revient sur ce fait : « Nous avons pris une décision très importante concernant ce disque, et peut être aurions-nous dû faire ainsi il y a des années. Nous avons décidé que tous les titres seraient signés par Queen et non de manière individuelle. Cela n’a fait que nous rapprocher davantage ». La véritable raison est en fait bien différente : en cas de disparition de l’un des membres du groupes, cette nouvelle modalité permettrait aux autres musiciens de bénéficier de droits sur l’ensemble des titres. Présage ? C’est en tous cas à cette époque que Mercury confie à ses vieux compagnons le terrible secret qu’il porte en lui depuis quelques années déjà : sa séropositivité. Tout le monde s’accorde alors sur la nécessité de garder le secret, jusqu’au jour où Freddie décidera du contraire.
Cinq vidéos sont tournées pour mettre en avant les singles de l’album, et les fans se montrent enthousiastes, spéculant sur une nouvelle tournée. Or, à la surprise générale, le groupe annonce qu’il ne tournera pas pour promouvoir The Miracle. Surgissent alors les rumeurs sur la santé de Mercury : on le dit très malade. Mais le groupe reste impassible et silencieux.

En 1991, EMI annonce la sortie d’un nouvel album de Queen, Innuendo, enregistré à Montreux où vit désormais Freddie Mercury. Là encore, le public est au rendez-vous, et certains crient même au génie à l’écoute du titre éponyme, sur lequel Steve Howe (Yes) fait une apparition à la guitare flamenco, et que certains qualifient de « Bohemian Rhapsody » des années 1990. Roger Taylor est, lui aussi, dithyrambique à ce propos : « Innuendo est un titre très anglais. Pour moi, c’est la rencontre entre Oscar Wilde et Led Zeppelin ». Le clip illustrant le single est, une fois de plus, un petit bijou : il reprend de nombreux extraits des clips de Queen, et les quatre membres du groupe y sont représentés de manière différente : Freddie Mercury est ainsi croqué à la Léonard de Vinci, Roger Taylor apparaît à la manière de Jackson Pollock, Brian May est représenté par des gravures victoriennes et enfin John Deacon est associé à Picasso. La vidéo de « These Are The Days Of Our Lives », beaucoup plus sobre, est le théâtre de la dernière apparition de la diva Mercury car les fans ne s’y trompent pas : Innuendo est le chant du cygne de Freddie Mercury, qui annonce officiellement le 23 novembre 1991 qu’il est atteint du sida. Il décède le lendemain, des suites d’une broncho-pneumonie déclenchée par cette maladie. De nombreuses célébrités se rendent à ses funérailles : David Bowie, George Michael, Mick Jagger, Elton John, Liza Minelli, Liz Taylor… autant de noms prestigieux pour saluer un grand monsieur du rock.
Ce destin tragique a pour effet inattendu de doper les ventes d’albums, notamment celles du Greatest Hits II, sorti peu de temps avant le décès de Mercury. Dès sa mort, les hommages pleuvent, en provenance du monde entier, et le domicile de Freddie au 1st Logan Place à Londres, devient un lieu de pèlerinage, puisque Mercury n’a pas de tombe, ses cendres étant conservées par sa mère. Les fans du monde entier s’y rendent, afin d’y laisser un message, une bougie ou une rose…

Cependant, May, Taylor et Deacon se disent que la disparition de leur charismatique meneur peut servir à sensibiliser les gens au problème du sida, et annoncent un Freddie Mercury tribute Concert, au cours duquel Queen se produira avec des invités prestigieux, et dont les recettes seront reversées au Mercury Phoenix Trust. Le 20 avril 1992, 72’000 personnes investissent le Wembley Stadium pour un concert en deux parties. La première est consacrée à des groupes qui ont fait le déplacement pour la cause : Metallica, Extreme, Def Leppard, Bob Geldof, Guns’n’Roses, U2 (qui prend part à la fête via satellite en direct de Sacramento en Californie, pendant son Achtung Baby Tour !), et même Spinal Tap, le vrai-faux groupe. Puis Liz Taylor fait un discours sur les dangers du sida, avant de laisser la scène à May, Taylor et Deacon, accompagnés tout au long de la soirée par Roger Daltrey, Elton John, David Bowie, Tony Iommi, Zucchero, Seal, Paul Young ou George Michael. L’émotion est à son comble lorsque ce dernier interprète d’une main de maître « Somebody To Love ». Le message passe et cette soirée est un succès pour la prévention contre le sida.

3. Les années post Mercury

Un an après le Freddie Mercury Tribute, Brian May part en tournée pour promouvoir son album solo Back To The Light. Comme son nom l’indique, cet album est une sorte de libération pour le guitariste, qui « revient à la lumière ». En effet, outre le décès de son ami Freddie, Brian a dû faire face en peu de temps à un divorce, ainsi qu’à la disparition de son père avec qui il était très proche.
Brian part alors en tournée avec un groupe de musiciens prestigieux, dont Neil Murray et feu Cozy Powell (tous deux ex-Black Sabbath). Il se permet même de croiser le manche avec Joe Satriani, Steve Vai, et Nuno Bettencourt lors d’un concert donné dans le cadre de l’Exposition universelle de Séville, puis d’accompagner les Guns n’Roses sur la tournée Use Your Illusion.
Pendant ce temps, Roger Taylor continue sa carrière solo avec The Cross, sans pour autant rencontrer le même succès que son acolyte. Quant à John Deacon, il ne souhaite plus continuer l’aventure sans son compère disparu et décide de goûter à une retraite bien méritée avec son épouse Veronica et leurs six enfants. Encore aujourd’hui, John n’arrive pas à réaliser que le groupe a tenu près de vingt ans en haut de l’affiche.
En 1994, Roger sort son troisième album solo, Happiness, qui reçoit un bon accueil de la part des fans de Queen. Il part ensuite en tournée, essentiellement en Angleterre et en Allemagne.

En 1995, d’insistantes rumeurs font état d’un album composé d’inédits, enregistrés pendant les sessions d’Innuendo. Cette information est finalement confirmée par May et Taylor qui annoncent lors d’une conférence de presse qu’un nouveau disque de Queen, symboliquement titré Made In Heaven, verra le jour à la fin de l’année. Brian May précise que ces titres ont été mis en boîte lors des sessions d’enregistrement d’Innuendo, sous l’impulsion d’un Freddie Mercury de plus en plus affaibli, qui exigeait de ses compères qu’ils le poussent dans ses derniers retranchements.
Dès lors, de nouvelles rumeurs annonçant que Queen pourrait se remettre à tourner en compagnie d’un nouveau vocaliste surgissent, et le nom de George Michael est fréquemment cité. Roger Taylor s’empresse de couper court à la rumeur : d’après lui, « ce serait tout simplement ridicule de continuer à tourner sous le nom de Queen sans Freddie ». Toutefois, May et Taylor multiplient durant cette période les projets parallèles en compagnie d’autres musiciens.

1997 voit la sortie d’un EP contenant un nouveau titre, « No One But You ». John Deacon y joue pour la dernière fois en compagnie de ses compères, laissant pour de bon sa carrière musicale derrière lui, même si cette retraite n’est pas encore officielle à cette époque.
Le morceau apparaît ainsi sur Queen Rocks, une nouvelle compilation pour le moins douteuse sans autre intérêt que la présence de cette nouvelle chanson. Les fans ne sont pas dupes, et les ventes ne décollent pas.
Au même moment, May et Taylor refont parler d’eux en solo avec leurs albums respectifs Another World et Electric Fire. May s’entoure sur son disque d’invités prestigieux comme le batteur Taylor Hawkins (Foo Fighters), ou encore Jeff Beck avec lequel il croise le manche sur « The Guv’nor ». Aux albums succèdent les tournées. Celle de Roger est quasi confidentielle car cantonnée aux Royaume-Uni ; Brian, en revanche, s’offre une tournée européenne. Il passe notamment à la Cigale puis au Réservoir de Paris, pour un concert privé organisé par RTL2.

Les rumeurs concernant l’arrivée d’un remplaçant au poste de chanteur persistent, les noms de Robbie Williams ou de Justin Hawkins de The Darkness revenant le plus fréquemment. Toutes ces rumeurs sont démenties par May et Taylor. Deacon qualifiera même la reprise de « We Are The Champions » par Robbie Williams de rubbish, ne faisant pas honneur à Freddie Mercury.
May et Taylor se plongent alors dans la promotion de la comédie musicale « We Will Rock You », lancée en 2002. L’histoire de celle-ci se passe dans un futur où toutes les formes de musique sont proscrites, sauf celles préécrites et programmées par une compagnie monopolisant le marché. Ce projet divise quelques peu les fans : certains y voient un magnifique hommage, d’autres un moyen de leur soutirer de l’argent… On penchera plutôt pour la première option, le projet étant bien plus intéressant que les nombreux hommages symphoniques ou encore techno inondant le marché.
Malgré tout, ce spectacle est un énorme succès en Angleterre, en Espagne, en Australie et en Russie, où les musiciens jouent pour la toute première fois et où une fête est donnée à l’occasion du lancement de la comédie musicale. Le spectacle sera même joué à Las Vegas. Inutile cependant de dire que le France est encore une fois laissée pour compte…
Malgré les réactions variées qu’elle suscite, cette comédie musicale ne ternit en rien l’image de Queen, qui s’impose de plus en plus comme une pierre angulaire du rock. Et l’histoire du groupe ne s’arrête pas là : les increvables Brian May et Roger Taylor vont repartir en tournée avec le chanteur Paul Rodgers, sous le nom de « Queen + Paul Rodgers ».