Hardscore - Monkey Trial

Sorti le: 28/09/2006

Par Djul

Label: Margen Records / Orkhestra

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Un opéra Rock In Opposition, ça vous dit ? C’est en tout cas ce que propose Hardscore, le groupe–projet du belge Frank Nuyts. Elève de Lucien Goethals et professeur au Conservatoire de Musique de Gand, il a suivi une carrière de compositeur « classique », avant de fonder Hardscore avec Iris de Blaere pour jouer une musique incluant des éléments de modernité tirés de la musique « commerciale » (c’est-à-dire populaire).

C’est dans ce cadre qu’il a composé un certain nombre de « Livres », chapitres de l’histoire musicale de Hardscore, certains parus chez Carbon 7, d’autres sur le label espagnol Margen Records (dont ce sixième « Livre »). Sur ce Monkey Trial, ce ne sont pas moins de vingt-deux titres qui décrivent un univers franchement barré, entrecoupé de petits passages narratifs, faisant irrésistiblement penser à Franck Zappa (les onze « Sounscapes »). Car, à l’image du pingouin du guitariste doux dingue, Frank Nuyts nous conte le destin du singe Buba voulant sauver la terre… un vrai délire, pas toujours évident à suivre et qui « hache » souvent inutilement la trame musicale.

D’un point de vue musical, une première remarque est nécessaire : nous ne sommes pas en présence d’un groupe entièrement instrumental ! La présence de chant (masculin et féminin) est suffisamment rare dans le genre RIO pour être mentionnée ! Les voix sont ainsi assurées par Nuyts mais surtout par la dénommée Maï, dont la voix rappelle un peu une Kate Bush en apesanteur, avec parfois des consonances à la Dagmar Krause (Art Bears et Slapp Happy), en beaucoup moins torturée cependant ! On a même droit à des titres élégants et mélodiques, qui lorgnent franchement vers le Canterbury (« Buba Rebuffed », « Carmine Inspiration »), illustration que le disque reste accessible. L’usage d’un marimba et de quelques cuivres (saxos, en particulier) rappellent ainsi parfois le Gong du milieu des années 70, avec sa touche fusion, même si ces derniers instruments s’emballent par moments dans des embardées à la Zorn sur « Bound for a Braun » (on pense aux passages les plus « calmes » de Naked Garden). La tonalité générale de la musique de Hardscore est très enjouée, avec une trame musicale dynamique (« The Chicken Mambo », ludique dans l’approche vocale des chœurs) et dominée par le piano bavard d’Iris de Blaere et la section rythmique, composée de Maarten Standaert à la basse et Jan de Smet à la batterie.

Monkey Trial est donc un disque peu commun par son approche « hyper expressive », entre comédie musicale et opéra rock. Le fait que les influences RIO et Canterbury ressortent sur l’album n’est donc pas surprenant puisque l’une des ambitions de ces deux écoles est justement de faire de la musique comme les impressionnistes ont pu faire en peinture. On reprochera cependant au disque son aspect un peu monolithique (un soupçon de diversité dans les émotions n’aurait pas été superflue) et on aurait préféré voir Hardscore brouiller les cartes, comme le fait si brillamment Birdsongs of the Mesozoic.