Bolt - Movement and Detail

Sorti le: 06/09/2006

Par Djul

Label: 10t Records

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Parmi les premiers artistes signés sur le nouveau label américain 10T Records, Bolt est un trio (quasi) instrumental qui ne rentre certainement pas dans la même catégorie que ses petits camarades de maison de disques. En effet, on peut, avec un peu d’approximation, considérer que Man on Fire et Little Atlas font partie de la vague du progressif américain, par leur musique énergique et efficace très portée sur les mélodies, le qualificatif de « progressif » valant plus par le souci du détail et la technique que par l’approche. Bolt en est le contre-exemple parfait.

Evoluant dans un registre à part, on pourrait comparer l’approche de Bolt à celle des Projekts de King Crimson, à la différence près que la composition prend le pas sur l’improvisation dans le cas du premier. La musique de Bolt est donc a priori assez écrite et plus axée sur des thèmes déjà construits, même si l’on retrouve la trame instrumentale complexe, le goût pour la distorsion et les mélodies entremêlées chers aux projets alternatifs mis en place par Robert Fripp (l’introductif « The Devil’s Paintbrush » ou le bien-nommé « Variables » sont des hommages à Discipline, portés par la guitare de W. Heyward Sims). Autre point commun, et nous n’en citerons plus, l’art de la répétition à but hypnotique : à la manière de Zombi, prometteur duo basse-batterie employant des claviers analogiques (leur Surface To Air sorti cet année est à découvrir), Bolt se plaît à développer des boucles électriques et/ou électroniques. Le résultat est un Movement and Detail plaisant et varié, auquel manque encore un poil de maturité.

Car on passe parfois du coq à l’âne sur ce disque : entre « faux metal 80’s » à la Coheed and Cambria se transformant en Alan Parsons Project à six cordes (« Stryker »), en passant par du Rush version électro (« Anaphase », avec la ligne de basse trépidante de Geoff Maxey) ou de l’industriel arabisant, on a bien du mal à se situer. Mais il est vrai que c’est aussi ce qui fait le charme de Movement and Detail, en particulier cette tentative de mêler musique électrique et électronique dans une approche progressive, une démarche inédite s’illustrant par exemple sur le bouillant « Vendetta ». Reste que l’inspiration n’est hélas pas toujours au rendez-vous, avec des titres assez faibles (rock américain un peu insipide sur « Solar », première partie bancale de « Kick »…) sur lesquels les mélodies, essentielles pour un disque instrumental non axé sur la technique, ne sont pas suffisamment travaillées.

Malgré une formule originale, ce second album laisse donc une légère impression d’inachevé, dans l’aspect parfois « démonstration gratuite » et « catalogue » du disque, et du fait d’un petit manque de personnalité. Le mouvement math rock, très en vogue en ce moment outre-atlantique, ne manquera pas de voir en Bolt une des révélations 2006. Pour notre part, nous attendrons le prochain essai, qu’on espère encore un peu plus fou et travaillé au niveau des mélodies, pour adopter définitivement un groupe dont les débuts sont « seulement » très prometteurs.