Solstice Coil - A Prescription for Paper Cuts

Sorti le: 16/08/2006

Par Djul

Label: Autoproduction

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C’est en apprenant la participation de cette jeune formation au festival Progrésiste, organisé par notre confrère papier belge, que nous nous sommes penchés un peu plus sur Solstice Coil. Après les turbulents Sympozion, toujours en écoute dans nos pages (oui, c’est possible!), Israël nous offre un second talent local en matière de progressif, dans un genre sans doute plus accessible. Car les compères de Shir Deutch, au chant, évoluent dans un style bien personnel mais toujours mélodique, entre Van Der Graaf Generator et… Jeff Buckley!

On pourra s’étonner d’un rapprochement à première vue incongru, mais c’est à la fois une réalité, grâce à la voix polymorphe de Deutch, et l’une des grandes forces de Solstice Coil, à savoir une capacité à brouiller les pistes musicales. On ne sait en effet pas souvent sur quel pied danser avec A Prescription for Paper Cuts, sensation d’autant plus étonnante que l’on parle de la première œuvre d’une formation composée de jeunes musiciens (moyenne d’âge sous les 25 ans). Sur le premier titre, « Photosensitivity », on note immédiatement cette schizophrénie musicale qui renvoie tout autant aux guitares déstructurées de King Crimson et au sax de VDGG qu’aux envolées lyriques du compositeur de Grace! Idem sur le pavé du disque, le long « Selling Smoke », doté d’un final en canon, ponctué d’un solo de guitare furieux dont on ne sait plus s’il est rock ou prog! Les arrangements sont réussis et complexes (la deuxième partie d’« Enjoy The Ride », presque RIO dans l’approche), et viennent encore renforcer le professionnalisme de l’ensemble. Les climats, comme la musique, sont changeants: on passe de ballades tristes à des parties beaucoup plus dures, voire lourdes, tandis que le groupe ne tombe jamais dans la démonstration. Vocalement, Deutch rappelle lui aussi Buckley, mais dans un genre plus maniéré, à la Andre Matos (Angra), qui peut lasser. C’est d’ailleurs seulement sur « Deep Child » que le chanteur contrôle sa voix sans heurts tout du long et Solstice Coil, étant conscient des possibilités actuelles de son vocaliste, l’a opportunément choisi comme « single » du disque!

Avec ce premier album, Solstice Coil dévoile une fusion encore inachevée mais dont le but est très ambitieux: assembler à sa façon le rock indépendant des Radiohead et des Muse avec la musique progressive la plus traditionnelle. Un exercice de style périlleux, qui rappelle, dans un tout autre genre, celui auquel s’essayait un certain Opeth il y a quelques années, en jouant avec les frontières du death metal et du rock progressif. On sait aujourd’hui combien fut fructueuse la démarche des suédois, et on est en droit d’attendre tout autant des jeunes israéliens. Pour y arriver, reste à concocter des transitions plus habiles entre chaque passage, pour donner à l’ensemble une connotation plus fluide et naturelle, et à faire varier les tonalités vocales de Shir Deutch.

Rendez-vous en octobre/novembre pour constater de visu ces impressions très positives, au festival Progrésiste mais aussi en France, au Relais de la Côte de Beauté (à confirmer cependant, compte tenu des évènements dramatiques en cours au Moyen-Orient)! Terminons par la surprise du chef, maintenant que nous avons peut être attisé votre appétit musical: ce disque est entièrement téléchargeable sur le site du groupe depuis le mois de juillet!! Pour se faire, il suffit de suivre le lien ci-dessous, et de promouvoir le groupe si vous l’appréciez, l’unique contrepartie de cette généreuse initiative.