Ahleuchatistas - On the Culture Industry

Sorti le: 02/08/2006

Par Aleksandr Lézy

Label: Angura Sound

Site:

On the Culture Industry, premier album de ce power-trio (guitare, basse, batterie) américain nommé bizarrement Ahleuchatistas apparaît de prime abord, grâce à sa pochette d’une grande beauté décadente et morbide, comme un disque à écouter par curiosité. Peu d’informations sont disponibles sur cette formation, qui, au vu du titre de l’album et des morceaux, serait en quelque sorte contestataire. On the Culture Industry, fruit de la pensée du philosophe Adorno stipulant que l’industrie de la culture existe pour renforcer l’éthos capitaliste, se pose comme étant la base de ce disque. Il se cache quelque chose derrière son nom à coup sûr !

Totalement instrumentale, la musique d’Ahleuchatistas est avant tout rock. Alors punk rock, math rock, rock prog … ? Tout cela à la fois dans une énergie folle. Expressionniste et déconstruite, la musique du groupe est complexe dans ses embardées à la Ruins. Pourtant, on sent une légère retenue dans l’ensemble du disque, pour ne pas aller trop loin dans cette démarche tout à fait originale.
Alors, on cherche, on tâtonne dans des rythmes parfois planants, parfois énervés et lourds, on garde un quelque chose d’harmonique, tantôt mélodique grâce à une guitare amoureuse des cycles à la Robert Fripp. On sent le groupe à ce premier stade discographique dans une phase de recherche introspective mais aussi et surtout intellectuelle. C’est très pensé, très calculé, peut-être encore un peu froid et synthétique.

Mais attention, les membres d’Ahleuchatistas ne sont qu’au début d’un chemin qui laisse présager beaucoup. Tout en voulant s’approcher d’un mouvement en opposition avec des critères pré-établis, le groupe, encore dans ses prémices, se sent encore obligé de garder quelques conventions. Il joue bien, crispé parfois par tant de difficultés et de bruitisme consensuel, cependant ce n’est pour le moment qu’une figure de style .

Cinquante-quatre minutes d’une musique assez passionnante du fait des mystérieuses ambiances qui y sont créées par trois seuls instruments. On se cherche un peu par moments mais une maturité se dégage de ces compositions originales et savantes.