O.S.I. - Free

Sorti le: 02/05/2006

Par Julien Damotte

Label: InsideOut Music

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Trois années après le très réussi Office of Strategic Influence , le supergroupe formé par Jim Matheos (Fates Warning) et Kevin Moore (Chroma Key, ex-Dream Theater), épaulés encore une fois par Mike Portnoy (Dream Theater), revient avec Free .

En 2003, le premier album avait défrayé la chronique et partagé les esprits tant le style était surprenant. Force est de constater qu’avec ce deuxième album, l’effet de surprise a disparu puisque les américains appliquent quasiment la même recette : la voix très monocorde et trafiquée de Kevin Moore vient se poser sur un fond de metal prog atmosphérique aux accents electro. Par conséquent, il est fort probable que les réactions épidermiques de certains soient les mêmes que pour le premier album, et qu’au contraire ceux qui avaient aimé le projet soient toujours autant séduits par ce style si particulier.

Il serait pourtant faux de dire que cet album manque d’intérêt puisque le style d’O.S.I. a évolué et dans le bon sens ! Les guitares saturées sont davantage mises en avant et donnent à cet album un côté un peu plus metal et plus dynamique. Tout ce qui manquait au premier album, diront certains! Il n’y a qu’à écouter les riffs incisifs de « Sure You Will », « Free », « All Gone Now », « Better » ou encore la montée en puissance au beau milieu de « Bigger Wave », titre phare de cet album. De toute évidence, Jim Matheos a voulu muscler le style de ce deuxième album et sa patte semble omniprésente. Le résultat est plus probant que sur le premier album dans le sens où Free est beaucoup plus rythmé.

Quant au phénomène Kevin Moore, il a encore fait des siennes au niveau de la production et des arrangements. Avec Free , il affine son travail de producteur et franchit encore un pas dans l’expérimentation (même si le mélange entre metal et musique synthétique semble plus équilibré). Les ambiances qu’il parvient à créer sont dépaysantes pour le commun des mortels, comme sur les technoïdes « Kicking » et « Once », où sa griffe est totalement reconnaissable. Cependant, cet album ressemble plus à un véritable travail de groupe qu’à un album solo du claviériste. Des titres comme « Better » et « All Gone Now », par exemple, n’auraient pas dépareillé sur un album de Fates Warning. Les deux cerveaux de ce projet se sont sûrement répartis les tâches plus équitablement que sur le premier album. Quant à Mike Portnoy, son rôle semble avoir été aussi minime que sur Office of Strategic Influence au niveau de la composition, même si sa frappe donne encore une fois un côté plus humain à l’album. Il serait intéressant de voir, sur un éventuel troisième album, ce que donnerait O.S.I. si le leader de Dream Theater intervenait plus dans la composition.

Côté déceptions prévisibles, on peut une nouvelle fois déplorer la voix toujours aussi volontairement monotone et robotisée de Kevin Moore à laquelle il faudra s’habituer tant bien que mal pour apprécier ce disque. En effet, ce dernier, instigateur du projet, a une nouvelle fois tenu à assurer le chant, au grand dam de ceux qui espéraient un changement de ce côté-là. Pourtant, si la technique vocale déployée est plus que rudimentaire, il est indéniable que sa voix contribue énormément à l’identité de ce projet. En outre, les mélodies vocales semblent avoir été un peu plus travaillées cette fois-ci comme sur « Go » ou « Better » et l’ensemble paraît un tantinet moins froid que sur Office of Strategic Influence, comme sur « Once », titre presque enjoué, ou sur le titre acoustique « Our Town ».

Cette brochette de superstars aurait pu se contenter de proposer un réchauffé du premier album, mais au contraire, ils livrent là un album plus varié et plus mature qui pourrait bien réconcilier les derniers réticents avec la musique si spéciale d’O.S.I. Il faudra pour cela, comme pour le premier album, prévoir plusieurs écoutes avant d’apprécier toutes les subtilités de cet album et de se faire une opinion définitive.