S.U.P - Imago

Sorti le: 22/01/2006

Par Djul

Label: Holy Records

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S.U.P. ou les éternels incompris. Débutant leur carrière sous le nom de Supuration, les Français, emmenés par les frères Loez, faisaient du néo-metal en 1992, avec leur death metal bizarrement lent et aux guitares trop graves. Puis, entre 1995 et 1997, le groupe, devenu S.U.P. (pour Spherical Unit Provided) combine son metal avec des ambiances new wave, sacrilège ultime en pleine période post grunge. Et pourtant, les « tendances » musicales ont donné raison à SUP et prouvé la modernité de ce dernier, toujours en avance d’environ 3-4 ans sur son temps. Une avance qui lui a coûté en partie son succès, même s’il reste l’un des groupes de l’Hexagone ayant la côte la plus élevée en dehors de nos frontières.

Après quelques pérégrinations sous son ancien et peu amène nom (pour la ressortie de 90-92, Incubation et The Cube), S.U.P. revient pour donner une suite à Angelus, son petit dernier, un peu en deçà des œuvres précédentes.

Friand de concepts depuis ses débuts, SUP ne déroge pas à la règle et propose une histoire futuriste, dans une société où la jeune génération est sous l’emprise d’une drogue, la « Chrysalide ». S’ensuit quelques tourments psychologiques des plus désagréables, l’occasion de faire des constats désabusés sur la vie moderne. Un concept tout à fait dans l’esprit désincarné et sombre du groupe.

Musicalement, c’est avec plaisir que l’on retrouve une musique plus déliée, plus aérienne que celle d’Angelus. Certes, les voix death sont encore présentes, mais mixées en retrait, presque comme une troisième guitare saturée en fond sonore. Notons néanmoins que quelques titres (« Nothing I Control », « Insect Drug ») font la part belle à ce type de « vocalises » qui rebuteront certains. Pour le reste, ce n’est que voix angéliques et hauts perchées, presque à la Tears for Fears, dont S.U.P. avait repris l’hymne « Shout », ou à la Depeche Mode. D’un point de vue instrumental, les guitares ultra-lourdes s’entremêlent avec des petits riffs mélodiques ou stridents, la marque de fabrique du groupe: « Desolation » est un bonheur de riffs efficaces et de rythmiques carrées. Petite nouveauté dans le son S.U.P., l’apport des claviers qui viennent magnifier les titres de fort belle manière, comme sur « Hybrid State », un des meilleurs morceaux composés par les Français. On retrouve ainsi des sonorités de cordes (« Apprehension »), voire des mélodies déstructurées au piano en contrepoint à la lourdeur des guitares (« Sublimation »). Le morceau titre clôture l’album de la plus superbe et mélodramatiques des manières, et constitue l’un des rares instrumentaux composés par le groupe.

Dans la veine de Room 7 avec des tempos plus lents et d’Anomaly dans un genre moins mélodique, Imago n’est pourtant pas le disque phare de la discographie de S.U.P., la faute à un petit manque de mélodies et refrains immédiats et à une approche un peu trop unidirectionnelle de sa musique (« The Deformed Army » est par exemple trop redondante). Néanmoins, il figure de belle manière dans celle-ci, annonçant un retour en forme des français qui, on l’espère, dépasseront un jour le maître étalon de leur art, le sublime et glacial Anomaly.