Sympozion - Kundabuffer

Sorti le: 19/01/2006

Par Djul

Label: Thousand Records

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Quelle belle découverte que ce Kundabuffer ! Premier album du groupe israélien Sympozion, il s’impose comme une véritable déclaration d’intention dans le monde pourtant embouteillé du RIO et du jazz rock contemporain. Et ces jeunes de 22 à 25 ans ont des choses à dire, ou plutôt à jouer, une simple écoute des huit titres de leur premier essai suffira à en convaincre plus d’un !

Couvé par Udi Koomran, déjà derrière l’autre révélation d’Israel, Ahvak, et grand ami de Dave Kerman (5 UU’s et U Totem), Sympozion est né en 2000 et travaille sur ce disque depuis 2003. Chez eux, à Tel Aviv, Arik Hayat (claviers) et Elad Abraham (guitares) ont principalement composé les titres de celui-ci, les autres membres du groupe les ayant rejoints au fur et à mesure. Trois ans après, le résultat arrive entre nos oreilles et ces efforts n’auront pas été vains : l’attention portée à la composition et à l’interprétation de ces titres majoritairement instrumentaux est, le mot n’est pas trop fort, stupéfiante.

« Patterns », au nom prédestiné, est à lui seul une carte de visite de choix : à mi-chemin entre du jazz rock Canterbury et du Rock In Opposition joyeux, les unissons de Hayat et Abraham font mouche. Quelques instruments à vents enluminent la musique à la fois coulante et syncopée du groupe, aidé par Ilan Salem à la flûte. Les références tantôt jazz rock à la Weather Report, tantôt art rock s’entremêlent avec bonheur et sans temps mort. Et si la technique individuelle est impressionnante, c’est surtout la cohésion et la fluidité de l’ensemble qui est à applaudir. Le lecteur averti l’aura compris : point d’abstraction ou de délires propres aux musiques développées par Dave Kerman. Ici, tout est mélodie, harmonie et finesse.

Il faut ainsi attendre « Grapefuit » pour déceler les premiers accents réellement RIO de la musique de Sympozion, avec des tempos plus lents, et une ambiance plus mystérieuse, voire plus sombre, à la manière d’Univers Zero. Arik Hayat s’autorise deux morceaux chantés en langue maternelle (« Bird » et « Zona »), avec une voix presque naïve qui rappelle les climats dépeints par Richard Sinclair dans Hatfield & The North. Si l’ensemble passe plutôt bien, on sent cependant que l’on a affaire à des musiciens qui s’expriment avant tout à travers leurs instruments et que le groupe est moins à son aise au soutien d’une voix, comme bridé par la peur de la couvrir. Le dernier titre commence à la manière d’une berceuse avant de s’emballer pour devenir une improvisation barrée sur dix minutes, entre une guitare fusion bavarde (Abraham brode comme jamais) et une basse slappée par Dan Carpman.

Sur Kundabuffer, Sympozion démontre qu’il maîtrise déjà un style, le sien, et ce n’est pas rien vu l’âge de ces membres. A noter cependant que Elad Abraham a quitté le groupe en cours d’enregistrement : gageons que ce départ ne sera pas préjudiciable à ce groupe dont le potentiel est important. Par ailleurs, à la lecture des références musicales des musiciens (de Zorn au label Ninja Tune), l’homogénéité de Kundabuffer, hypnotisante mais peut-être lassante pour certains, pourrait laisser place à une musique plus variée dans un futur qu’on espère proche.