Talisma - Chromium

Sorti le: 22/12/2005

Par Jean-Philippe Haas

Label: Unicorn Digital

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Talisma fait partie des groupes entièrement instrumentaux chers au label canadien Unicorn Records. Depuis une petite dizaine d’années, celui-ci fait entendre sa voix dans le microcosme du rock progressif en signant des artistes certes canadiens mais aussi américains, français et quelques autres, dont certains déjà chroniqués dans nos colonnes. Chromium, second album du bassiste/claviériste/cerveau Donald Fleurent, du batteur Mark Di Claudio et du guitariste Martin Vanier fait suite à Corpus, coup d’essai datant de 2003 qui évoluait dans un style balbutiant entre jazz-rock, rock progressif et musique classique.

Comme souvent dans les formations instrumentales, les musiciens sont parfaitement à la hauteur du style qu’ils ont choisi de pratiquer. Donald Fleurent squatte les avant-postes avec sa basse virtuose et groovy proche de celle de Michael Manring. C’est également lui qui assure les claviers qui enrobent les compositions de leurs nappes aériennes. Si l’on rajoute à cela une rythmique sans faille et une guitare qui alterne régulièrement parties électriques et acoustiques, on obtient un groupe solide et efficace à défaut d’être prodigieusement original.

La sphère d’évolution de Talisma est immédiatement identifiable : on pense à leurs compagnons de label Parallel Mind (cf notre chronique), à Niacin, ou encore au trio Steven/McGill/Manring, voire, ici ou là, à Planet X et Gordian Knot. Il n’est pas étonnant dès lors de trouver sur Chromium une bonne dose de jazz-rock («Hindi», «Dementia», «Chromium») mâtiné de parties énervées («Leviosa», «Qwhat», «Nuclide») ou atmosphériques («Nébuleuse», «Cumulus»). Une variété qui empêche l’album de sombrer dans l’exercice soporifique. La mélodie tient toujours le rôle central dans les compositions et la futile démonstration technique récurrente dans de nombreux projets similaires n’est guère de mise ici.

Comme la plupart des albums instrumentaux proposés par le label, Chromium s’écoute avec plaisir d’autant que la durée des titres n’est pas rébarbative. Cela ne fait pas émerger Talisma de la masse des artistes aux qualités et influences identiques et il faudra sans doute beaucoup plus d’audace au trio pour prétendre s’en affranchir. Néanmoins, on peut être raisonnablement optimiste sur l’avenir de cette formation qui évolue rapidement depuis son premier album.