Forgas Band Phenomena - Soleil 12

Sorti le: 26/11/2005

Par Djul

Label: Cuneiform Records / Orkhestra

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Connu des amateurs du genre Canterbury depuis la fin des années 1970 et auteur d’un premier album, Cocktail (avec des membres de Magma et Zao), Patrick Forgas, batteur de son état, est l’un des seuls représentants de ce style « so british » en France. Après une longue accalmie discographique (en solo tout du moins), Forgas revient dans les années 1990 avec quatre disques, dont Roue Libre (1997) et Extra-Lucide (1999), sous le nom de Forgas Band Phenomena.

C’est en 2004 que le groupe réapparaît avec de nouveaux musiciens (soit huit au total), pour une date au Festival Les Tritonales, en compagnie des turbulents Syrinx et au cours de laquelle il joua un nouveau et long titre « Coup de Théâtre ». A l’aise dans cette salle, le FBP proposa donc un nouveau concert le 15 mars dernier, que l’on retrouve gravé ici. Au final, trois titres inédits furent joués (« Coup de Théâtre », « Soleil 12 » et « Eclipse ») et, au vu de leur longueur, c’est en réalité près d’une heure de musique inédite qui figure sur ce disque. La base de travail de deux de ces nouveaux morceaux est constituée de compositions initialement prévues pour le successeur de Cocktail, qui ne vit jamais le jour.

C’est avec plaisir que l’on écoute le groupe de Forgas délivrer une musique souvent joyeuse, technique et inspirée, dans ce genre aujourd’hui quasi-abandonné qu’est le Canterbury. « Soleil 12 » rappelle les mélodies veloutées de Hatfield & The North, tandis que les claviers analogiques d’Igor Brover sonnent très Soft Machine et que le jeu de Sylvain Ducloux est proche de celui d’Holdsworth période Gong. La pièce de résistance est bien entendu « Coup de Théâtre » et ses trente-cinq minutes qui ne risquent pas de lasser, tant les multiples tiroirs qu’il ouvre et referme recèlent de petites trouvailles musicales en tous genres, avec en particulier un passage central porté par la basse de Kenzo Mochizuki, et les sax de Stanislas de Nussac et Denis Guivarc’h (déjà présent sur Extra-Lucide), renvoyant la balle à la trompette de Sylvain Gontard. Sur cette musique vive et rafraîchissante que les guitares et le violon enrichissent de quelques enluminures mélodiques, c’est bien la rythmique surexcitée et les cuivres qui se taillent la part du lion.

Ce disque s’impose donc comme le meilleur FBP grâce à la qualité de l’ensemble, d’autant – et c’est assez rare pour être souligné – qu’il s’agit d’un album live. Forgas, aidé par Jacques « Monsieur Triton » Vivante, a réalisé une production très propre et claire, et le son est incontestablement meilleur que celui des deux précédentes livraisons studio. De même, le contexte d’un concert s’accorde très bien avec l’inventivité du jazz-rock et ses pérégrinations instrumentales de haute volée. Bien jouée et composée, la musique du groupe impose le respect et saura trouver son public, bien trop sevré en sorties de qualité depuis… trente ans !