Pierre Vervloesem - Rude

Sorti le: 15/08/2005

Par Djul

Label: Carbon 7 / Orkhestra

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Faire un disque méchant et hargneux : tel était sans doute l’objectif de Pierre Vervloesem lorsqu’il décida de composer les quatorze titres de ce Rude irrévérencieux. Soixante-neuf minutes totalement instrumentales et saturées qui ne laissent aucun répit à l’auditeur. Aidé de trois comparses, dont le facétieux Peter Vandenberghe d’Univers Zero aux claviers (qui co-signe trois compositions), le Belge ne propose rien moins que « son » Red !

Riffs agressifs et tendus, à la limite du progressif pour la complexité des accords et une rythmique foisonnante, et du metal pour un son massif et un rendu proche d’un John Mac Laughlin ayant adopté le son de Pantera (!) : on pense souvent à ce Red de référence à l’écoute de Rude. Certes, le propos est ici moins porté sur l’émotion, mais l’énergie est similaire dès « Disquiet », véritable résumé du disque. Les titres longs méritent également d’être cités, comme « Greener » et ses influences jazz (improvisation sur sa partie centrale et claviers élégants) et progressives (le thème mélodique repris tout du long), ou le sombre « 11, rue Wéry », presque free-jazz dans l’esprit. On retrouve bien entendu l’aveu du « Crim » sur ce qui semble être la coda de « Add God To Your Misery », rappelant VrOOm ; mais on évoque aussi l’émo-core sur « Pee Detector ».

Quelques surprises viennent alléger l’ensemble, comme ce titre typiquement zornien qu’est « N’ Roll », aux accents rockabilly que l’on retrouve dans certains morceaux de Naked City ou l’amusant « Tubular Belge » et ses cloches timbrées !

Enregistré en deux (!!) jours, à l’arrachée, le disque est pourtant doté d’une production tout à fait convenable – ce qui n’est guère étonnant, le bonhomme étant autant producteur que guitariste – avec une mention particulière, outre le son distordu du principal intéressé, au son sec et martial du batteur Renaud Van Hooland. Les seuls reproches que l’on pourrait faire concernent des titres à l’intérêt plus discutable comme le ‘dub metal’ « Experimental Dentition ».

A l’image de son impressionnante pochette, Rude est un album sombre et imprévisible, qui joue sur les symboles et les références pour développer un ensemble original et mystérieux. L’aspect monolithique et sans concession du résultat n’en fait en revanche pas un disque à mettre entre toutes les oreilles et nécessite une certaine tolérance à la distorsion, pour retirer toute la substance de cette agression sonore en règle.