Steve Howe - Spectrum

Sorti le: 01/07/2005

Par Justin Poolers

Label: InsideOut Music

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Steve Howe et quasiment tous les membres successifs de Yes ont su, ensemble et à travers les décennies, trouver une alchimie particulière et personnelle : un petit plus magique qui fait les groupes de légende. Et la preuve flagrante que cette magie n’est l’œuvre que du facteur « bon endroit, bon moment, bonnes personnes » est que pris séparément, ces gars là n’ont jamais pu atteindre le niveau de l’ensemble. Et pourtant, après cent albums de Wakeman, vingt de Howe ou d’Anderson, et la multitude de projets parallèles sortis depuis 1975, on ne peut pas dire qu’ils n’ont pas essayé !

Spectrum, dernier projet solo en date du guitariste, possède au moins un atout : il est totalement instrumental. Non que la musique sans parole soit le nec plus ultra en matière de progressif, mais le bonhomme ne possédant ni la technique ni le timbre adéquat, il est peut-être plus judicieux que sa voix ne reste utilisée qu’en backing vocals. Le guitariste, apprécié pour son jeu très personnel tout autour de la planète, n’a plus l’ambition de révolutionner la musique, du moins dans ses projets solo. Le contenu du disque reste donc assez consensuel, et l’homme étale ses acquis sans surprise tout au long de quinze morceaux assez courts. Très variés, les instrumentaux s’enchaînent agréablement, rappelant souvent les ambiances yessiennes, et toute la panoplie du musicien y passe : guitares électriques, acoustiques, sons vintage ou plus modernes, et ce en finger picking, en arpège, du violoning au solo rapide. Mais a-t-on besoin, en tant que musicien, de se prouver encore des choses quand la soixantaine est là ? Steve s’est fait plaisir avant tout, sans doute en espérant faire aussi plaisir à son public.

Mis à part quelques thèmes clichés, voire ridicules, Steve Howe tire assez bien son épingle du jeu avec ce Spectrum. Au fil des écoutes, l’agréable sensation d’être en terrain connu prime sur l’ennui, et certaines parties musicales se révèlent même d’une grande beauté. Le problème, s’il faut en trouver un, reste la longueur. Dix voire quinze minutes de moins auraient allégé le plateau et permis une meilleure digestion. Notons au passage la grande qualité d’interprétation de ses deux fils à la batterie et aux claviers, épaulés par Oliver Wakeman et Tony Levin à la basse.

Encore une production de la famille Yes donc, à prendre pour ce qu’elle est : un amuse-gueule en attendant le prochain album des géants unifiés. Pas mauvais, agréable, mais sûrement peu à la hauteur en comparaison des jeunes requins officiant dans la même discipline. A conseiller aux admirateurs du guitariste surtout.